Voici le second - et dernier - chapitre de cette fic sur la rencontre Benedict Cumberbatch-Zachary Quinto
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Benedict appréciait ses partenaires de tournage. Aucun ne lui tenait rancune d’avoir été maussade durant les premières semaines, d’être l’acteur le plus doué de la bande, de faire jaillir des étoiles dans les yeux de J.J à chacune de ses scènes, de devenir une star dans son pays et peut-être bientôt ailleurs.
Zachary Quinto avait attiré son attention par son jeu d’acteur expressif et subtil, sa culture en matière de théâtre, son beau sourire, ses grands yeux bruns soulignés d’épais et noirs sourcils nettement dessinés. En outre, il l’admirait pour avoir décidé d’évoquer publiquement son homosexualité, l’année précédente.
En revanche, l’intérêt marqué de Zachary à son égard échappa dans un premier temps à Benedict, accoutumé aux nombreux regards fascinés qu’il suscitait en permanence depuis son arrivée sur le plateau de « Star Trek ».
Lorsqu’il finit par repérer cette attention particulière, il ne lui accorda guère d’importance.
Il se trompait sûrement, de toute façon Zachary avait quelqu’un dans sa vie, lui-même avait quelqu’un. Et où donc étaient passées ces p… de pages du script, jamais il ne serait prêt à temps pour le tournage de cet après-midi.
Au restaurant Providence, Benedict avait choisi une assiette de fruits de mer, escapade basses calories hors du gavage calibré concocté par le nutritionniste de la production « Star Trek ». Il décortiquait une pince de crabe récalcitrante lorsque Zachary pressa sa jambe contre la sienne.
La pince en profita pour retomber dans l’assiette.
Yeux fixés sur la nappe, Benedict n’avait plus le moindre doute.
Nom de dieu Zach. Que faire.
Inspirant profondément, Benedict accentua la pression de sa jambe contre celle de Zachary.
Bientôt, ils arriveraient à Venice. Benedict remercierait Zachary de l’avoir raccompagné, ils se souhaiteraient bonne nuit, à demain, Benedict sortirait de la voiture et entrerait seul dans le vaste cottage ancien à charpente de bois que les studios avaient mis à sa disposition.
Ou bien.
Benedict actionna le bouton d’ouverture de la vitre, goûta la fraîcheur nocturne.
Martin serait d’accord, il le savait. Zachary était si charmant, il lui ferait beaucoup de bien, il en était certain.
Devant la maison, Zachary coupa le moteur. « Tu viens prendre un verre ? » demanda Benedict.
Benedict sourit. Zachary était délicieusement brun. Il toucha sa peau mate du bout des doigts, les fit glisser sur les poils noirs qui recouvraient les pectoraux musclés, y pressa les lèvres, puis appuya sa joue contre l’attirante toison soyeuse. Zachary lui caressa les cheveux et la nuque, puis le dos, lentement, du haut vers le bas, tout en bas. Benedict ferma les yeux.
Il allait oublier le monde quelques heures, Zach saurait y faire.
L’une après l’autre, les réponses se dévoilaient.
Zachary ouvrit de grands yeux devant les proportions impeccables du corps de son compagnon.
Faux brun, vrai roux, peut-être blond-roux.
Zachary étudia la question de très près, après quoi ses doutes s’envolèrent.
Un blond-roux affolant.
En toutes circonstances, Benedict savait surprendre. Cette nuit-là, Zachary prit dans ses bras une créature un peu timide, docile, très sensuelle, irrésistible. La nuit suivante, le britannique s’empara de lui, viril et doux, autoritaire et tendre, irrésistible.
Sur le plateau de tournage, il avait entendu quelqu’un remarquer à propos de Benedict : « Il fait tout bien ! »
C’était confirmé. Tout bien, tout.
Après avoir observé sur le plateau de « Star Trek » qu’en quelques secondes seulement, la voix profonde et grave de Benedict ensorcelait l’auditoire, Zachary en constata un autre effet, perturbant : pour écouter l’acteur gémir de plaisir, il l’aurait suivi aux enfers.
Pourtant, les intéressantes découvertes de Zachary ne lui avaient rien appris sur un éventuel « petit blond ». Simon Pegg avait peut-être affabulé.
