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 Sujet du message: [En cours] Forever Now - PG-13- MCR, traduction
MessagePosté: 31 Mai 2012 18:31 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Localisation: Between Heaven and Hell
Auteure: passe_simple
Titre: Forever Now
Warnings: Attention, les gens, du angst et des sujets sensibles, même si ça reste soft...Rien n'est explicitement dit, mais par précaution, je dirais PG-13. Il s'agit d'une kid!fic MCR.
Résumé: Gerard et Mikey ont perdu leurs parents, mais ils ont trouvé Brian.
Disclaimer: Les gars ne m'appartiennent pas, je ne fais que traduire la fic! Fic qui a été inspirée par cette photo : http://s153.photobucket.com/albums/s227 ... 066wzq.jpg
Note de la traductrice: Bon, j'ai lu récemment cette fic qui m'a vraiment beaucoup plu, j'ai donc décidé de la traduire. Par contre, il y aura l'apparition de personnages qui vous ne connaissez pas forcément. Il y a Brian Schetcher, qui a un rôle fondamental dans l'histoire, qui était l'ancien manager de MCR. Il y aura aussi des mecs de chez Cobra Starship et de chez Panic! At the Disco.
En espérant avoir traduit convenablement et en espérant que cette fic vous plaira autant qu'à moi, je vous souhaite une bonne lecture! :D

(Cette fiction est aussi dispo sur livejournal! http://loverfrommars.livejournal.com/1015.html
Et je vous conseille également de jeter un oeil aux fictions de l'auteure. Elle est très douée!)
////

Putain, qu’est-ce qu’il faisait froid dehors.
Brian avait enfoncé aussi loin qu’il le pouvait ses mains dans ses poches, mais elles étaient encore rouges et engourdies. Il pouvait voir son souffle à chaque fois qu’il expirait. Il aurait voulu un café bien chaud, juste pour se réchauffer les doigts. Mais il ne portait même pas de gants. Merde, il ne pouvait pas attendre d’être rentré chez lui.
Le problème, c’était qu’il ne pouvait pas prendre le bus, ou un taxi, ou profiter de n’importe quel autre transport en commun que n’importe qui d’autre dans Philadelphia utilisait, parce qu’il n’avait plus son portefeuille.
Il l’avait perdu quelque part entre sa maison le matin, quand il était parti, et quand il avait quitté le boulot. Et plutôt que d’utiliser la voiture de la compagnie, il se dit qu’il pouvait marcher. Il ne faisait pas si froid.
Mais maintenant le soleil se couchait derrière les buildings, et les trottoirs étaient presque déserts, et Brian sentait son nez s’engourdir. Son écharpe glissait de dessus sa bouche, et il ne pouvait même plus froncer les sourcils : il avait l’impression que son visage entier était gelé.
Brian se comportait comme un bébé, c’est vrai, mais il ne pouvait pas arrêter de regretter de ne pas avoir eu son portefeuille.

Il était à peu près à quatre blocs de chez lui quand il vu le garçon. Il ne le reconnut pas spécialement, c’était plus l’idée de cheveux sombres, veste sombre, jeans déchirés, il les avait déjà vu quelque part –ce matin ?
La –le ? gosse était debout, devant la débouchée d’une ruelle, ses longs cheveux pendant devant sa figure, les mains enfoncées dans les poches de son jean déchiré et crasseux, et sa veste n’avait pas l’air assez chaude du tout. L’air le balaya une seconde, et Brian réalisa que ce gosse était un garçon, de peut-être onze ou douze ans.
Mais bordel, où étaient ses parents ? Qui laisserait un pré-ado errer dans les rues sans un chapeau, ou des mitaines le jour le plus froid de Mars dont Brian pouvait se souvenir ? C’était le genre de choses qui faisait que Brian était content de ne pas avoir d’enfants dont se soucier.
Le môme le regarda quand il passa à côté de lui. Il avait les plus grands yeux que Brian ait jamais vus, ils étaient absolument énormes, avec des cils sombres, et ses cheveux étaient emmêlés. Brian était à peu près sûr que sa mère à lui ne l’aurait jamais laissé sortir de la maison sans qu’il ait au moins lavé ses cheveux, même maintenant. L’éducation se faisait de plus en plus relâchée.
Soudainement, deux choses lui vinrent à l’esprit.

