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 Sujet du message: [En cours] Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 24 Juil 2012 22:18 
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Salut tout le monde ! je m'excuse pour cette longue absence, et de n'avoir jamais posté la fin de ma fic sur Holmes et Watson, je sais c'est impardonnable ... :oops:

Mais il y a eu le bac, tout ça, enfin bref, je n'ai pas vraiment d'excuse :roll:
Pour me faire pardonner je vous poste ma toute nouvelle Fic, je vous donnerais la suite si elle vous voulez, j'espère qu'elle vous plaira ...
bien sur je ne prétends pas savoir quoi que ce soit de leur vie, ici rien n'est vrai ( enfin hein si Robert cessait de faire des déclarations d'amour à Jude devant les caméras ou d'essayer de l'embrasser, en même temps, moi je dis on délirerait pas autant ) et j'espère pour lui que Robert n'a pas eu l'enfance que je lui dépeint ici.

Pour toi ma petite Tiamayu. :heart:






Première Partie

- Bon, salut, Rob' …
Jude resserra sa prise autour de la valise qu'il tenait à la main, changea de position, mal à l'aise.
Robert se tenait devant lui, tendu, les mains dans les poches, fixant ses pieds qui jouaient sur le carrelage.
Il ne répondit pas et Jude jeta un regard anxieux aux panneaux indiquant l'heure de départ.
Son avion ne tarderait pas à décoller.
- Rob', le pressa-t-il.
Mais Robert se contenta de marmonner un « au revoir » dans sa barbe et, lui serrant la main maladroitement, presque de force, il lui tourna le dos et s'éloigna lentement. Sa silhouette fut bientôt engloutit par la foule.
Jude, indigné, voulut le rappeler, crier quelque chose, mais il ne put que bredouiller quelques mots incohérents. Il n'y avait rien à dire.
Rien d'assez fort, d'assez vrai, pour que Robert décide de faire demi tour et de courir vers lui le prendre dans ses bras et …
Non, il n'y avait rien à dire.
Après tout, ce n'était pas comme s'il venait de larguer pitoyablement sa petite amie avant de s'enfuir comme un voleur, d'abord c'était lui qui venait de partir et …
Et puis non, bien sur que non, il allait rejoindre sa copine, Lily Cole, qui l'attendait en Angleterre, il se faisait une joie de le retrouver et ils s'enlaceraient à l'aéroport, sous la pluie, comme dans les films romantiques. Oui, ça allait être parfait.
Alors dans un sourire entendu Jude Fit volte face à son tour, se dirigeant vers le couloir vitré.
Au même instant, Robert s'arrête net au milieu de la foule. Il ne croyait qu'entendre le bruit des roulettes de sa valise sur le carrelage, la claquement sourd et décidé de ses pas qui s'éloignaient.
Et lorsque tout cela se tut à son tour, tout ne fut plus que silence autour de lui.
Il crut vaciller, bien qu'il parvienne à se contrôler. Tout le désordre était intérieur.
Essoufflé par les sanglots qui montaient et qu'il essayait de contenir, il s'engouffra dans un bar et prit place au comptoir.
Les souvenirs du tournage des Sherlock Holmes lui revenaient en mémoire, en flashs intenses et douloureux.
Se noyer dans les peurs et les blessures d'Holmes, dans l'amour torturé, inassouvi, que ce dernier éprouvait à l'égard de Watson, lui était non seulement facile mais jouissif.

- qu'est ce que je vous sert, monsieur ?

Robert releva la tête, étudia d'un air absent la demande du serveur. Il y a quelques temps, il aurait prit une bière - une seule - et aurait quitté le bar sitôt après. mais alors, Jude aurait été avec lui et tout aurait été différent. Il commanda donc une vodka.
Il y a très longtemps, sa mère aussi buvait. Dans ces moments là, elle commençait à le frapper et l'enfermait dans le placard. le garçon partait alors dans des délires cauchemardesques qui prenaient formes dans le noir. cependant, les coups les plus douloureux furent les mots qu'elle cracha, des mots qu'aucun enfant ne devrait jamais entendre et encore moins de la bouche de sa propre mère, et qui se gravèrent profondément en lui, dans sa chair, dans chaque trait de son visage qui faisait la une des journaux de cinéma. Sur la papier glacé, c'est cela qu'il voyait, à chaque fois, sa mère le traitant d'incapable qui ne valait rien et qui ne vaudrait jamais rien, jamais plus, ou moins, que ce simple mot néant : Rien.

Rien n'est pas méchant, ni même gentil. Rien n'a aucun autre caractère que celui que l'on veut bien lui accorder, si jamais on a le temps de désintéresser vaguement à lui, dans les moments d'ennui profond ou l'on a rien autre à faire. Et rien attend, effacé, ces moments d'ennui bénis, ou il pourra prendre un peu d'une identité dans le regard de quelqu'un, qui le regardera lui et pas la couleur du mur dans lequel il se fond. Rien peut être bien des choses, mais Rien ne sera jamais, tout simplement, tel qu'il est.

A l'adolescence, Robert avait commencé à éprouvé le besoin impérieux d'être regardé, admiré, adulé. Il avait forgé autour de lui une aura de beauté mystérieuse et sombre et s'était mis à danser en boite de nuit, de plus en plus souvent, comme simple client puis bientôt, comme gogo-danseur.

Et cela lui procurait pourtant une délicieuse jouissance. La scène. Le seul endroit ou il existait, dans le peau d'un autre pourtant. A 15 ans il rejoignit son père, lui même acteur et qui ignorait tout de son enfance catastrophique et des blessures profondes dont il était la victime. Il le poussa dans le monde du cinéma, sublimant le besoin maladif du jeune homme d'être regardé. mais sa rencontre avec Jude constitua un tournant irrémédiable de sa vie.
Dès leur première rencontre dans le bar de Guy, il se sentit exister à part entière, comme celui qu'il était vraiment. C'est Jude qui le fit naitre à lui même du néant, de ce rien-caméléon qu'il était jusque là. On ne peut qualifier l'alchimie qui naquit entre eux, la compréhension évidente, limpide, l'un de l'autre qui s'installa, la ranger quelque part, dans le tiroir coup de foudre ou le tiroir amitié. ce n'était ni l'un ni l'autre, c'était peut être l'Amour dans toute sa simplicité, sa pureté, son universalité, sans aller dans d'humain et pervers questionnements.
Il comprit enfin en le rencontrant, après s'être marié à une femme charmante et fait sa vie avec elle, non seulement ce qu'il était vraiment mais que Jude était son âme sœur et que rien ne serait plus jamais comme avant, maintenant qu'il y avait sur terre quelqu'un qui s'appelait Jude et pour lequel il serait prêt à tout sacrifier.
Ce qui partait aujourd'hui dans cet avion au côtés de cet homme qu'il commençait à aimer comme il devrait aimer sa femme, allait bien au delà d'un simple amour, c'était toute son identité. Lui parti, tous les fantômes que le sourire angélique de Jude avait réussi à évanouir resurgissaient, d'autant plus intenses et douloureux maintenant qu'il avait goutté au bonheur.

Il commanda une autre vodka, puis encore une autre.
Sa vision devenait trouble et les ombres de l'imaginaire se mêlaient aux vivants, un sifflement aigu envahissait son crâne, le faisant gémir de douleur et anéantissant ses derniers sursauts de raison. une fièvre moite, délirante, se répandait en lui. Il essaya de se lever de son tabouret haut, bascula, s'étale tremblant sur le carrelage alors que tous les regards se rivaient dans sa direction et qu'il se rendait compte que la nuit était tombée. le serveur laissa tomber torchon et verre et fit précipitamment le tour du bar pour le rejoindre.

