Un chapitre qui stagne un peu mais Rafa va pas passer l'éponge comme ça
Et puis j'ai essayé de prendre en compte vos remarques.
Chap 5.Roger n'avait pas osé reparaître devant Rafael après leur dernière altercation. Il revoyait sans cesse son regard triste et blessé et se sentait affreusement minable. Sa seule consolation était de ne plus l'avoir aperçu une seule fois en compagnie de Novak... mais cela ne le tranquillisait en rien. Il avait pensé mille fois s'excuser, mais la phrase du serbe tournait sans cesse dans sa tête et l'en empêchait:
Tu as perdu le droit de t'interposer, Rogelio, tu as fait tes choix.Ses choix. Mirka. Ses filles. Il se demandait s'il était prêt à faire marche arrière pour voir briller les yeux insouciants de Rafael rien que pour lui ? Oh oui... Oui, cela ne faisait aucun doute.
Parce que la vie sans lui faisait trop mal. Mais après son comportement inqualifiable envers lui, y avait-il la moindre chance ? D'ailleurs, y'en avait-il vraiment eu une avant ?
C'est à cela qu'il pensait en le regardant jouer sur le court central contre un joueur de seconde catégorie contre qui il avait déjà perdu un set. Cela faisait longtemps d'ailleurs que le suisse n'avait pas vu son rival aussi nerveux sur un terrain. L'enjeu était-il donc si grand pour Rafael? Devait-il prouver à ce point qu'il était aussi fort qu'avant ses sept mois d'arrêt?
Il gagna au final. Mais Roger remarqua qu'il boitait légèrement à sa sortie du court. L'inquiétude l'emporta sur son appréhension et il alla à sa rencontre. Lorsque Rafael sortit de la douche et qu'il aperçut le suisse assis sur un banc qui l'attendait manifestement, il eut un léger mouvement de recul.
- Roger ? lâcha-t-il avec une certaine froideur.
- Je... voulais juste te féliciter et savoir si ça allait... répondit l'autre homme d'une voix douce.
- ...
- Ton genou... j'ai vu que...
- ça va, ça va, je te remercie.
Son ton avait été un peu brusque et il s'en voulut un peu, il avait perçu le regard du maestro qui s'était assombri légèrement. Pour atténuer la dureté de ses paroles, il prit place à côté de lui et fixa un point inexistant dans la pièce, pour finalement murmurer :
- Je ne fais plus d'infiltrations alors parfois, ça me fait mal mais les médecins sont plutôt optimistes et je sais composer avec ça.
Roger le dévisagea discrètement alors qu'il disait ces mots, il savait combien Rafael répugnait à parler de lui et de sa santé. Le majorquin paraissait perdu dans des souvenirs douloureux, le regard profond. Ses cheveux mouillés humidifiaient ses joues et lui donnaient un air tragique qui lui conférait un charisme qui différait de l'air enfantin qu'il avait parfois. Le suisse déglutit devant cette vision magnifique qui faisait accélérer son rythme cardiaque. Puis Rafael lui offrit son sourire timide avant de se lever pour quitter les lieux.
- Rafa...
L'espagnol s'arrêta sur le pas de la porte.
- Je suis tellement désolé pour la dernière fois.
Rafael soupira et sa main se crispa légèrement sur la poignée.
- C'est oublié.
- Non, je... je voudrais t'expliquer.
Le regard doux du plus jeune se voila légèrement, retrouvant un éclat plus métallique. Il ne se retourna pas cette fois-ci lorsqu'il répondit juste :
- Il n'y a rien à expliquer, Roger, j'ai parfaitement compris.
Le timbre de sa voix était loin d'être aussi glacial qu'il l'aurait sans doute voulu, teinté d'une émotion contenue et fragile et le champion suisse comprit qu'il faudrait plus qu'un simple "pardon" pour effacer le mal que ses paroles avait causé. Il fixait à présent la porte par laquelle le majorquin était parti, l'air hagard lorsqu'il entendit le rire mi-compatissant, mi-moqueur de Novak derrière lui.
- De l'eau dans le gaz avec ton hidalgo, Rogelio, plaisanta le serbe.
- Je n'ai pas envie de rire, répondit le suisse plutôt tenté d'étrangler l'intrus.
- Tu prends toujours tout trop au sérieux.
- Pour moi, Rafael n'est pas un jeu...
Novak cessa de sourire et lui posa une main sur l'épaule.
- Si c'était vrai, Roger, tu ne jouerais pas sur deux tableaux.
- Comment ça ?
- Ne sois pas idiot. Tous tes beaux discours devant les médias comme quoi dans la vie tu as d'autres priorités que le tennis, ta femme, tes enfants... Enfin, Rafa a entendu tout ça comme moi, que veux-tu lui promettre ? On ne peut pas gagner sur tous les terrains, tu devrais le savoir...
- Tu peux parler! Avec ta Jelena..., contesta le suisse sans beaucoup de conviction.
- Mais moi, Roger, je veux juste passer un peu de bon temps avec lui, je ne lui demande pas sa main...
Il en profita pour reprendre son air bon enfant et, probablement pour dédramatiser la situation, il offrit un clin d'œil joyeux à son rival avec un :
- En plus, tu me donnes une bonne occasion de le consoler !
Au regard noir que lui renvoya l'helvète, il comprit que le ton n'était décidément pas à la plaisanterie. Il s'en alla raquette à la main expédier son prochain match avec un air confiant.
A suivre...Plu qu'un chapitre et un épilogue normalement...