Et voici le second chapitre, un peu plus léger.
chap 2
Novak adressa un de ses légendaires sourires mi-condescendants, mi-aguicheurs au kiné de Rafael le congédiant poliment par un "Je prends la relève" qui eut également le mérite de sortir l'espagnol de sa méditation.
- Euh Novak... commença l'intéressé plutôt surpris. - Laisse faire Rafa, je suis trèèès habile de mes mains.
Sans laisser le temps à l'espagnol de contester ou d'apprécier le caractère un peu ambigu de la formulation, le numéro un mondial appliqua ses longs doigts fins directement sur le bas du dos de son rival - en boxer- avec une assurance au moins égale à celle qu'il pouvait montrer sur un court de tennis. Le majorquin sursauta presque à ce contact et rougit légèrement, pas franchement à l'aise.
Le serbe imprima à ses gestes un rythme plus doux, avec des mouvements circulaires au creux de ses hanches si délicats que cela prenait des allures de caresses pour n'importe quel observateur, comme pour le principal intéressé.
- Tu as vraiment un corps magnifique, déclara le nouveau masseur avec un large sourire vers son patient. - Euh... merci... mais... - Tu devrais en prendre soin et apprendre à lâcher prise...
Inutile de dire que les mots n'arrangeaient rien aux gestes et que l'espagnol commençait à prendre un teint vraiment pivoine. Il semblait chercher à tout prix un moyen élégant de s'enfuir à l'autre bout du vestiaire sans vexer son adversaire et priait secrètement pour qu'un miracle le sorte de cette situation gênante. C'est alors qu'il sentit les doigts délicats du Djoker se poser franchement sur ses fesses et entamer des effleurements plutôt équivoques.
- Nole ! - Quoi, tu n'aimes pas ? - Je... arrête ça tout de suite !
Il avait senti que son anatomie commençait à réagir de manière inappropriée et n'avait pas réellement maitrisé la note de panique qu'il avait mis dans cette dernière supplique. Le serbe s'exécuta avec un sourire boudeur. Incroyablement mal à l'aise, Rafael s'empara d'une serviette qu'il s'empressa de nouer autour de sa taille pour cacher l'effet que lui avait fait cette séance de torture façon serbe. Ce geste, évidemment, n'échappa ni à Novak, ni à Roger qui avait été incapable de détacher ses yeux de la scène et qui fixait à présent Rafael d'un air ébahi. C'est alors que le majorquin s'aperçut qu'il y avait un spectateur et son teint devint encore plus cramoisi, ce qu'aucun des deux autres hommes n'auraient cru possible tellement il était déjà rouge.
Il partit sans un mot, son embarras ayant atteint des sommets. Novak rejoignit l'helvète qui n'avait toujours pas bougé en riant aux éclats et sans quitter son regard de prédateur, il lança :
- Moi, il ne m'a pas paru si insensible que ça !
Cela ne fit pas rire Roger. Celui-ci reprit ses esprits et, contre toute attente, il attrapa le poignet de l'autre joueur avec une fermeté si appuyée que cela fit redescendre d'un cran l'ambiance légère qu'avait créé le kinésithérapeute amateur.
- Novak, fiche-lui la paix. - Je crois que c'est à lui d'en juger.
Mais le suisse ne desserra pas son étreinte et sa voix se fit presque menaçante.
- Rafael n'est pas un trophée à conquérir. - Allons, Roger, je ne fais rien de mal, nous sommes entre adultes consentants... - Je te le demande, Nole, laisse-le !
Le serbe fronça les sourcils devant le regard noir du grand champion en face de lui, il comprenait bien que le ton n'était plus à la rigolade mais il n'appréciait pas tellement les menaces tapies dans cet avertissement, ses mots se firent plus durs qu'il ne l'aurait voulu et désignant d'un regard l'alliance que Roger portait à son annulaire, il rétorqua :
- Tu as perdu le droit de t'interposer, Rogelio, tu as fait tes choix.
Le coup porta. Roger lâcha le poignet de son cadet, prenant en pleine figure la vérité de ces mots. Il avait choisi de se marier, d'avoir des enfants, de continuer d'être l'homme parfait que les medias décrivaient. Peu importait alors les sentiments enfouis dans son cœur, il n'avait aucun droit sur Rafael... Il baissa la tête piteusement et murmura seulement :
- Ne lui fais pas de mal, je te demande au moins cela.
A suivre...
_________________ * On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *
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