- Monsieur ? Monsieur ?

les paumes appuyées sur le sol, bras tendus, les yeux révulsés, robert tremblait violemment.

- Monsieur ?
inquiet, le barman l'examinait.

- Vous voulez que j'appelle une ambulance ?

- Non, souffla robert entre ses dents tout en s'agrippant au bras qu'il lui tendait pour se relever. Non, je vais rentrer.

L'homme paraissait dubitatif mais son travail l'appelant, il ne chercha pas à retenir Robert tandis que celui ci passait les portes du bar.
Il tituba jusqu'à sa voiture, chercha les clés dans ses poches. Le parking était vide, froid, sombre. Un sanglot monta. Il s'écroula sur l'habitacle, se reprit instantanément comme si celui ci l'eut brulé où qu'il était particulièrement honteux, pour un homme de sa condition, de se laisser aller aux pleurs sur le toit d'une voiture, pour un autre homme qui venait de le quitter. Il s'engouffra à l'intérieur, se retenant presque de respirer pour ne pas sangloter. Il ne devrait pas conduire, pas après avoir bu ...
Mais forcer un peu le destin, jeter une fois encore les dés de cette partie malsaine qu'il jouait avec la mort, lui procurait un plaisir intense, en cet instant ou son monde s'écroulait et que les souvenirs douloureux de son enfance envahissaient tout son présent. Tous ces fantômes qui ricanaient autour de lui, à l'intérieur même de son être, à travers son propre esprit, valaient bien qu'il se rit d'eux à son tour en défiant une nouvelle fois la mort. le moteur gronda. Il appuya sur l'accélérateur et pneus crissèrent violemment alors qu'il s'engageait sur la route déserte. Il roulait beaucoup trop vite, vers une destination inconnue, entre les plaines immenses et les montagnes d'Amérique.

Toutes ces voix, dans sa tête ....

Toutes enchevêtrées dans un désordre immonde. Et ces mots, qui revenaient inlassablement en une mesquine litanie :

Tu ne vaux rien. Tu n'es rien qu'un imposteur, tu te crois beau et tout le monde t'admire, mais chaque victoire te montre à quel point du es hideux. Moi, je sais que tout cela te répugne. Ton propre corps, cette beauté imméritée sur ta peau salie te répugne, quand tu songes à ces odieuses pensées dont tu es le maitre, dont tu ne peux parler, que tu voudrais faire taire et qui sont là pourtant, car avoue toi le ... tu les aimes, ces voix hideuses, qui font de toi le monstre que tu es, dans ce corps si beau que tout le monde adule ... Tu ne vaux rien. même ton nom est celui d'un autre, robert .... Tu ne vaut rien. Tu ne le mérite pas.

Sa vue se brouilla dans un nuage de larmes et les sanglots éclatèrent pour de bon.
"salut, Rob"
Il croyait entendre la voix de Jude dans sa tête. Salut, rob. salut. Rob !
Lui aussi était parti.
C'est à cet instant ...
Lorsqu'il ne vit plus rien d'autre que les larmes qui déformaient tout ce qu'il voyait, lorsque l'alcool et sa détresse mêlés défiguraient le monde, SON monde, lorsque la voiture allait si vite sur la route que le paysage n'était plus que succession de tâches sombres étourdissantes et qu'elle zigzaguait d'un côté et de l'autre, qu'il tremblait si fort qu'il ne pouvait plus rien saisir, plus rien contrôler ...
Lorsqu'il se rendit compte qu'il n'en avait rien à faire ....
Que sa vie entière se résumait à cet inutile instant, comme si tout depuis le début tendait vers cette route perdue au milieu de nulle part, qu'il avait toujours su, au fond, que ça se terminerait ici, de cette façon là, et qu'il n'en avait strictement rien à faire.
Ils avaient gagnés, en fin de compte.
La voix de Jude s'était tue, vaincue par ses démons, et tout en lui n'était plus que vide. C'est à cet instant là, avec un calme effrayant, regardant droit devant lui en déglutissant, qu'il lâcha le volant.
Ca ne se passa pas comme dans les films ou les livres. Il ne s'évanouit pas au premier choc. Ne sombra pas au premier cri.
Il resta conscient jusqu'au dernier instant, à chaque tonneaux de la voiture, à chaque coup qu'il prenait, à chaque fois qu'il sentait son corps se briser, se déchirer dans l'effroyable tourbillon de ferraille et de sang.
Il resta conscient tout le temps infini que furent ces quelques secondes, jusqu'à ce que tout s'immobilise et qu'il n'y eut plus, en lui, que de place pour la douleur. Douleur insurmontable à chaque battement de cœur dans chaque parcelle de corps.
Douleur.
Il ne comprit la signification de ce mot qu'à cet instant précis où sa vie s'évanouissait lentement dans le noir, solitaire comme celle d'Holmes le serait certainement, après une dose de cocaïne de trop, pensant à Watson qui n'était pas là et qui avait pourtant toujours eu l'envie refoulée de l'être .... tragique coïncidence .... Il lui sembla que les lettres de ce mot se gravaient sur sa peau.
Rien ne serait plus jamais comme avant. Quand enfin il comprit cela dans toute son infinité, alors seulement, il put sombrer dans la nuit, comme une chouette qui s'envole en silence et que personne ne reverra plus.
Une larme roula le long de sa joue et rejoignit la terre.

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Dernière édition par Loufoka le 13 Sep 2012 20:00, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr
MessagePosté: 26 Juil 2012 15:24 
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c'est magnifiquement triste .c'est tres bien écrit , décrit , émouvant , poignant un grand :bravo: à toi

:suite:

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr
MessagePosté: 26 Juil 2012 18:01 
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merci beaucoup Orora =)
Il est vrai que je ne sais pas vraiment faire dans la dentelle, c'est souvent triste ce que j'écris ... mais bon rien de mieux pour révéler les sentiments n'est ce pas ? :lol:
je te donne la suite.
Encore merci à toi :oops:


Deuxième Partie


Je suis vivant.
Vivant.
Vivant
Ce fut la première pensée de Robert lorsqu'il s'éveilla.
Et il ne put déterminer si cet état de fait le rendait heureux ou terriblement malheureux.
Passé un moment, il se dit qu'il devait surement être à l'hôpital. Il n'entendait qu'un brouhaha autour de lui, ou peut-être était-ce le bruit de sa respiration. Ou plus exactement, du respirateur.
Il sentait le contact des draps sous ses doigts.
Passé quelques minutes, il put distinguer une voix, près de lui, une voix de femme.

- Oui maman. Non, je … les médecins ne peuvent pas encore se prononcer … je suis à l'hôpital, oui. Il ne s'est toujours pas réveillé … Non je n'est pas envie d'aller me reposer, je … non je ne peux rien avaler, à l'instant ! Ecoute maman, je te tiens au courant s'il y a un changement, d'accord ? Oui. Je t'aime aussi. À Plus.

Un bruit de touche de téléphone que l'on raccroche, reniflement, tapotement de pas sur le sol.
Robert eu un pincement au cœur lorsqu'il comprit qu'il s'agissait de sa femme, Susan.
Soudain, un froid intense – A moins que ce ne soit de la chaleur – le saisi à la poitrine, juste entre les poumons.
S'il était vivant …. dans quel état passerait-il le reste de ses jours ?
Une terreur telle qu'il n'en avait jamais ressenti s'empara alors de lui, et il entendit quelque part dans la pièce un « Bip-Bip » s'affoler.