Premièrement, ce gosse n’avait probablement pas de parents.
Deuxièmement, il se rappela brièvement l’avoir vu ce matin, juste après la dernière fois qu’il avait vu son portefeuille.
Brian s’arrêta net en face de la ruelle. Les yeux du garçon s’agrandirent et il recula d’un pas, comme si Brian avait dit quelque chose. Brian était gelé, parce qu’il n’arrivait pas à définir ce qu’il voulait dire. « Hey, est-ce que t’as volé mon portefeuille », ça semblait un peu enclencher la confrontation. « Hey, t’as pas froid ? » ça avait juste l’air bizarre.
Ils se fixèrent l’un l’autre pendant une seconde. Brian sentit son estomac se serrer. Il devait dire quelque chose. La compétition de regards n’aidait personne.
« Hum, dit le môme à sa place, vous avez fait tomber ça. »
Il tendit le portefeuille de Brian avec ses doigts rougis et sales. Il mâchait sa lèvre. Brian prit le portefeuille et le gosse retira vivement sa main, comme s’il avait peur que Brian n’essaie de l’attraper.
Brian n’avait pas besoin de survoler le portefeuille pour savoir qu’il serait vide ; son permis de conduire n’était plus là, mais il y avait encore son ID de travail, et aussi une de ses cartes de crédit. Il était absolument sûr que ce môme l’avait pris ce matin.
« Merci, dit Brian, parce que dire quoi que ce soit d’autre semblait ridicule. Laisse-moi t’acheter une boisson chaude. Laisse-moi t’acheter une veste d’hiver. Laisse-moi te ramener là où tu es censé être, là où des gens s’inquiètent pour toi. Le garçon secoua la tête.
-Donc je suppose que je t’en dois une, dit Brian, qui ne plaisantait qu’à moitié.
-C’est bon, dit le gosse, en remettant ses mains dans ses poches. Il recula d’un pas.
Merde. Putain. Bordel de merde. Je fais pas ça bien. Brian savait qu’il devait appeler les flics. Il était à peu près certain que le gosse serait parti depuis longtemps le temps qu’ils arrivent. Déjà, est-ce que les flics en avaient encore quelque chose à foutre de ce genre de chose ? C’était trop dickensien.
-Laisse-moi – est-ce que je peux-
-Tu vas me frapper ? demanda le garçon. Sa mine était furieuse.
La question donna à Brian l’envie de vomir. Il était sous-qualifié pour ce genre de connerie.
-Non, non, je…Ecoute, je t’en dois une. Voilà.
Il fouilla dans une poche intérieure de son portefeuille, en sortit sa carte de travail, et lui tendit.
-Si t’as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi. Merde, t’as pas de téléphone. Viens. Mon adresse est dessus. Sérieusement.
Le garçon le fixa pendant une longue seconde, et secoua la tête, mais il tendit la main et prit la carte quand même. Elle disparut dans une des poches de sa veste.
-Je viendrai pas.
Ouais, je sais, Brian pensa, frustré.
-Si jamais t’as besoin de quelque chose, il dit à la place, sérieusement.
Ca fit rire le gamin, mais c’était pas très agréable comme rire.
-Bien sûr, il dit, pourquoi pas?
Une autre voiture passa à côté de Brian, envoyant plein de boue glacée sur ses chevilles. Il se tourna pour lui lancer un regard furibond, et le temps qu’il se retourne, la ruelle était vide.

Le boulot de Brian en attendait beaucoup de lui, et normalement il avait le contrôle de la situation. Normalement, il établissait des contrats mieux que personne, il était en contact avec plus de gens, il montait plus de concerts, et il écoutait des sons de plus de nouveaux artistes. Il était la rock star du deal avec les rock stars.
Malheureusement, l’instant présent n’était pas vraiment normal. C’était dur de se concentrer sur son boulot quand il se trouvait qu’il rentrait de plus en plus à pied du boulot, juste au cas où il repasserait devant cette ruelle et qu’il trouverait ce gosse encore une fois. Il n’avait pas appelé les flics. Il aurait probablement dû. Et pendant qu’il attendait d’avoir un nouveau permis, et de nouvelles cartes de crédit, il pensait qu’il s’était probablement fait entuber par à quel point le gamin avait l’air jeune, à quel point son expression était sincère, et à quel point il avait l’air maigre. Brian était normalement un gars plutôt dur. Quelque chose de cet après-midi, pourtant, l’avait un peu refroidi. Plus rien n’était normal.