Un matin dans son bungalow, Zachary se brossait les dents lorsqu’il faillit s’étrangler avec le dentifrice.
Le « pote Watson ». Martin Freeman, le « Hobbit » à l’autre bout du monde.
C’était clair, c’était évident. C’était étonnant. Ce type avait un physique tellement quelconque.
A la fin de la journée de tournage, Zachary rentra au plus vite, décidé à approfondir le cas Freeman sur le Web.
Quelques clics suffirent. Le « type quelconque » vivait en couple – de longue date – avec une actrice – très jolie – prénommée Amanda, les heureux tourtereaux passaient leur temps à se tenir par la taille sur les
red carpets, avaient deux jeunes enfants et à longueur d’interviews, se répandaient sur la félicité de leur vie familiale. Zachary soupira d’ennui et s’apprêta à éteindre l’ordinateur.
Il cliqua sur une dernière photo, haussa les sourcils, suivit un lien, dénicha de nouveaux clichés, puis un nouveau site, visionna plusieurs vidéos sur Youtube, examina encore des photos. Il ne s’ennuyait plus.
En toutes occasions, Martin Freeman dégainait un humour pince-sans-rire à la fois provocateur et subtil, souvent déroutant, toujours percutant. Aux yeux de Zachary, le père de famille terne prit des couleurs. Et ce n’était pas tout.
Il ne rêvait pas. C’était quoi ces chemises ? Et ces écharpes ? Et ce sac ? Freeman avait souvent une drôle d’allure. Un tantinet
folle.
Depuis l’écran de l’ordinateur, Martin Freeman fixait son regard perçant et goguenard sur Zachary intrigué.
Finalement, ce mec était tout sauf quelconque, et bien compliqué à cerner. Encore un caméléon déchaîné, peut-être une spécialité britannique. Peut-être compatible avec Benedict.
Le lendemain, avant de tourner sa scène de l’après-midi, Zachary déjeuna avec Benedict près du studio et lança la conversation sur « Sherlock ». En attendant leurs plats de poisson, il demanda : « Tu t’entends bien avec Martin ? »
D’abord, Benedict ne dit rien. Le regard chaviré d’émotion, il se mordilla les lèvres. Cette réponse muette suffit à Zachary : il avait probablement débusqué le petit blond.
« Oui », finit par murmurer Benedict en rougissant, ajouta : « Très bien », rougit davantage. Sous le regard bienveillant de son compagnon, il lâcha quelques explications.
Zachary risqua une question complémentaire : « Comment il se débrouille avec sa femme ? »
- Ils ne sont pas mariés. Amanda est au courant.
Avec un mince sourire, Benedict précisa : « Elle m’aime beaucoup. »
Zachary avala une gorgée de bière.
Tout ça le dépassait. Sa vie était tellement plus simple avec Jonathan.
Une autre question lui brûlait les lèvres. Il s’éclaircit la gorge : « Tu vas le dire à Martin, pour moi ? » Le sourire de Benedict s’élargit : « Bien sûr ! »
Zachary soupira.
Bien sûr.
Et pas plus tard que le soir même, décida Benedict.
Comme il s’y attendait, à l’autre bout du fil et du monde, Martin l’approuva chaleureusement : « Tu as bien fait ! J’ai croisé Zachary sur le tournage d’un film, il y a deux ou trois ans, il m’a paru charmant ! »
Ils poursuivirent leur conversation, échangèrent nouvelles et anecdotes, terminèrent par un chuchotis de mots doux. « Bonne nuit mon prince », dit Martin.
Le prince dormit comme un bébé.
Après avoir raccroché, Martin reprit le roman qu’il lisait dans son mobil-home lorsque Benedict l’avait appelé. Il ouvrit le livre à la page marquée d’un signet, repéra le paragraphe laissé en suspens. Et ne lut pas une ligne.
Le salopard.
Martin se leva brusquement, le livre tomba.
Pourquoi un mec. Pourquoi pas une fille. Comme si les belles filles manquaient à Los Angeles. Il aurait pu passer le temps avec une fille. Mais pourquoi un mec. C’était lui son mec.
Martin trébucha, désemparé.