Perdre un bras. Un jambe. Avoir une partie du corps brulé, atrophié, ou le visage défiguré … Ou même se retrouver paralysé, et ne plus même avoir la possibilité de se suicider … L'évocation même de telles alternatives réduisit sa raison en cendre, le glaça jusqu'au cœur des os.
Du mouvement, autour de lui. On le touche. Des voix.
Avec une détermination atroce, il se dit qu'il avalerai des cachet pour s'endormir à jamais, une bonne fois pour toute, si jamais …. si jamais …
Et puis, au pire, il payerait quelqu'un pour faire le travail à sa place s'il n'en avait plus les capacités …
Des larmes coulèrent sur ses joues, la peur en lui ne cessait d'augmenter, l'emplissant d'une horreur sans nom.
Vivre comme cela, c'était du vrai courage, pas la lâcheté déguisée qui pousse à se donner la mort, et il savait, au fond de lui, dans chaque battement fou de son cœur, qu'il préférait mourir comme un lâche que vivre courageux, et que cela, personne, personne n'avait le droit de lui interdire.
C'était une certitude viscérale.

- Il convulse ! Il convulse ! Aboya quelqu'un.

Précipitation tout autour de lui, on lui bloqua les membres.
Susan recommença de pleurer dans de terrifiant, incontrôlé hurlements, et Robert ne souhaita plus qu'elle se taise.
Les sanglots de sa femme réveillait en lui quelque chose en lui qu'il détestait. Il aimait réellement Susan, peut-être comme la mère qu'il aurait voulu avoir, mais ce n'était pas Susan, pas même un femme, qu'il entendait C'était de la peur à l'état pur, une peur égale à celle qu'il éprouvait à cet instant et ces crix étaient la matérialisation même de sa propre détresse.

- 'A 'erme, croassa-t-il
- Il a dit quelque chose, non ?
- Monsieur ? Monsieur, vous m'entendez ?
- La ferme !! Hurla-t-il

Il ouvrit les yeux d'un seul coup, se redressa dans un sursaut. Mais la douleur fut alors telle qu'elle lui coupa la respiration et il suffoca, la tête renversée sur l'oreiller.
Susan suffoquait elle aussi, entre deux sanglots étouffés. Elle se précipita à son chevet, lui prit la main, lui toucha le visage.

- Robert, Robert !
- Dites moi … dites moi, souffla-t-il, affolé
- calmez vous, monsieur, tout va bien, vous venez de subir un grave traumatisme et vous êtes à l'hôpital. Nous nous occupons de vous. Tout va bien.

Il crut pleurer de colère, de frustration, de peur.

- Dites moi !! Aboya-t-il, Si … je … Entier ? Que ? Je … Mon corps. S'il vous plait. Dites moi.

Les mots qui sortaient de bouche n'avaient aucun sens.
Il se fit une sorte de silence autour de lui, puis une femme se pencha vers lui et murmura à son oreille :

- Vous êtes entier, monsieur, tout va bien. Vous souffrez de plusieurs fractures mais rien qui ne vous empêchera de reprendre une vie normales d'ici quelques temps. Je vais renouveler votre dose de morphine. Reposez vous. Tout va bien. Votre femme est à vos côtés, elle ne vous a pas quitté.

Puis elle sortit de la chambre à son tour, sans se douter de ce que la dernière phrase évoquait chez Robert.

- Si, il m'a quitté …

Affronter le regard dévasté de sa femme par les heures d'attentes et de stresse interminables, sans savoir s'il allait vivre ou non, lui paru la chose la chose plus difficile qu'il eu jamais eu à assumer.
Il ne voulait pas lui mentir. Lui dire qu'il n'aurait simplement pas dû prendre le volant près avoir bu ainsi, que c'était un acte irresponsable et irréfléchi, et qu'il avait pensé à elle jusqu'à la fin.
Mais Robert ne supportait pas l'idée de dire de telles mensonges à cette femme – la sienne – qui avait versé tant de larmes pour lui. A défaut de l'aimer comme il faudrait, il se devait au moins de le respecter. car il aimait Susan peut être autant qu'il aimait Jude, seulement ...

- Susan … murmura-t-il. Je ne vais pas m'excuser, je n'ai envie de te mentir. C'était une décision. C'est moi qui ai choisi de lâcher le volant. Ce … n'était pas …. un accident !

Elle se mordit les lèvres et sanglota silencieusement sans le lâcher du regard, comme s'il n'avait fait que confirmer exactement ce qu'elle ne voulait pas entendre. Il soupira faiblement.

- Ne verse plus de larmes pour moi, Susan. S'il te plait. Ca ne fait qu'aggraver mon malaise. Je ne le mérite pas, Susie, fit il en lui prenant la main, pas toi, pas pour moi. Moi je n'ai pas pensé à toi quand j'ai pris ma décision, sur cette route. Il faut que tu comprennes … Mourir est bien plus douloureux pour ceux qui restent que pour celui qui décide de partir. C'est moi, moi seul, qui avait le droit de faire ce choix là, d'accord ? J'ai choisi en toute connaissance des faits et de ce que ça impliquerait, pour les autres et pour moi, mais c'est pour moi seul que j'ai choisi. Je suis là aujourd'hui et j'accepte de payer les frais, et c'était … mon choix.

Il se dévisagèrent un instant, puis il reprit doucement :

- Toi aussi, Susan … toi aussi tu avais le choix. Tu as toujours su qui j'étais. Ce à quoi tu t'engageais. Tu savais, nous savions tous les deux, que tu n'étais pas la personne capable de détruire mes démons, mais tu les éloignais, c'était déjà ça, et nous étions bien, ensemble … Plus que bien, tu sais à quel point je t'aime, Susie ... rien n'a changé, nous avons pris notre décision ensemble en toute connaissance des faits, pour le meilleur et pour le pire.
Je voulais pourtant te préserver de tout cela. Susan, tu ne peux pas me suivre là où je vais, là où j'ai toujours su que j'étais. Tu en aurais la force mais tu y perdrais ton âme et cela, je refuse. Je refuse de te détruire, personne n'en a le droit. Quand tu rencontreras quelqu'un sans lequel tu ne pourrais plus vivre, quelqu'un qui ne pourrait plus vivre sans toi, alors seulement tu pourras l'accompagner dans les ténèbres … celui là méritera que tu te brises pour lui, parce qu'il aurait fait la même chose pour toi, et par amour, pas par devoir. Pour soi d'abord, et pas pour l'autre. Tu me comprends très bien, Susie. Moi je ne t'aurais pas suivi. Je n'ai pas le droit d'exiger une telle chose en retour. 

Elle hocha tristement la tête, avec une compréhension tragique, et se rapprocha de lui, lui caressa le visage. Il lui baisa la main en murmurant « je t'aime » et elle répondit, comme elle répondrait à son enfant.

- Il faut le prévenir, chuchota-t-elle alors.

Une fois de plus le « Bip » de la machine s'affola et Rober pour la première fois détourna le visage, fronçant les sourils pour s'empêcher de pleurer alors que des larmes coulaient malgré lui sur ses joues.
Cela fit plus de mal encore à Susan, car c'était l'ultime aveux qu'il pouvait lui faire, et le pire, c'est qu'elle savait très bien que cela ne marquait pas pour autant la fin de leur relation, car Robert l'aimait sincèrement et ne pouvait pas se passer d'elle, encore moins en ce moment troublé, pas plus qu'elle ne pouvait se passer de lui.