Il rata une deadline parce qu’il se demandait s’il devait consulter ou non une liste des fugueurs locaux. Il fut en retard à une conférence parce qu’il avait décidé qu’il marcherait jusqu’au boulot tous les matins, peu importe s’il neigeait, juste au cas où.
Il passa vingt minutes au GAP, en train de fixer les manteaux pour enfants, se demandant s’il en achetait un, et s’il le laissait sur le trottoir, est-ce que le manteau en question se trouverait sur le chemin de la bonne personne ? Probablement pas. Il savait que tout ça le rendait idiot. Brian suspectait d’avoir une détérioration nerveuse à petite échelle.
La première semaine d’Avril, son patron l’appela et le sermonna à propos de son travail qu’il devait avoir fait à temps, et là, peut-être qu’il devrait prendre une semaine de congé pour traiter de ce qui était évidemment des problèmes de santé mentale. Brian promit que si les choses empiraient, il s’en irait et relâcherait, tout en sachant qu’il ne pouvait pas s’en aller jusqu’à ce qu’il sache qui était ce gosse.
Il décida de rester au boulot jusqu’à ce que les heures passantes l’aident à sortir le garçon de la ruelle de son esprit. S’il ne pensait à rien sauf à des contrats à remplir et à des dates de sortie, il ne pourrait pas regarder la météo qui annonçait la plus basse température pour cette nuit, et se rendre fou. Encore plus fou.
C’était un mois plus tard quand Brian se réveilla au beau milieu de la nuit. Son cœur martelait dans sa poitrine et il sentait qu’il décrochait un peu d’épuisement. Il fronça les sourcils quand il regarda l’horloge – deux heures du matin- et essaya de comprendre ce qui l’avait réveillé. Sa chambre était d’un noir d’encre, sauf pour les chiffres rougeoyants sur son radio-réveil.
La sonnette retentit. Oh, Brian pensa, puis Qui viendrait sonner à ma porte à deux heures du matin ? Il avait déjà eu deux ou trois copines qui avaient bien aimé l’engueuler en plein milieu de la nuit, mais en général elles se limitaient au téléphone. Il cligna des yeux, essayant de se réveiller et de penser aux autres possibilités. La sonnette retentit encore.
Brian alla jusqu’à Et si…et se retrouva sur ses deux pieds, courant au rez-de-chaussée pour aller jusqu’à la porte d’entrée. Il n’était jamais très coordonné sans un gallon entier de café, et piqua presque du nez une fois arrivé en bas des escaliers, marchant sur son bas de pyjama. Pour la première fois depuis qu’il l’avait achetée, il regretta que sa maison ne fût pas plus petite. Il ne s’ennuya même pas à regarder par le judas, et ouvrit juste la porte. Une vague d’air froid le frappa de plein fouet, et il cligna des yeux.

Le gosse était debout sur le seuil, se mordant la lèvre. La lumière du lampadaire dans la rue le faisait apparaître incroyablement pâle. Brian pouvait sentir son cœur ricocher contre ses côtes. Est-ce que c’était là qu’il devait appeler les services de protection des enfants? Qu’il devait appeler les flics ? Qu’il devait offrir une centaine de dollars au gamin et puis pleurer sur son sort jusqu’à ce qu’il s’endorme pour le mois suivant?
Le garçon se forçait visiblement, mettant ses mains dans ses poches et inspirant un grand coup.
-Mikey est malade, lâcha-t-il, levant son regard vers Brian, puis l’abaissant aussitôt.
Bordel, c’est qui Mikey ? C’est toi, Mikey ? Oh mon Dieu, y’en a encore plus d’entre vous? Brian sentit la panique commencer à monter et se força à prendre une grande inspiration.
-Okay, dit-il
-Et t’avais dit…J’ai tout essayé, mais il continue d’être de plus en plus malade, et je peux pas l’emmener à l’hôpital, et t’avais dit…Hum…
Il regarda Brian avec ces grands yeux, et là Brian sut qu’il n’allait pas appeler les flics. Pas ce soir.
-Tu pourrais…C’est pas grave. C’était stupide.
Il recula d’un pas.
-Attends, dit Brian. Il tendit presque la main vers le bras du garçon, mais se força à ne pas le faire.
