Je poste ma toute première fic, cela m'intimide un peu
. Et en RPS en plus, section plus délicate que d'autres quand même...
Le récit s'appuie sur des éléments de la réalité (les débuts du tournage de la première saison de "Sherlock" BBC) pour en raconter d'autres qui sont imaginés, concernant les deux protagonistes principaux.
Cette fic est une sorte d'introduction à d'autres qui devraient suivre, mais elle constitue en elle-même une petite histoire, d'où le statut "finie"
***
Il n’y avait pas le moindre doute, c’était le bon.
Sherlock Holmes avait trouvé chaussure à son pied, Benedict Cumberbatch son partenaire idéal.
Steven Moffat et Mark Gatiss étaient intensément soulagés. Ils en avaient enfin terminé avec ces innombrables auditions pour dénicher la perle rare, le « bon » John Watson. Ils avaient vu et écouté de nombreux acteurs, souvent talentueux, parfois brillants. Mais il ne s’agissait pas d’un problème de compétence professionnelle. Entre Benedict et les comédiens postulants, entre Sherlock et John, il manquait, toujours, l’étincelle, l’alchimie, la magie.
Et puis ils avaient auditionné Martin Freeman.
Les deux créateurs et coproducteurs, avec la BBC, de la future série « Sherlock » avaient tardivement songé à ce comédien, interprète de l’un des principaux personnages de « The Office », série satirique à succès dont la BBC était également producteur. Ils avaient un peu de difficulté à imaginer ce petit blond fluet dans la peau du Docteur Watson, mais le loustic était non seulement doté de talent, mais en outre, en dépit d’un physique a priori anodin, d’une indubitable capacité à crever l’écran.
De toute façon, ils n’avaient rien à perdre, de toute façon, ils commençaient à désespérer.
Le jour convenu pour l’audition, trois acteurs, dont Martin Freeman, se présentèrent successivement. Martin fut le dernier à tenter sa chance.
Le soir, Benedict Cumberbatch fit part de ses impressions à Steven Moffat et Mark Gatiss : « Je ne sais pas si ça vous intéresse de connaître mon opinion, mais moi, c’est avec Martin que je veux travailler, avec lui et personne d’autre. Avec lui, je joue mieux, je me sens mieux. »
Mark Gatiss ne fut pas étonné, bien au contraire.
Pratiquement à la minute où Freeman était entré dans la salle, il l’avait senti, il l’avait compris, que cela allait coller, entre ces deux là. Et pas qu’un peu. Leurs tempéraments se complétaient, s’emboîtaient littéralement, c’était hallucinant.
Dès le lendemain de l’audition, Martin Freeman fut informé du choix des producteurs de « Sherlock » : il serait John Watson.
Le tournage du
pilot episod commença tambour battant quelques semaines plus tard, à Cardiff. Il ne fallait plus perdre de temps, ni l’argent de la BBC. Heureusement, toute l’équipe, acteurs et techniciens, était enthousiaste et motivée.
Steven Moffat se félicitait un peu plus chaque jour du pétillant duo des deux acteurs principaux.
Une amitié tout à la fois si instantanée, authentique et forte, ça ne se rencontrait pas tous les jours. Quelle chance pour la série. Dans chacune de leurs scènes, de leurs expressions, attitudes, à chaque regard, battement de cils, bon dieu, tout vibrait, s’imprimait à l’écran. Ils avaient décroché les Sherlock-Watson du siècle, le gros lot.
Les jours passèrent, le tournage de l’épisode se termina, Steven Moffat et Mark Gatiss partirent soumettre le
pilot aux producteurs de la BBC.
Comme toute l’équipe, Benedict Cumberbatch attendit le verdict.
Pourvu que ça marche. Ça allait marcher. Il fallait que ça marche. Quel bonheur de travailler ce personnage. De travailler avec Martin. Jamais il n’avait aussi bien bossé avec quelqu’un. Son talent, bien sûr, et autre chose. Il était drôle à en mourir. Et autre chose. Son regard, ses grands yeux. Il aurait bien aimé les observer de près, de quelle couleur étaient-ils. Et puis les cheveux, ce fouillis blond-argent, il aurait adoré les ébouriffer, tellement adoré. Il en avait les mains qui le démangeaient. Pas touche. Du calme. Il aurait l’air fin, Martin était père de famille, deux jeunes enfants, sans parler d’Amanda.
Les petits étaient couchés. A l’autre bout de la maison paisible, dans un petit bureau ouvrant sur le jardin, leur mère apprenait le texte d’un rôle pour un téléfilm. Installé dans son fauteuil favori du salon, Martin Freeman ouvrit un livre. Les yeux fixés sur la fenêtre et la nuit, il ne lisait pas.
Depuis l’audition, quelque chose s’était passé. John Watson. Et autre chose. Pas la peine de se cacher derrière son petit doigt. Autre chose.
La vie roule, les rôles sympas défilent, les enfants naissent, l’amour dure. On se rassure enfin, on se sent au chaud.
Il avait fallu que Moffat et sa bande viennent le chercher, lui mettent Sherlock dans les pattes, bref Benedict. Si magnifique qu’il avait failli partir en courant. Beau peut-être, et pire encore, émouvant, fascinant, adorable. Le mec, et l’acteur. Heureusement, il était avec Olivia, quel gentil petit couple. Tant mieux. Tant pis. Bas les pattes Martin.
La BBC refusa l’épisode pilote de soixante minutes… mais en exigea trois de quatre-vingt dix minutes. Les scénaristes se remirent au travail. Les aventures de « Sherlock » continuaient.