- Il faut le prévenir, répéta-t-elle. Lui aussi mérites ton respect, lui … plus que n'importe qui, n'est ce pas ? Ne t'inquiète pas, Rob, ajouta-t-elle, je vais m'en charger … tout va aller, tu vas voir …

Il sanglota et elle le prit contre elle, inquiète.

- Qu'y a-t-il, Rob ?
- Il est parti, Susan … il est parti …


Jude embrassait Lily devant le perron de sa riche maison anglaise quand il reçu l'appel.
Son téléphone sonna une première fois et il décida de l'ignorer. Les beaux yeux de Lily occupaient toutes ses pensées, toute son attention, tous ses sens et toutes ses mains. Il se noyait dans son beau visage de poupée, capturait affamé les deux perles rouges de ses lèvres …
La pluie trempait leurs deux corps serrés l'un contre l'autre.
Le téléphone sonna une deuxième fois, il se détacha d'elle à regret en lui adressant son demi sourire destructeur, vit le nom de Susan sur l'écran de son portable.
Elle lui donna un dernier baiser gourmand et disparut à l'intérieur dans un petit rire coquin.
Jude baissa alors le regard vers l'écran. Son visage était devenu grave, soudain, et ses mains tremblaient sur l'appareil. Ce n'était pas vraiment une certitude ou quelque chose de clairement prononcé, juste une crainte instinctive, comme une fatalité, que l'on a à certains moments de la vie.
Il décrocha.

- Allo, Susan ?
- Jude ?

La voix de la femme était déformée par les sanglots. Jude déglutit, réussit avec difficulté à ne pas lâcher l'appareil tant ses mains tremblaient.

- Jude … il faut que tu viennes. Robert … Robert a eu un accident.

Un sifflement atroce envahit alors les oreilles de Jude, ses jambes flageolèrent, il recula pour s'adosser au mur, essaya de respirer calmement. Son corps ne put le soutenir, il s'écroula sur le palier. Les yeux fous, exorbités, il chercha des yeux quelque chose capable de calmer l'ouragan qui avait envahit son être. Son menton trembla.

- Jude ? Jude ? Appela la voix de Susan, loin, si loin …. Jude, il est à l'hôpital, il n'est pas en bon état, mais il est vivant

Il est vivant … il est vivant …
Il crut que son cœur allait exploser.

- il est vivant mais il ne va pas bien, et il se laissera sombrer si tu te reviens pas. Jude, ce … ce n'était pas un accident. Il a besoin de toi, j'ai besoin de toi à ses côtés. Tu crois que j'ignore ce que tu représentes à ses yeux, ce qu'il représente aux tiens ? Je m'en moque, Jude, tout ce que je sais c'est que tu es la seule personne qui puisse faire revenir mon mari à la surface. Reviens, s'il te plait. Reviens … je … ne veux pas … le perdre …

la voix de Susan disparut dans un éclat de larme et elle raccrocha.
Le téléphone échappa des mains de Jude qui le laissa tomber dans une flaque, se briser peut être sur le goudron. Tout son corps était pris de tremblements nerveux. Les yeux fixes, vidés de toute énergie, il se mit à sangloter, assis sous la pluie, se balançant d'avant en arrière tandis qu'il sentait exploser le remord qui bouillonnait en lui depuis qu'il l'avait quitté.
Lily ouvrit la porte, l'appela à plusieurs reprises, s'agenouilla à ses côtés et prit son visage entre ses mains. Il pleura sur ses genoux, s'accrochant désespérément à ses épaules.

- Que se passe-t-il, mon amour ? Murmura-t-elle de sa voix douce et frêle, qui était-ce, au téléphone ?
- Je dois partir …. répondit-il, tout de suite …. je suis désolé, Lily … Robert … Robert … je dois partir … il a essayé de se suicider … C'est à cause de moi … je l'ai abandonné…

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr
MessagePosté: 27 Juil 2012 20:38 
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oh my god ! la déclaration de robert est si prenante que j'en avais les larmes aux yeux , j'avais l'impression de me revoir 6 ans en arrière .

si d'habitude je n'aima pas susan , tu la rend si humaine et si compréhensible , que s'en est troublant .
la réaction de jude tout simplement magnifique et bouleversante

:bravo: :bravo: :bravo:

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr
MessagePosté: 28 Juil 2012 15:05 
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:oops: merci beaucoup Orora pour ces compliments, ça me touche que ça te plaise comme ça, pour moi je ne considère pas susan comme une de ces "poufs " à abattre, c'est la femme de robert et donc à ce titre elle mérité un peu d'attention, à mon sens. Elle est aussi un des gros pilier qui sépare Jude de Robert et vice verca, donc c'est impossible de la ... " jarter", disons, plus vulgairement, comme je le fais avec lily :lol:

Pourquoi dis tu que tu as l'impression de te revoir 6 ans en arrière ? :)

( je suis désolé; mais n'étant pas chez moi en ce moment tu n'auras la suite qu'à la fin aout :oops: désolé ... )
et merci encore, c'est très gentil de me lire. :wink:

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr
MessagePosté: 29 Juil 2012 11:30 
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j'adore vraiment ce que tu écris .
il y a six ans j'ai fais ce qu'a fait ton robert , mais je n'avais pas de susan ou de jude aupres de moi .

je tiendrai jusqu'à fin aout , :( enfin j'espère ^^

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr
MessagePosté: 30 Juil 2012 14:39 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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Tu as oublié le Rating dans ton titre. Peux tu le rajouter ?
merci d'avance ! :)

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 30 Juil 2012 18:43 
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Rating rajouté, merci de m'avoir prévenu, Narcheska.

Orora, je suis désolé :?
ça me touche d'autant plus et je suis contente, alors, d'avoir écris ça pour que tu puisses le lire ... même s'il ne m'ai pas arrivé la même chose, cette année, j'ai plus que jamais "joué" avec l'envie de suicide, d'où cette fic, et plus d'une fois j'ai espéré faire une chute dans l'escalier ... "accidentellement" ... alors, je peux comprendre.
Merci encore. Dès que je rentre chez moi, je te donnes la suite, promis :wink: ! Il faut juste un peu de patience ... ( je sais, plus facile à dire ... :lol: )

bonne vacances à toi
:bye:

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 30 Juil 2012 19:52 
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j'ai toujours certaine envie , mais j'ai un dérivatif à présent , si tu as besoin d'en parler je suis là ^^

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 30 Juil 2012 23:06 
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Merci beaucoup ... cette période a un peu passé maintenant, je n'y pense plus tout le temps ... et puis, heureusement que Robert est là pour endosser ça hein :wink:
mais je veux bien parler avec toi, pour parler ... tu écris des fics ?

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 31 Juil 2012 11:11 
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oui j'écris aussi , j'en ai posté quelqu'un uns ici , ainsi que sur d'autre fofo et j'ai un blog ^^

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 13 Aoû 2012 13:28 
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J'essayerais de les trouver, alors. :wink: Elles sont sur qui ? :D
Comme je suis rentrée plus tôt que prévu, je te donne la suite :


Troisième Partie


Jude venait de subir plusieurs heures de vol lorsqu'il arriva à l'hôpital que lui avait indiqué Susan. Il dépassa en coup de vent les portes vitrées, courut comme un fou à travers le hall et s'arrêta juste à temps devant l'accueil, failli s'étaler sur le comptoir de la secrétaire, qui lui jeta un regard suspect par dessus ses fines lunettes rectangulaires.

- Bonsoir, Monsieur. Puis-je vous aider ?
- Je … je … bafouilla-t-il, essoufflé, je cherche … Pouvez vous me donner le numéro de la chambre de Robert Downey, s'il vous plait ?