Ce n’était pas prévu, ce n’aurait pas dû arriver, cette jalousie.
Par surprise, la bête féroce venait de lui sauter dessus, plantant griffes et crocs.
Cela faisait atrocement mal.
Martin se remémora Zachary. Sympathique, très grand, brun, velu, des prunelles de velours, des cils longs comme ça, un beau sourire. Il l’imagina avec Benedict, des visions obscènes s’entrechoquèrent dans sa tête, les griffes s’enfoncèrent davantage.
Des larmes de rage lui piquèrent les yeux. Les visions tourbillonnaient sans relâche. Une brutale nausée le plia en deux. Sale bête.
Si seulement Amanda avait été là. Elle l’aurait apaisé, elle l’apaisait toujours.
Son téléphone portable sonna. Richard Armitage lui rappela le dîner prévu à Wellington. Martin s’y rendit. Il mangea à peine, but beaucoup.
Au matin, il s’éveilla en compagnie d’un puissant mal de tête. Après avoir ingurgité un grand verre d’eau et un comprimé de paracétamol, il retourna au lit et adressa un texto à Benedict.
Les dernières semaines de tournage de « Star Trek » ne furent que lait et miel pour Benedict.
Désormais, il maîtrisait le
bad guy.
Zachary était un amour, attentionné et délicat. Son Jonathan avait une chance folle.
Lui aussi. A chaque appel téléphonique, à chaque message, les sentiments de Martin à son égard s’affirmaient davantage.
Benedict se rassurait. S’ils réussissaient à franchir le cap de cette très longue séparation, ils en franchiraient bien d’autres.
Benedict s’était endormi dans ses bras.
Zachary se dégagea en prenant soin de ne pas le réveiller, embrassa doucement sa tempe.
Il l’avait échappé belle. Sans Jonathan, il aurait été fichu.
Une fois de plus, il se serait bêtement piégé lui-même dans une relation sans issue avec un mec pas disponible, pas accessible. Difficile de faire moins accessible que Benedict. Un londonien à la colle avec un londonien à la colle avec une femme.
Coincé dans le placard en plus. Il en avait soupé du placard, heureusement c’était fini, terminé. Si des rôles lui passaient sous le nez, tant pis, il en resterait bien assez. Respirer à l’air libre est sans prix.
Zachary se pencha vers le dormeur, respira l’odeur de ses cheveux.
Ben n’était pas près de s’évader du sarcophage. Surtout pas avec son mec, le père de famille bi, le genre à jouer sur tous les tableaux, à récolter le beurre, l’argent du beurre, le crémier, la crémière, tout ça en douce bien sûr.
Zachary sentit sa colère monter, bouillonner.
Quand on aime, on se donne tout entier ou rien. Apparemment, ce n’était pas le genre de Freeman.
La colère retomba d’un coup.
Se donner tout entier. Il était particulièrement bien placé pour disserter sur le sujet. Même pas capable d’être fidèle à Jonathan. Il avait été à deux doigts – à un ongle – de tomber raide amoureux d’un autre.
Zachary s’installa au plus près de Benedict.
Il sentait bon à en mourir.
Il posa un baiser léger sur l’arrondi de l’épaule du dormeur, se blottit dans sa chaleur, prêt à s’endormir.
Le Freeman, il avait intérêt à prendre soin de son Ben.
Dans l’avion qui le ramenait vers l’Angleterre, Benedict ajusta sur ses oreilles les écouteurs de son baladeur numérique. Un bip l’avertit d’un texto sur son portable. Il le lut, sourit. Zach.
Il n’avait pas aimé se séparer de Zachary. Il avait pleuré sur son épaule, avait rassuré son ami, il pleurait souvent. Il n’aimait pas se séparer, il était parti quand même, l’avion ne l’attendrait pas.
Benedict régla le baladeur, choisit le groupe The Killers. Il se détendit, ferma les yeux, écouta «
Human ».
Un bel été l’attendait. Londres, les amis, ses parents. Ensuite, les Etats-Unis à nouveau, des rôles dans deux films excitants, beaux scénarios, des stars à la pelle.
La saison se terminerait en beauté. A la fin de l’été, il retrouverait Martin.
The end