Merci mais je suis un peu déçue, j'ai eu l'idée trop tard d'une scène, j'aurais bien vu Jude en train de lui chanter " every breath you take " et que ça renvoi non seulement à Robert, forcément, mais aussi à un moment à eux deux, genre Robert aurait été en train de chanter cette chanson à un moment donné et aurait regardé Jude intensément ... avec le trouble que ça représente, donc ça aurait inversé les rôles, enfin, voilà, tant pis. En tout cas, merci beaucoup, encore une fois, pour ces compliments. je suis contente que ça te plaise.
Je te donne la suite ( oui oui, la fin est proche ... désolé
)
Cinquième Partie Robert ne se souvenait pas d'avoir ouvert les yeux, ni de s'être réveillé.
C'était un peu comme émerger d'un songe particulièrement marquant, on ne se souvient jamais du moment précis.
On vit dans une sorte d'évidence avec la présence paisible de ce rêve encore tellement palpable autour de nous, et quand notre logique terrestre reprend le dessus et qu'on essaye de se souvenir, d'ordonner, de comprendre, alors, tout se défile et il ne nous reste que cette saveur indescriptible et délicieuse qui occupe nos pensées longtemps après le réveil.
On s'éveille d'un voyage inhumain dont le mécanisme ne pourra être cerné par notre raison ici bas, un voyage qui s'inscrit dans notre vie et nous transforme à tout jamais.
Un enchevêtrement aberrant de sentiments fondit alors sur lui, si intenses qu'il crut suffoquer d'une surcharge respiratoire.
Il prit soudainement conscience qu'il voyait seulement ce que son champ de vision pouvait percevoir, n'entendait que ce que son système auditif pouvait discerner, n'atteignait que ce que ses doigts pouvaient toucher, ne comprenait que ce que son esprit pouvait saisir.
Mais ce qui l'affecta le plus, hors de toute logique, fut l'impression angoissante de se retrouver brutalement prisonnier de cette enveloppe charnelle, si lourde, qui réduisait à néant les capacités infinies de l'ailleurs.
Son corps fut pris d'une secousse si violente que le lit en trembla, la douleur jailli, des sons incompréhensibles sortirent de sa bouche.
Tant de choses l'assaillaient. Sons, odeurs, images, flashs, souvenirs, songes, d'ici, de là bas, des deux mélangés …
Il ferma les yeux, en proie au bouleversement intérieure le plus total, tandis que des infirmiers faisaient irruption dans la chambre. Ils s'agglutinèrent autour de lui, relevant tension, température, fréquence cardiaque, et autres chiffres et termes qu'il ne comprenait pas.
- Il s'est réveillé ! Il s'est réveillé !
- Monsieur ? Vous m'entendez, monsieur ?
- Appelez les médecins !
- Il faut prévenir la famille !
- Pas la peine, on vient de nous informer que Madame Downey venait d'entrer dans l'hôpital, elle ne devrait pas tarder à arriver ici !
Alors qu'il avait l'impression que son corps, manipulé de toute part, ne lui appartenait plus, Robert tourna la tête et découvrit, tout contre son visage, le sweat gris de Jude.
Alors, toute l'effervescence alentour et intérieure à lui sembla s'évanouir, comme quand on quitte un endroit bruyant surchauffée par la trop forte concentration de corps et que la fraicheur solitaire de la nuit nous enveloppe soudain dans une bulle de calme, apaisant tous nos maux, tel un souffle léger, caressant, sur la joue. Robert cligna des yeux et alors, tout lui revint, tout s'ordonna.
Jude. Sa voix qui l'avait rappelé, retenu. Effondré à son chevet, comme s'il ne comprenait pas, comme s'il ne savait pas, que Robert était là avec lui, l'écoutait et essayait de lui dire que tout allait bien, maintenant, qu'il ne fallait pas avoir de peine … mais la détresse de Jude et ses aveux avaient fait renaitre en lui l'humanité de ses sentiments et alors, peu à peu, tout s'était alourdit, se fondant lentement dans les ténèbres …
Je t'aime, Rob'. Je t'aime si fort. Reviens … j'ai tellement besoin de toi. Robert dégagea un de ses bras et s'empara délicatement du vêtement de Jude, qu'il pressa contre son nez. L'odeur imprégnée fit resurgir une foule d'émotions en lui et une larme s'échappa de ses paupières clauses.