Elle l'examina un moment. S'il elle l'avait reconnu, elle n'en laissa rien paraître.

- Famille ? Ami ?

Jude cligna des cils, gêné.

- Euh … je … ni l'un ni … euh, ami, oui.

Il toussota pour faire passer ce moment de gène, la pressa :

- s'il vous plait, dépêchez vous, je viens de me taper je ne sais combien d'heure de vol pour …
- Je ne peux vous donner un numéro de chambre, Monsieur, le coupa-t-elle, parce que votre ami ne se trouve plus dans sa chambre.

Le sang de Jude se glaça dans ses veines.

- Quoi ? … Que ?

Il ne put finir sa phrase et s'accrocha au bureau d'accueil.

- Il se trouve en ce moment même au bloc opératoire, mais vous pouvez rejoindre sa femme à l'étage 6, elle s'y trouve également, à ce que j'ai cru entendre.
- Au bloc opératoire, mais … ? je croyais que ….
- il y a eu des complications.

Il hocha difficilement la tête, traversa le hall en direction de l'ascenseur.
Il n'avait jamais remarqué comme marcher droit, paraître calme, sous le regard de tous qui le dévisageaient et chuchotait à son passage, pouvait être difficile. Il dut faire un effort surhumain pour ne pas courir à toute allure vers l'endroit indiqué, et ne pas s'énerver après l'ascenseur, ne pas éclater en sanglot, ne pas mourir d'inquiétude … Lorsqu'il arriva à l'étage 6, le couloir était désert, et les baie vitrées de l'hôpital étaient grandes ouvertes à la nuit remplie des lumières de la ville. Alors qu'il avançait, son blouson à la main trainant sur le sol et que des larmes coulaient, innocentes, sur son visage d'ange, il entendit des sanglots, vit Susan recroquevillée à même le sol, la tête entre les mains.

- Susan ?

Elle leva la tête et il sentit le regard de la femme s'accrocher désespérément à lui, alors qu'elle se précipitait malgré tout dans ses bras et que sa douleur, faisant écho à la sienne, l'emplissait d'un remord nouveau.
Ils tanguèrent légèrement, accrochés l'un à l'autre dans le couloir, sanglotant sur l'épaule de l'autre.

- Que s'est-il passé ? S'enquit Jude, On m'a dit … Susan, raconte moi.

Elle lui fit signe de l'accompagner sur les sièges et se moucha avant de commencer.

- J'ai reçu l'appel la nuit dernière … Un camionneur avait trouvé la voiture de Robert en dehors de la route, en mauvais état … Mon mari se trouvait à l'hôpital et les médecins faisaient tout leur possible pour le sauver … je suis venue immédiatement, j'ai attendu jusqu'à ce matin où il s'est réveillé, c'est là que je t'ai appelé … Il venait de me parler, et …
- Et ensuite ? L'encouragea doucement Jude qui déglutit. Que t'a-t-il dit, Susan ?

Elle leva lentement le visage vers lui et le dévisagea. Il ne put déterminer si c'était de l'affection, une réelle affection, ou de la haine pure, cependant il ne baissa pas les yeux et attendit qu'elle poursuive.

- Tu le connais … tu sais très bien ce qu'il a pu dire. Il m'a avoué que ce n'était pas un accident, le reste me regarde, ce n'est pas à moi de te le dire.

Pendant un moment aucun des deux n'osa briser le silence.

- Il est … mal, Jude. Très mal. Et ton départ, il me semble, n'a fait qu'aggraver les choses. Robert est si …

Elle ne put trouver le bon mot, et Jude compléta doucement :

- mystérieux.

Elle secoua la tête de haut en bas pour acquiescer tant les larmes l'empêchaient de parler. Enfin elle reprit son souffle.

- Il y a des choses, chez lui …

elle leva la tête vers lui et ils se dévisagèrent, comprirent l'un et l'autre de quoi ils parlaient, se sourirent.

- Des choses qui m'effrayent, termina-t-elle. Est ce que toi tu arrives parfois à … le comprendre ? Est ce qu'il t'a confié des choses que j'ignore ou … Jude, s'il te plait, si tu sais quelque chose …
- Robert ne m'a rien dit de précis, je sais seulement qu'il souffre d'un manque de confiance énorme et qu'il a dût vivre des choses qui le tourmentent toujours et dont nous n'avons pas connaissance, ni l'un ni l'autre, Susan. C'est quelqu'un de tellement sensible ... je ne sais pas plus de choses que toi, je n'avais pas besoin de savoir, je savais seulement que c'était des choses douloureuses pour lui et dont il finirait par me parler. Je savais aussi … que ma présence apaisait cela et en attendant qu'il puisse formuler pour moi ce que j'ignorais, je prenais soin de lui autant que je le pouvais, je le rassurais lorsque je savais qu'il n'allait pas bien et que ses démons reprenaient le dessus, et j'essayais de le faire sourire, comme il ne manquait pas de me faire sourire à son tour … mais il ne m'a jamais rien dit, Susan. C'était évident. Je ne peux rien dire de plus.

Il détournèrent le visage, fixèrent la vitre, devant eux. Puis il glissa sa main jusqu'à la sienne, qu'il serra fort.

- Je suis désolé. Je ne voulais pas …

Elle essuya ses larmes

- Ne dis rien. Tu n'y ai pour rien. Heureusement que tu es là, sinon …

Il décela dans sa voix, malgré l'espoir insensé qui la faisait trembler, un reproche amer. Mais il ne releva pas et se contenta d'hocher doucement la tête.

- Comment se fait-il qu'il soit encore en bloc opératoire ?

Il lui jeta un regard à la dérobé. Il aurait voulu paraître fort et confiant pour la rassurer, mais il était mort d'inquiétude.

- Après t'avoir appelé, j'ai voulu retourné dans la chambre, et … il y avait pleins de médecins autour de lui, tous courraient … je n'ai pas compris, on m'a fait sortir de la chambre en me priant de garder mon calme, puis il l'ont transféré au bloc … je crois que ses blessures se sont rouvertes, il a fait une hémorragie interne … il crachait du sang … Ils sont venus juste avant ton arrivée pour me dire qu'ils faisaient leur possible, mais qu'ils ne pouvaient pas encore se prononcer … Il souffre de plusieurs fractures et contusion, mais … Jude, on m'a dit qu'il avait un morceau de taule enfoncé dans le ventre … je ne sais même pas comment il a put tenir jusqu'à l'arrivée des secours …

Le menton parcouru de tremblement, les lèvres serrées, Jude hocha la tête sans dire un mot et soupira en fixant le sol, se leva, commença à faire les cents pas dans le couloir … il ne restait plus qu'à attendre, attendre que quelqu'un se prononce, attendre le pire, sans pouvoir rien faire … Il ne se laissa pas aller en présence de Susan, s'empêchant de penser à autre chose que l'instant présent, priant, espérant, mais il sentait déjà une grosse boule dans son ventre, remplie de choses hideuses qu'il ne préférait pas regarder, pas encore, pas alors que Robert était entre la vie et la mort …


Les médecins ne vinrent les trouver qu'au matin, alors que Susan, éreintée, avait fini par s'endormir sur les sièges inconfortables de l'hôpital, couverte du manteau de Jude, et que ce dernier, assis par terre, la tête entre les mains, le visage ravagée par la fatigue, n'avait pas pu fermer l'œil de la nuit.
Il leva la tête vers les médecins tandis que Susan sursautait et se redressait vivement. Son visage devint livide. Le sang battait à ses oreilles. Il sentait qu'il aurait dû se lever et rejoindre Susan, mais il n'en avait pas la force. Il était là, pétrifié par la peur, à fixer les médecins …

- Nous avons pu le ranimer mais les blessures de votre ami sont graves et nous avons dû le plonger en coma artificiel, il ne se réveillera que dans quelques jours, voire … plus d'une semaine, nous ne pouvons déterminer. Une chose cependant : il souffre d'une fièvre persistante et paraît particulièrement insensibles à nos soins. Vous savez bien que certaines choses dépassent, hélas, nos domaines de compétences … s'il ne souhaite pas revenir, nous ne pouvons rien faire. Son corps perds ses défenses.