-Qui est Mikey ? Entre à l’intérieur. Je sais pas si je peux t’aider, mais je peux essayer.
Il ouvrit davantage la porte et se décala, en espérant que le garçon entrerait. Le garçon le regarda, dubitatif.
-Je sais pas, dit-il, en mordant encore sa lèvre.
-Mikey a besoin d’aide, non ? Brian dit désespérément, j’ai un ami qui est docteur. Je peux l’appeler.
Cela fit lever le regard du gosse, qui hocha finalement la tête. A contrecœur.
-Mikey c’est mon petit frère, il dit, comme s’il confessait un énorme secret. Et puis il contourna Brian pour entrer dans la maison.
Brian ferma la porte avec un soulagement palpable.
-Je vais appeler mon ami docteur, il dit, tu veux quelque chose à manger ? Ou quelque chose à boire ? Il fait froid dehors.
-C’est bon, dit rapidement le garçon. Il se tenait à côté de la porte, et était clairement en train d’élaborer une sortie de secours.
-Mon téléphone est à l’étage. Je dois…Ne va nulle part, d’accord ?
C’était tellement stupide, le gosse allait être parti avant même que Brian ne redescende les escaliers, il fallait qu’il appelle les flics ou quelqu’un, mais tout ce à quoi il était capable de penser, c’était qu’il y avait un autre gamin, encore plus jeune que celui-ci, gelant à mort quelque part dans les environs.
-Comment tu t’appelles ?
Le garçon fronça les sourcils, et dansa d’un pied sur l’autre inconfortablement.
-Je peux pas t’appeler juste ‘hey, gamin’, lui fit remarquer Brian, dans ce qu’il espérait être un ton raisonnable.
Peut-être que s’il courait à l’étage et revenait assez rapidement, il pourrait empêcher ce garçon de se sauver encore une fois. Peut-être que s’il fermait la porte à clé, le gosse devrait rester là, à l’intérieur, où il faisait chaud et où il n’y avait aucun danger. Je suis vraiment en train de perdre la tête.
-Gerard, marmonna le garçonnet, fixant le sol. Il n’avait toujours pas bougé d’à côté de la porte, mais il avait commencé à frissonner, comme si être à l’intérieur lui rappelait à quel point il faisait froid dehors.
-D’accord, Gerard, je reviens tout de suite, dit Brian. Il sprinta à l’étage, tapa le numéro de Bill, et recourut en bas. Il faillit trébucher et mourir. Encore.
Mais Gerard était toujours là, l’air misérable, tremblant un peu. Brian marcha jusqu’à la cuisine et attrapa une casserole vide. Il n’avait pas de bouilloire. Il ne se sentait pas encore assez chez lui pour acheter tous ces trucs pour la cuisine. Il pouvait faire chauffer de l’eau et faire du chocolat chaud, par contre.
Tous les enfants aimaient ça, non ? Il essaya de tenir en équilibre l’eau, le téléphone, et de garder un œil sur Gerard, le tout en même temps.
Bill avait l’air principalement endormi et sérieusement en boule.
-Quoi ? demanda-t-il.
-J’ai besoin d’une énorme faveur, et j’en ai besoin maintenant, répondit Brian.
Quelque chose dans sa voix avait dû être vraiment pressant, car Bill soupira et dit :
-Okay, Bri. Qu’est-ce qu’il se passe ?
-J’ai besoin que tu passes. Il y a un enfant malade, et j’ai besoin que quelqu’un l’ausculte.
-Mec, je suis pas pédiatre. Et pourquoi un enfant malade ? Appelle sa mère-
-Je peux pas, l’interrompit Brian. Gerard regardait par la fenêtre de devant. Il allait s’échapper pour rejoindre son frère dans une minutes ou deux.
-Bill. S’il-te-plaît.
Il y eut une pause puis un soupir.
-Je serai là dans dix minutes, dit Bill, et là Brian se souvint pourquoi il aimait tant ce gars. Des fois, ça valait vraiment le coup de rester en contact avec des amis qu’on connaissait depuis toujours.
-Tu m’en dois une. Tu m’en dois une belle. Tu me dois un rein, ton nouveau-né, et ton appart de vacances à Aspen.
-Si tu veux, dit Brian instantanément, et il raccrocha. L’eau bouillait presque. Il versa le chocolat en poudre bon marché et l’eau dans un mug et revint sur ses pas.