Jude …
Tout ce qui aurait pu se passer alors autour de lui l'aurait laissé indifférent. Il regardait la fenêtre et attendait, paisiblement, reprenant lentement contact avec la vie, tout en caressant du bout des doigts le sweat gris, comme un enfant qui aurait retrouvé son doudou.
Il sentit alors la présence de Susan à ses côtés et tourna la tête.
Elle était assise sur le tabouret et le dévisageait, les joues ruisselantes de larmes, un sourire incroyable sur les lèvres. Leurs mains se trouvèrent et ils se sourirent sans parvenir à dire quoi que ce soit.
- Coucou, murmura enfin sa femme en se mordillant les lèvres sous le coup de l'émotion
Elle lui caressait le visage.
- Comment te sens tu ?
Il grimaça
- Et bien, j'ai connu des jours meilleurs, mais je suis vivant. Je suppose que c'est ce qui compte …
En arrivant dans le couloir, Jude fut étonné de voir tant de monde, alors qu'il n'y avait, ces derniers jours, que quelques infirmières et parfois, un médecin allant surveiller ses patients. Alors qu'il avançait, la même impression de fatalité qu'il avait ressenti avant de recevoir le coup de téléphone lui noua un peu plus la gorge et il n'eut plus envie du tout de savoir la réponse. Il n'y avait plus d'alternative. C'était oui ou non. Et si jamais c'était non …
C'est étrange, la lucidité soudaine avec laquelle il traversa les derniers mètres qui le séparaient de la chambre de Robert. Il se rappellerait de chaque visage croisés, de chaque parole surprise, des plus infimes détails et des imperfections sur les murs.
Il avala sa salive difficilement. Un médecin lui fit face alors qu'il s'arrêtait devant la vitre de la chambre et n'osait plus faire le moindre geste, pas même tourner la tête.
Il dévisagea l'homme.
- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il sans vouloir connaître la réponse.
Le médecin lui sourit.
- Votre ami vient de se réveiller. Il va bien. Regardez, sa femme est avec lui.
Jude se tourna lentement et avança vers la vitre. Il faisait si peu de bruit, comme si sa respiration même ne devait troubler l'atmosphère. Comme si l'illusion pouvait se briser à tout instant et l'abandonner de nouveau dans sa solitude. Il crut ne plus voir que le visage souriant de Robert.
Il est vivant. C'est fini. Tout va bien maintenant. Tu peux respirer. Mais curieusement, il n'avait pas très envie de respirer.
Un bourdonnement emplit ses oreilles, couvrant tout autre bruit, et la terre se mit à tanguer autour de lui. Un étau le serrait tout autour du crâne, le pressant aux tempes.
Il poussa un petit gémissement et s'accrocha au rebord de la vitre, vers laquelle il se penchait de plus en plus, comme attiré par un aimant.
C'est alors que Robert cessa de parler avec Susan et tourna le visage dans sa direction …
Jude se sentit chanceler et des larmes envahirent son visage. Il lui sourit, d'une expression qui trahissait autant un bonheur sans borne qu'une tristesse égale, et Robert continuait de le fixer, impassible, clignant des paupières …
Mais Susan ne se retourna pas et continua de parler à son mari qui ne la regardait plus.
Du bout des lèvres, Jude articula un « je t'aime » et recula, s'éloignant de la chambre, du couloir … Il finit par s'affaler par terre, le long d'un mur, et le trop plein d'émotions le fit éclater en sanglot, tel qu'il aurait dû le faire bien plus tôt. On lui lança des regards intrigués et une infirmière vint s'agenouiller précipitamment à ses côtés, passant un bras autour de ses épaules.
- Monsieur ? Monsieur, est-ce que ça va ?
La question la plus insensés et la plus stupide que pourtant nous sommes tous amené à prononcer un jour ou l'autre. Mais que dire d'autre ?
Secoué de frissons, le visage entre les mains, Jude ne répondit pas et elle resta là à le consoler jusqu'à ce qu'il se fut calmé.
Quand les spasmes des sanglots le laissèrent enfin tranquille, Jude se laissa tomber contre le mur, vidé, les yeux fermés.