Et, à cet instant, bien que le médecin ne le regarda pas, Jude comprit, en son fort intérieur, que ces derniers mots lui étaient destinés, et qu'il était le seul à pouvoir le sauver, sans aucune prétention, juste comme une évidence.

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 13 Aoû 2012 23:06 
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un affrontement doux amer , cruel entre la femme et l'amant , c'était poignant .
tu me fais vraiment flipper pour Robert .

ps : j'écris sur tout , en ce moment mon pairing phare est mcshep , mais j'écris aussi merthur , et j'écris aussi sur les chanteurs et comédiens asia

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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 14 Aoû 2012 09:57 
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Oui, pauvre Jude ... moi c'est lui qui me fait flipper, le pauvre, vraiment ... ne t'en fait pas, je n'aime pas les fins tristes, je râle suffisamment quand il y en a dans les films ou les livres. :wink: Mais il est vrai que si je termine d'écrire un jour ma fic "Apologies" sur Holmes et Watson, alors, J'avais prévu deux fins, une où Holmes meurt et une où il survie, mais bon ...

Je ne connais aucun de tes pairing :( Enfin, arthur et merlin, si, mais j'ai jamais pu voir la série ni su quand sur quelle chaine elle passait, et maintenant que megauplaod a été retiré, et bien ... :evil:
Voilà voilà.
mais je veux bien connaître. Par contre, Mcshep ... ? :oops:
Sorry. Quand aux chanteurs, c'est pas trop mon truc :? , j'aime bien le domaine du cinéma, du théâtre, c'est souvent l'univers dans lequel je place mes personnage et je reprend souvent des scènes des films, comme dans le seigneur des anneaux avec Billy Boyd et Dominic Monaghan, mais je n'ai pas posté mes fic sur le SDA.

je te donne la suite :

Quatrième Partie

La nuit était sombre, par la fenêtre.
Une obscurité que même les lumières de la ville ne parvenaient à écarter, et que les néons crus du couloir de l'hôpital aggravaient encore plus.
Une obscurité qui semblait, même de jour, assombrir le cœur de Jude. Tout semblait se noyer dans les ténèbres, il ne savait pas même depuis combien de temps il était là, debout devant cette chambre, à attendre un signe, attendre quelque chose. Les autres continuaient de vivre et lui, il était toujours là, depuis des jours, mangeant à peine, ne vivant plus, osant à peine respirer.
Car son monde à lui était dans cette chambre, suspendu dans le coma entre vie et mort, et il lui semblait que lui aussi y était, semblant dormir …
le front appuyé contre la vitre, il regardait Robert, allongé sur le lit d'hôpital, torse nu, le corps trempée de sueur et frissonnant. Cela faisant un moment qu'il se tenait ainsi, à le fixer, sans qu'aucune expression ne traverse son visage. Il ne sentait même plus son propre corps, à force de se perdre sur celui, inaccessible, de Robert.
Il errait dans l'hôpital jours et nuits, vivait entre ces murs comme s'il en avait toujours été ainsi. Comme une créature de l'ombre, en marge de la vie, en marge de la mort.
Chaque instant pouvait mener vers l'abîme.
Chaque instant était détresse, souffrance, effondrement, espoir qui meurt et qui ne cesse de renaitre … de ressurgir, malgré tout, des ténèbres.

On ne peut pas dire que l'on s'habitue à vivre en sachant que la seconde qui va suivre peut amener le pire, que tous ces espoirs, toutes ces prières, toutes ces espérances, peuvent disparaître l'instant d'après, s'envoler comme une nuée de papillon argentés et qu'on ne pourra, alors, plus rien faire, plus rien attendre que de mourir soi même.
Non, ne s'habitue pas à ça, à cette souffrance là, à cette peur là. On sait que notre monde – tout, tout, tout – peut sombrer à jamais, emporter tout espoir, dévaster toute forme de joie, que rien pour nous ne pourra jamais renaître comme avant, et que pourtant le monde continuera de tourner, les gens de rire et les nuages de passer, ignorant, ignorant que ce jour est pour nous le dernier, que l'on ne sera jamais plus qu'une âme détruite, morte, dans une enveloppe charnelle qui continuera de vivre, par automatisme …

Mais l'on ne peut rien, en attente de cette fin atroce, on est jeté dans la plus grande impuissance, livré au destin, à la clémence d'un Dieu que l'on ne connait pas, et parfois, la douleur nous rend fou au point d'espérer ce que nous redoutons le plus, que tout se termine enfin, comme une délivrance …
Songer au meilleur nous est insupportable, car bien sur, si jamais ça ne se déroulait pas ainsi … Alors on préfère imaginer le pire, tout en niant, au plus profond de nos entrailles, que cela arrive réellement.
Cela ne peut pas arriver. On a beau projeter tout ce qu'on veut, se conditionner, non. Ce n'est pas vrai. Rien ne prépare à ça. Car tant qu'il restera, quelque part, une étincelle d'espoir … on préférera la regarder elle, n'est ce pas ?
On ne peut pas regarder les ténèbres en face, se préparer à cette rencontre. Ce sont elles qui nous surprennent, toujours.

Jamais ces instants hors de toute normes ne quitteront Jude, jamais il ne pourra se défaire de l'odeur de ces murs, de l'odeur de son corps transpirant et puant, de chaque petit détail de ce lieu envahi par la peur.
Jamais la vision de Robert allongé sur ce lit-là, couvert d'hématomes, de bandages, de tuyaux, de cicatrices, ne s'effacera de sa mémoire.

Durant ces jours interminables, fantôme entre deux couloirs, il eu le temps de faire le point sur sa situation …
il revoyait Robert, debout devant lui comme un petit garçon, trop fier pour le retenir, et lui trop lâche pour lui dire aurevoir comme le méritait leur complicité.
Il n'aurait pas eu tant de mal à abandonner un simple ami à l'aéroport, il n'y aurait même pas été question «  d'abandon », si leur relation avait été normale.
S'il n'y avait jamais eu plus qu'une simple amitié, ça n'aurait pas été si difficile de se séparer.
Pas si … contre nature.
Il le savait, depuis le début, il le savait que Robert serait plus qu'un simple ami, lui qui savait voir le côté sombre au delà de sa belle gueule de beau gosse parfait. Lui qui lui avait donné plus de respect et d'importance que n'importe laquelle de ces filles avec lesquelles il partageait ses nuits.
Robert lui apportait ce que personne d'autre ne pourrait lui apporter, et lui … Il le trahissait, par … principe.
Il trahissait l'être qu'il aimait le plus au monde par principe.
Car il s'agissait bien de trahison, même si personne d'autre qu'eux ne pouvait réellement comprendre. Ils se connaissaient trop bien pour faire semblant d'ignorer l'état de l'autre, Jude savait parfaitement ce que son départ causerait à Rob, aussi bien que ce dernier savait pourquoi il le faisait, et que tous deux savaient que l'un et l'autre le savaient également.
Mais s'il avait seulement pu se douter … Non, il y avait des choses qu'il ignorait encore chez Robert, peut être trop laides pour être regardé en face, tout comme il était dur de regarder leur relation en face pour ce qu'elle était …
Ils avaient passé la plupart du temps de tournage à se tourner autour en une grisante partie de séduction, comme des enfants s'entraineraient à s'aimer en dansant le tango, jouant au chat et à la souris, entre deux prises, comme dans un rêve … là bas, cela avait peu d'importance, de s'aimer, pour de vrai ou pour de faux, quand il était si simple de se fondre dans des personnages …
Mais une fois revenu sur terre et voir pour la première fois leur film confronté au grand public, être témoin de tant d'hystérie lorsque Robert le prenait à la taille, être assailli par toutes ces questions auxquelles ils avaient préféré, d'un accord commun implicite, ne pas donner de réponse ...
Recevoir tout ça à la figure, alors que ce n'était que bien minime comparé à ce qu'il faisaient sur le plateau, et ne plus savoir vraiment qui l'on est après tout ça, s'il l'on doit se considérer comme cela parce qu'on a des sentiments ambiguës, quand tout semble si magique …