-Je dois y aller, dit Gerard. Il regarda la porte avec nostalgie.
Brian lui offrit le mug. Gerard secoua la tête.
-Ca va prendre quelques minutes à mon ami d’arriver ici. C’est un bon gars. Est-ce que Mikey peut attendre dix minutes de plus?
-Je suppose qu’il le devra, murmura Gerard. Il ne prit pas la tasse, alors Brian la poussa vers lui.
-Voilà, prends ça. C’est pas du poison, c’est juste du chocolat chaud. Je le jure.
Gerard fronça les sourcils, mais la prit quand même. C’était chaud, et il avait besoin de chaleur, et après un moment il serrait la tasse contre sa poitrine avec les deux mains, respirant la fumée qui s’en dégageait.
-Assieds-toi, proposa Brian.
Le visage de Gerard s’assombrit et devint suspicieux.
-On va devoir attendre un petit moment. Sérieux, t’as pas besoin de rester debout. Je vais pas t’attraper ou quoi que ce soit. D’accord ?
Gerard regarda autour de lui, comme s’il allait trouver des pièges cachés derrière le canapé.
-D’accord, dit-il, incertain, et il s’assit avec précaution sur la chaise la plus proche de la porte d’entrée.
C’était un compromis décent ; il pouvait toujours s’enfuir si besoin s’en faisait sentir, mais Brian pouvait se relaxer, et il prit la première vraie inspiration depuis que Gerard s’était montré.
Je sais même pas ce que je fais, il pensa misérablement, et il espéra qu’il ne rendait pas les choses plus pires encore.
Bill se montra douze minutes plus tard. Non pas que Brian avait été en train de surveiller la pendule, ou de surveiller Gerard qui se montrait de plus en plus impatient, ou de monter des milliers de scénarios dans sa tête où tout ça tournait horriblement mal. Pas du tout.
Gerard fit un bond d’un kilomètre quand la sonnette retentit, déjà à demi debout sur ses pieds, clairement prêt à courir.
-C’est mon ami, promit Brian, tout en sachant que ça devait être le CPS.
-Putain, j’espère pour toi que c’est du lourd, fit Bill d’un ton cassant quand il ouvrit la porte.
Il portait un pyjama et un manteau d’hiver, il avait un sac avec lui et Brian espéra que qu’il fut rempli de son barda de médecin. Il croisa les bras.
-Parce que dehors on se gèle les miches, qu’il est deux heures et demi du matin et que j’étais en train de dormir. C’est quoi ce bordel, Brian ?
Et là il parcouru la pièce du regard et vit Gerard, et son visage se figea de quelque chose proche de l’ahurissement.
-Voici Gerard, dit Brian, qui essayait tant bien que mal de garder une voix neutre, son petit frère Mikey est malade.
Bill, qui d’ordinaire était à peu près la personne la plus bruyante que Brian connaissait, se contenta d’hocher la tête. Gerard le regardait avec ces grands yeux et ce visage plein de sincérité, et Brian était à peu près sûr que Bill n’allait pas appeler les flics non plus.
-Laisse-moi juste prendre mon manteau, et tu pourras nous montrer où est Mikey, d’accord ? demanda Brian.
Gerard était visiblement réticent, mais il hocha la tête. Brian et Bill le suivirent dehors.
-C’est pas loin, dit Gerard.
Il baissa le regard sur le trottoir, comme s’il voulait s’enfuir, puis releva les yeux sur eux avant de les lever au ciel. Il marchait assez vite pour que Bill et Brian fassent attention à ne pas glisser, mais visiblement toujours pas assez vite à son goût. Brian espérait franchement que Mikey allait être encore opérationnel quand ils arriveraient. Gerard les conduit au bas du trottoir, et puis contourna quelques blocs, et enfin alla de ruelle en ruelle jusqu’à arriver dans une partie un peu craignos de la ville.
Oh mon Dieu, pensa Brian. Il ne s’était jamais senti autant coupable d’avoir sa maison, son boulot et sa vie avant. A côté de lui, Bill avait positivement l’air misérable.
-C’est pas si mal, dit Gerard, sur la défensive, ça a l’air bien pire que ça ne l’est. Vous voyez?