Elle l'aida à se relever et le conduisit malgré ses faibles protestations jusqu'à une chambre libre et sombre où il pourrait se reposer. Jude s'allongea sur le lit mais ne parvint pas même à fermer les yeux et resta ainsi allongé dans le noir, ruminant de sombres pensées
Le soir tombait lorsqu'il émergea de son état comateux. Complétement désorienté, il sortit discrètement de la chambre et se demanda ce qu'il devait faire. Maintenant que Robert était en vie Susan n'avait ni cherché à le contacter ni à savoir où il était, ce qu'il allait faire et dans quel état. Il aurait parfaitement pu être en colère mais c'était la tristesse qui primait. Il se sentait seul, presque abandonné ... totalement, abandonné, en fait. La place auprès de Robert, il l'avait bien compris, était prise et c'était celle de Susan. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à partir, pas comme ça, pas encore, pas après ce qu'il venait de vivre …
Et même s'il allait voir Robert et que par la plus grande des chances celui ci était seul, que dire, bon sang ? Devait-il faire comme si aucun changement ne s'était opéré en lui durant ces derniers jours ou reprendre tout à zéro et en serait-il seulement capable si c'était le cas ? Comment, comment le regarder ?
Comment oser lever les yeux vers lui après ce qu'il avait traversé par sa faute ?
Il divagua dans le couloir, tergiversant entre l'escalier qui menait aux étages supérieurs et ceux qui menaient vers la sortie, torturé par le doute. Finalement, lasse, il se laissa tomber sur un siège et referma sa main sur ses yeux clos, massant ses tempes douloureusement palpitantes.
Puis il entendit, à travers tous les autres bruits dans le couloir, le son de pas qui se rapprochaient, accompagné du claquement incertain d'une canne sur le carrelage. Instinctivement, il déglutit et rouvrit les yeux, sans oser cependant retirer les mains qui le dissimulaient.
Lorsque les pas s'arrêtèrent juste devant lui, il sut qu'il n'y avait plus aucun doute à avoir mais il restait là, pétrifié, frissonnant d'appréhension.
Tourné vers lui, Robert s'assit sur le siège juste à côté du sien, à sa gauche, et une main, doucement, vint retirer celles derrière lesquelle il se cachait. Découvert, Jude enfonça ses dents dans sa lèvre inférieure jusqu'à ce le goût âpre du sang n'envahisse sa bouche.
Il sentait le regard intense de Robert posé sur lui et n'osa plus bouger, à peine respirer. De ses deux mains Robert maniait délicatement la sienne et ses lèvres baisèrent ses doigts.
- Jude ?
Pas de réponse. Plus rien ne lui obéissait, tout contrôle semblait l'avoir déserté.
Robert parlait d'une voix basse, grave. La sonorité suave de ses mots l'enivrait comme rien n'aurait su le faire à sa place et il se demanda avec détresse comment il aurait fait, sans cette voix, cette odeur, cette présence.
- Décidément, tu me tortureras jusqu'au bout, poursuivit Robert, j'ai cru que tu viendrais me voir quand Susan serait partie mais tu n'es pas venu. J'ai attendu toute la journée, pourtant, et c'est moi qui ai dû venir te chercher !
Les lèvres de Jude tremblèrent.
- Je suis désolé, croassa-t-il
Robert fronça les sourcils, baisa une nouvelle fois son poignet.
- Ne dis pas de bêtise.
Parcouru comme d'un courant électrique, Jude se releva d'un trait, si brusquement que Robert sursauta, et échappant à ce dernier, lui fit face. Pour la première fois, il le regarda droit dans les yeux, sans ciller une seule seconde.
- « ne dis pas de bêtise » ?! répéta-t-il, impitoyablement sarcastique, mais Robert, comment puis je seulement me tenir devant toi après ce qui vient de se passer?! « Je suis désolé », c'est la moindre des choses comparés à ce que je devrais te dire, mais il n'y a même pas de mots pour exprimer ça et je n'arrive pas à ... tu ne devrais pas me pardonner … ça … ça … me rend encore plus coupable !
Pourquoi se mettait-il toujours à trembler comme une feuille dès qu'une émotion trop forte le prenait, et bégayait-il ainsi ? C'était ridicule, et cette voix qui ne lui obéissait pas …
Robert se leva – et malgré ses efforts, il ne put dissimuler la grimace de douleur qui fit fermer les yeux à Jude – et s'appuyant sur sa canne vint le prendre dans ses bras, se mit à le bercer. Jude tressailli mais se laissa aller malgré tout sur le torse de son amant.
- Tu n'as rien à dire, je sais déjà tout. J'étais là, tu sais. Je t'entendais. C'est grâce à ça que je suis encore là, grâce à toi, Judesie …
Jude sourit en entendant le doux surnom que lui donnait Robert.