Alors, il avait fallu reprendre une vie normale, se ranger une nouvelle fois du bon côté des choses, en faisant semblant que tout n'avait été qu'un songe, rien qu'un mensonge.
Le mensonge du jeu.
Ignorer qu'ils étaient deux hommes, et qu'ils s'aimaient peut être comme il ne faudrait pas s'aimer. Comme deux stars internationales ne peuvent pas se permettre de s'aimer … Ils ne pouvaient plus feindre, pourtant, de ne pas connaître l'homme qui se cachait derrière l'image, pas feindre que cela ne leur était pas si indispensable …
Et Jude savait tout cela.
Pourtant, il n'avait pas hésité à livrer à ses démons la seule personne sur terre qui l'aimait au delà des apparences, au delà de l'image, au delà de leur réputation … Il savait que ce qu'il quittait ce jour là était un cadeau rare et précieux de la vie, et que ça ne se renouvellerait plus, il avait quitté sa première et dernière chance d'être heureux, pour la postérité.
Pour la postérité.
Parce qu'un homme comme lui ne pouvait pas être comme ça, vivre cette vie là.
Et alors que cette phrase se formulait dans son esprit, l'image d'Holmes disant à Watson « c'est cela qui nous différencie, Watson. Contrairement à vous, je ne refoule rien !  » s'imposa, et il ressentit à l'égard de sa personne un dégout sans borne.
La tragique ironie de la situation lui donna presque envie de rire.
C'était tellement simple, de se dire que la souffrance de Holmes n'était qu'un talent de plus de Rober ! Mais il ne pouvait plus mentir, maintenant qu'il était face au mur, sur le point de perdre ce qu'il avait de plus cher. Il ne pouvait plus mentir, alors que Robert quittait lentement la vie pour rejoindre le sommeil de la mort … à cause de lui.
A cause de lui !
Le regard toujours rivé sur Robert, avec Susan à ses côtés, il déglutit, ravala les larmes qui lui brulaient les joues.
Tout était de sa faute, et il ne pourrait jamais guérir de la blessure d'avoir fait mal à Robert. Pire que l'accident, la douleur qui l'avait poussé à ce geste. Cela, il ne pourrait jamais se le pardonner.

A cause du remord qui le rongeait, il n'osait rentrer dans la chambre de Robert. Il ne pouvait se permettre de se tenir aux côtés de Susan et pleurer toutes les larmes qui lui nouaient la gorge, retenues jusqu'à lui donner mal au crane.
Non, il ne pouvait y avoir deux personnes au chevet de Robert. L'une d'elle serait de trop et Jude ne voulait pas imposer ce choix monstrueux à Susan.
Il n'avait pas le droit de souffrir plus qu'elle, pas après tout ce qu'elle avait fait. Il n'avait pas le droit de craquer. Mais d'un autre côté, se seraient peut être les dernières images qu'il aurait de Robert, et il ne pourrait plus sentir son odeur … plus sentir le contact de sa peau sous ses doigts. Et il ne saurait jamais … celui de ses lèvres sur les siennes.
Ses yeux se remplirent de larmes et une nouvelle fois il les ravala.

Alors, comme si elle l'avait senti, Susan se tourna vers lui et le dévisagea de son regard tellement intuitif … Il baissa la tête et se concentra de toutes ses forces sur le rebord de la vitre, sourcils froncés tandis que la femme se levait pour le rejoindre. Elle s'arrêta à côté de lui et pendant un instant, il lui sembla qu'elle ne savait pas, elle n'ont plus, comment faire.

- Jude ? L'appela-t-elle doucement

les yeux embués de larmes, il leva le nez et la regarda. Elle lui adressa un sourire triste et ses yeux brillèrent d'une telle compréhension qu'un instant, il comprit pourquoi elle plaisait tant à Robert.

- Je crois qu'il est inutile que je reste plus longtemps à ses côtés, constata-t-elle, ma présence semble lui être aussi inutile que les traitements des médecins !

Elle força un petit rire pour détendre l'atmosphère mais la tristesse dissimulée derrière ne fit que l'accabler un peu plus. Cependant, il fit semblant de sourire à son tour bien qu'elle ne fit pas dupe.

- Je suis là depuis … un moment, maintenant, continua-t-elle, et Jude devina qu'elle non plus ne savait pas combien de temps cela faisait exactement, je vais finir par devenir folle si je reste ici et cela n'aidera en rien Robert, au contraire. Alors je vais rentrer chez moi prendre une douche et me reposer, je reviendrais demain matin, tu es d'accord ?

Elle disait cela par simple mesure de politesse car elle savait très bien que non seulement l'homme serait d'accord mais qu'il n'attendait que ça.
Jude acquiesça sombrement. Elle enfila son manteau et pressa son épaule en le contournant, s'arrêta pourtant au bout de quelques mètres et se tourna vers lui, bien qu'il fut toujours concentré sur la vitre.

- Et, Jude … Ramène moi mon mari.

Sur ce, elle quitta le couloir. Jude resta là, inerte, guettant le claquements fatigué des pas de la femme qui s'éloignaient, et ne se décida à bouger que lorsqu'il n'entendit plus rien. Alors, comme un automate, livide, il se posta devant la porte, posa la main sur la poignée, poussa délicatement …
Le bruit insupportable du respirateur artificiel, se mêlant aux « bip » mesurant la fréquence cardiaque du mourant, envahissaient toute la pièce. Déjà, il sut que ce bruit le hanterait longtemps, même – et surtout – lorsqu'il n'y aurait plus que le silence, quelle que soit l'issue. Il trembla, pétrifié. Enfin il s'approcha du lit, presque effrayé de ce qu'il allait découvrir. Et chaque bleu, chaque contusion, chaque cicatrice, chaque bandage, réduisait un peu plus son souffle, creusait le remord atroce qui le rongeait … car la plus petite blessure était son œuvre.
Il s'immobilisa et posa les mains sur la barre du lit, dévorant du regard le visage de Robert qui l'absorba complétement.
Il semblait dormir, ses paupières closes et ses longs cils noirs désespérément fixes. Pourtant, quelque part près de la bouche, il avait toujours cette étrange mimique qui donnait l'impression, même dans le sommeil le plus profond, qu'il était triste. Son visage dépourvu de la moindre expression, débarrassé des encombrements de la pensée éveillée, ressemblait à celui d'un enfant.
Sans qu'il ne s'y attende, Jude fut assaillit par la vision insoutenable de Robert se vidant de son sang entre les morceaux de voiture déchiquetés, un bout de tôle enfoncé dans le ventre, laissant le précieux liquide vermeil s'écouler à flot de la blessure béante … il entendait ses gémissements, voyait ses yeux noyés de larmes, son corps pris de convulsions espérant échapper, peut-être, à la douleur …
Alors, les digues cédèrent et il se laissa tomber sur le tabouret qu'avait occupé Susan, secoué de sanglots dont les plaintes envahissaient la pièce. Sa main chercha désespérément celle de Robert et il la serra fort.