Il ouvrit une porte qui, selon Brian, aurait dû être tellement rouillée qu’elle serait restée fermée. En fait, elle ne s’ouvrit pas tant que ça, et Brian et Bill durent se serrer pour entrer. A l’intérieur, c’était en quelque sorte un entrepôt, pas désaffecté, mais qui n’avait pas l’air d’être utilisé très souvent non plus. Il y faisait un peu plus chaud qu’à l’extérieur, mais ce n’était pas encore accueillant non plus. C’était grand, sombre. Et silencieux, pensa Brian, et là réalisa que non. Quelqu’un toussait.
-Mikey, fit Gerard, qui disparut dans l’obscurité. Brian et Bill suivirent la toux jusque dans un coin.
Il y avait juste assez de lumière, émanant des fenêtres crasseuses, pour qu’ils puissent voir un enfant enterré sous un monticule de vieilles couvertures. Dans l’obscurité étouffante de la pièce de stockage, Brian pouvait sentir la respiration laborieuse de Mikey et la terreur absolue que Gerard avait de l’état de son frère. On ne pouvait pas vraiment voir Mikey tant que ça, mais il était définitivement plus jeune que Gerard, et peut-être même encore plus maigre. Oh mon Dieu, pensa encore Brian. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à ajouter.
-Mikey, ce mec est docteur, dit Gerard, soudainement bavard, il est génial, et il va te faire sentir mieux, et tu vas plus être malade, d’accord ? On va faire en sorte que tu ailles mieux. Tu devrais commencer maintenant, d’ailleurs. Tu peux plus être malade. D’accord?
Mikey hocha la tête, ou essaya, mais cela ne fit que le faire tousser encore. Gerard s’assit près de son frère, écartant ses cheveux de devant ses yeux. Brian avait toujours considéré « j’ai senti mon cœur se serrer » comme une expression, mais soudainement il s’avéra que c’était quelque chose que l’on pouvait vraiment ressentir.
-Salut, Mikey, dit Bill, avec sa voix amicale de docteur, je vais prendre ta température et écouter ta respiration et deux ou trois autres trucs, d’accord ? Et on va te rafistoler. Gerard a bien pris soin de toi, pas vrai ?
Mikey hocha encore la tête, et Gerard baissa la sienne.
-Oui, définitivement, j’en suis sûr. Je vais mettre ce thermomètre dans ton oreille, Mikey. Est-ce que tu peux te tenir tranquille pour moi ?
Mikey ne pouvait pas, pas vraiment, pas pendant qu’il toussait, mais il essaya. Brian se tenait inutilement sur le côté, pendant que Bill faisait des trucs de médecin avec un stéthoscope, et que Gerard parlait à Mikey à voix basse. Brian ne pouvait pas entendre tout ce qu’il disait, mais on aurait dit qu’il était en train de lui raconter une histoire.
Bill s’approcha enfin de lui pour lui dire:
-C’est une mauvaise grippe. Ca va vite devenir une pneumonie dans un jour ou deux sans un traitement. Il a pas besoin d’aller à l’hosto. Pas encore. Mais il peut pas rester là. On doit surveiller sa fièvre, et on doit aussi calmer sa toux, et il a besoin d’énormément d’eau. Il est bien déshydraté.
Brian hocha la tête. Bill s’attendait sûrement à ce qu’il fasse tout ça comme par magie, mais il ne savait pas du tout comment s’y prendre. Qu’était-il supposé dire à Gerard ? Il devait y avoir une raison pour que deux enfants vivent dans un vieil entrepôt au lieu d’un endroit sûr. Il y avait une histoire derrière tout ça, et ce n’était pas vraiment génial.
-Gerard, dit Brian.
Gerard le regarda. Il avait le regard d’un homme de cinquante ans, même si le reste de lui-même était à peine adolescent.
-Bill a un diagnostic.
Gerard se leva et s’approcha d’eux, bras croisés. Il essayait tant bien que mal d’avoir l’air adulte, et dans la faible lumière, Brian ne pouvait qu’à peine voir ses mains trembler. Bill répéta à Gerard ce qu’il lui avait dit à propos de la grippe, et Gerard hocha la tête.
-Il a besoin d’être au chaud. Est-ce qu’il a un endroit où tu pourrais l’emmener ?
Non, lut Brian sur le visage de Gerard, qui leva le menton et déglutit.
-Je vais trouver quelque chose, dit-il, confiant.