Ce dernier toussota
- Euh, Jude … on est un peu au milieu du couloir, là … C'est pas vraiment que ça me dérangerait d'avoir une photo de nous deux enlacés à la une du journal de demain, mais je suis un peu en chemise de nuit, je te dis pas l'image sexy ! Ça casse un peu l'ambiance … avec la tête que je dois me payer ! Sans parler de la tienne, je suis désolé, mais c'est vrai. En plus, accessoirement, je viens d'avoir un accident et ça me fait pas du bien de rester debout comme ça …
Jude rougit vivement, se dégagea et conduisit Robert sans un mot à sa chambre, l'aida à se rallonger, le couvrit, tout cela avec une infinie précaution.
Robert le regardait faire, amusé.
- Je suis pas en sucre, tu sais.
Et, saisissant au passage le bras de l'Anglais, il le fit valser contre lui.
- Je vais te faire mal ! Protesta celui-ci en voulant se redresser, mais Robert glissa une main jusqu'à la base de sa nuque et, emmêlant ses doigts à ses cheveux, il l'effleura, tout doucement.
Et Jude cessa instantanément de gesticuler.
- Tu es toujours aussi sensible de cet endroit là, pensa Robert tout haut
Son cadet répondit par un faible grognement approbatif. Ses yeux fermés ne pouvaient cacher les cernes sombres qui les marquaient, et son teint était plus blafard qu'à l'accoutumé. Il semblait vraiment épuisé.
- Depuis quand n'as tu pas dormi, Jude ? S'enquit-il
L'anglais ouvrit ses yeux, qui papillonnaient.
- Je suis à l'hôpital depuis l'appel de Susan, répondit-il d'une voix pâteuse. Je n'ai pas dormi depuis …
Il referma les yeux, esquissa un sourire alors que les doigts de Robert allaient tendrement caresser son visage, chatouillant sa nuque, ses cheveux, puis son dos. Sa respiration devint bientôt calme et régulière.
Robert le regardait, son bel ange échoué entre ses bras.
Il avaient tout le temps, maintenant. Et Susan le savait … un jour ou l'autre, tout finirait peut être par exploser. C'était plus que probable … mais en attendant, c'était peut être ça, le bonheur.
Et tandis que la nuit tombait tout autour d'eux, Robert murmura au visage paisible de Jude dont il distinguait à peine les contours :
- Tu aimes la montagne, n'est ce pas ? Je vais t'emmener à la montagne, tu verras. Dans un chalet douillet et confortable et nous ferons un feu dans la cheminée et mangerons sur la couette … nous grillerons même des chamallows si tu veux. Et puis nous comblerons les scènes manquantes dans Sherlock Holmes, quand je serais remis sur pied … qu'en dis-tu, hum ?
Jude avait l'air de dormir. Pourtant, un sourire étira ses lèvres fines et Robert passa un doigts dessus.
- Ne recommence jamais ça, Rob, murmura Jude. S'il te plais.
Robert l'enlaça tendrement, posant ses lèvres sur ses cheveux.
- Seulement si tu me promets de ne plus jamais partir comme ça, Judesie.
Jude ouvrit les yeux dans la pénombre et, se redressant, plongea son regard dans le sien. Ils se dévisagèrent. Ses yeux, sans qu'il ne les contrôle, descendirent lentement vers les lèvres pulpeuses, entrouvertes, de Robert. Il mordilla sa propre bouche, brûlant de désir, et les deux bras appuyés de chaque côté du corps de son amant, se baissa lentement, sans les quitter un seul instant du regard. Enfin, il captura sa lèvre supérieure entre les siennes, délicatement. Il savait que Robert ne le suivrait pas, pas encore, il profitait simplement de ses caresses, les yeux fermés tandis que sa tête reposait sur l'oreiller. Et Jude continua, doucement, prenant le temps d'explorer le visage de son amant.
- Je te le promets, lui chuchota-t-il en lui mordillant gentiment l'oreille.
Et il finirent par s'endormir, enlacés l'un à l'autre. Peut-être rêvaient-ils ...
FIN Voilà ...
a vrai dire je ne suis pas très satisfaite de la fin, je n'arrive jamais à écrire les fins de toute manière, c'est pas mon truc, ça veut dire qu'après c'est terminé et j'aime pas quand c'est terminé, d'ailleurs, alors que je dévore un livre en 2 jours, je mets des mois à lire la fin, si jamais je la lis un jour ... c'est exaspérant. m'enfin, j'espère pas trop l'avoir raté