- Rob' … Rob', pardonne moi … je t'en supplie, reviens, Rob', reviens ! Je pourrais pas … sans toi …

Il scruta le visage de Robert à la recherche d'un signe, se mit à caresser son épaule nue, son bras.

- J'ai bien réfléchi, Rob' … je me fiche de savoir exactement ce qu'il y a entre nous, je me fiche complètement de ce que pensent les autres, ce qui compte, c'est que nous soyons heureux. Et je l'étais à tes côtés, je … je le suis à tes côtés.

Il s'essuya le visage, repris dans un rire nerveux:

- Que dirait Watson, déjà ? Ah, oui ! Espèce fripouille sans cœur, je ne vous laisserais pas me crever entre les bras !

Malgré tout, cette phrase seule réussi à le faire sourire.

- Tu te rappelles, Rob' ? C'était magique, tout ça … Tout ce qu'on a pu faire sur ce tournage, tous les délires qu'on a pu avoir … je m'en rappelle, tu étais tellement concentré à ce moment là, on aurait dit que tu étais vraiment mort, et moi, je riais, j'arrivais pas me concentrer, j'essayais de m'y mettre et j'arrêtais à chaque fois avant d'avoir pu aller jusqu'au bout. Vu comment Watson était sensé s'énerver, j'avais peur de te faire mal, je voulais pas te frapper … Pour me rassurer, tu m'as dit que tu aimais bien les coups, et là, c'était fini, j'arrivais même plus à respirer tellement je riais et Guy était furieux …
Toutes les fois où il a été furieux contre toi et ton comportement emporté ! Et pour la scène du train … ! Là, je crois que toute l'équipe a dû se moquer de nous pendant trois semaines, tu me chambrais en me disant de faire ressortir la tigresse qui étais en moi, tu me chambrais en me demandant si ça me déplaisait à ce point de t'arracher tes vêtements. Oui, c'était tellement bien …

L'évocation de ces moments heureux parvint à chasser un peu les murs froids de la chambre qui empestaient la peur et la mort. Peu à peu, pourtant, la réalité sinistre du moment repris le dessus et son visage redevint grave. Il caressait toujours Robert. En posant son menton au creux de son bras appuyé contre la barrière du lit, il monta jusqu'à la gorge, dessina le contour de sa mâchoire, ses joues, ses yeux, son front …

- Si tu pouvais m'entendre, je sais que tu espèrerais que je laisse enfin parler mon cœur au lieux de me cacher derrière celui de Watson, et bien … je ne sais pas si j'en suis capable, Rob'. Si tu savais comme je m'en veux …

Sa peine le submergea encore une fois.

- Comment pourrais-je à nouveau te regarder en face, après ce que je t'ai fais ? Je donnerais tout pour que tu rouvres les yeux, Robert, absolument tout … je me sens tellement seul, à vrai dire je crois que … je ne me suis jamais senti aussi seul de ma vie. Comme si plus personne ne pouvait me comprendre, je crois que tu sais très bien de quoi je parle. Être seul au milieu des gens, c'est affreux, je ne m'en rends vraiment compte qu'aujourd'hui. Si je dois passer le reste de mes jours dans cette solitude, alors … non, non, je ne peux même pas imaginer, je ne veux pas, c'est impossible, tu vas te réveiller, hein ? Tu vas rouvrir les yeux et nous serons à nouveau réuni, n'est ce pas ?

Il enleva son sweat et l'étala sur le torse de son ami, posa sa tête sur les draps, respirant l'odeur de Robert.

- Je t'aime, Rob', murmura-t-il en le dévorant des yeux alors que son bras, entourant la tête de ce dernier, allait caresser sa tempe. Je t'aime si fort … reviens, j'ai tellement besoin de toi …

Comment pu-il s'endormir dans une position aussi inconfortable ? C'est ce qu'il se demanda, pourtant, le sommeil tomba sur lui comme une chape de plomb.

Lorsqu'il s'éveilla, une nuit noir l'entourait, et la peau nue de ses bras, couverte de chair de poule, le faisait frissonner. Il essaya de tourner la tête et la douleur qui irradia dans sa nuque lui arracha un gémissement de douleur. Il se redressa pourtant et regarda Robert, toujours aussi inerte. A cause de la fièvre, il se rappela que ce n'était pas bon de le couvrir trop et posa donc le sweat à côté de son visage, tout contre sa peau. Ainsi, même s'il avait froid, c'était comme si une part de lui restait pour veiller sur son amant, doux comme ses caresses. Le dos fourbu, les jambes faibles, il se leva et clopina jusqu'à la porte, où il jeta un dernier et long regard à Robert.

- Je reviendrais un peu plus tard, Rob'. Attends moi, hein ?

Et il sortit. L'expression exacte aurait été « ne pars pas pendant mon absence ! » mais c'était bien trop dur à prononcer. Il alla jusqu'à la cafétéria de l'hôpital et, s'asseyant dans un coin tranquille, commanda un cappuccino et une pâtisserie surchargée en sucre bien qu'il ne soit pas certains que son estomac noué et nauséeux pourrait le supporter. Mais le besoin vital de manger le faisait trembler et puis, le chocolat est parfois un très bon compagnon en ces moments de détresse, comme un peu de vie dans la mort ambiante. Il se demanda alors qu'elle heure il pouvait être et jeta un regard à l'horloge. 3 h et demi. Le jour se lèverait dans quelques heures.
Le temps qu'il passa là, ces durs moments sourds à toute pensée heureuse, lui parurent intemporels. Plus rien n'avait d'importance, il aurait pu rester là des jours durant, l'esprit aussi vide qu'un long ciel gris et informe.
Lorsqu'il releva la tête, il s'aperçut par la fenêtre que la nuit s'éclaircissait, le jour palissait sur la ville encore endormie. Il était seul à présent dans la cafétéria et Susan ne lui avait toujours pas envoyé de message. S'interdisant toute autre pensée, il se demanda si elle était arrivée. Peut-être était-elle déjà au chevet de son mari. Peut-être. Lasse, il se leva en soupirant, essaya sans succès d'étirer son dos contracté et claudiqua jusqu'à l'étage où se trouvait la chambre de Robert.

Voilà !! Un peu longue peut être cette partie là ... mais la fin est proche :wink:

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" Si une romance gay parvient un jour à dépasser Titanic dans la liste des plus gros succès de tous les temps, il faudra, à l'occasion, lever notre chapeau à Guy Ritchie "


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 Sujet du message: Re: Jeux Dangereux - Jude Law/Robert Downey Jr - PG-13
MessagePosté: 16 Aoû 2012 01:06 
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Slash ou non, telle est la question...
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Inscription: 28 Avr 2011 22:49
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j en avais les larmes aux yeux , les sentiments de jude sont tellemtn breaux et forts ,et la comparaison avec ceux de watson , tres bien fait .
comment ça la fin est proche ??

ps : mcshep c'est mckay et sheppard dans stargate atlantis , mais j'en ai pleins d autres^^

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Qu'est-ce qu'un homosexuel? Un homme qui a tout compris aux femmes. Olivier de Benoît.


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