-Pourquoi pas chez moi ? lâcha Brian. Bill et Gerard le regardèrent avec scepticisme.
-J’ai une chambre en plus. Et Bill est pas loin. On peut mettre Mikey dans la chambre jusqu’à ce qu’il aille mieux et Bill pourrait passer pour voir comment il va. Hein ?
Il regarda Bill avec espoir. Bill soupira.
-C’est mieux qu’ici, admit-il.
Mais c’est le bon moment pour appeler les autorités, disait le ton de sa voix. Brian décida de l’ignorer, comme il ignorait toutes les autres choses auxquelles il ne voulait pas penser pour le moment.
-Tu vas appeler les flics, marmonna Gerard.
Il fixait ses baskets, tout voûté sur lui-même.
-Je peux pas…Mikey peut pas retourner là-bas.
Brian ne pouvait pas promettre de ne jamais appeler les flics, bien que la terreur et la résignation dans la voix de Gerard étaient en train de le persuader pour beaucoup.
-Tu m’as fait confiance, ce soir, pas vrai ? dit-il à la place, et jusque-là, tout va bien. Fais-moi confiance pour aider Mikey, d’accord ?
Gerard le regarda du coin de l’œil.
-Tu promets ? murmura-t-il.
-Brian-, commença Bill.
-Ouais, dit Brian.
Il y eu comme un poids qui s’installa dans son estomac.
-Je le promets.
Ils se regardèrent pendant une longue minute, jusqu’à ce que Gerard hoche la tête, de mauvaise grâce.
-Okay, dit-il silencieusement, très bien.
-T’es un idiot, marmonna Bill dans sa barbe, mais il leva les yeux au ciel, résigné.
-Prends le petit. On se gèle dehors.
Brian et Gerard manœuvrèrent Mikey de dessous la pile de couvertures, et Brian le ramassa. Le gosse ne pesait rien. Il était presque inconscient, sauf qu’il renifla et et glissa un “Gee” presque étouffé à son frère, avant de fermer les yeux et de sembler s’endormir. Gerard rôdait derrière Brian, inquiet, tandis qu’ils quittaient l’entrepôt, comme si les flics allaient apparaître d’une seconde à l’autre pour les choper tous les deux. Ou comme si Brian allait laisser tomber Mikey.
Bill marchait derrière Gerard, se marmonnant à lui-même à quel point toute cette histoire était stupide.
Brian savait. Il savait qu’il prenait des décisions au mieux discutables. Si jamais quelqu’un passait, il ne saurait pas expliquer ce que faisaient deux gosses sans nom de famille dans sa maison. Il allait appeler le boulot pour dire qu’il était malade, et prendre sa semaine après tout, apparemment. Et il allait rembourser Bill pour le restant de ses jours.
Mais Brian ne s’imaginait dire ou faire quelque chose d’autre. Pas quand il regardait le visage pâle de Mikey et entendait sa respiration sifflante. Ou quand il remarquait la terreur muette que Gerard essayait tant bien que mal de cacher. Brian n’avait pas d’options.
Il mit Mikey à l’étage, dans la chambre d’ami, et laissa Bill décider de quel médicament il avait besoin pour sa gorge. Gerard rôdait autour de la pièce et Brian, qui se sentait encore plus inutile, descendit au rez-de-chaussée pour voir s’il avait de la soupe, ou du thé, ou quelque chose à donner à un enfant malade.
Brian n’avait été malade que deux ou trois fois de toute sa vie, et sa mère s’occupait de tout. C’était une faiseuse de miracle en quelque sorte. Son bouillon de poule aurait pu ressusciter les morts. Brian n’avait aucun des ingrédients sous la main, et il n’avait pratiquement jamais cuisiné de toute façon. Il finit avec plus de chocolat chaud et une bouteille de Tylenol. Il porta tout ça à l’étage comme une offrande au nom de la paix. Bill avait déjà la situation sous contrôle; Mikey dormait et Gerard était assis à côté de lui sur le lit, tandis que Bill prenait des notes.
-Voilà ce que je lui ai donné, dit-il silencieusement, en lui tendant le bloc note avec une liste de médicaments.
Il avait laissé un amas de bouteilles sur la chaise.
-Il doit en prendre toutes les quatre heures, le médicament pour sa fièvre et celui pour sa gorge à la fois. Beaucoup d’eau, beaucoup de soupe et beaucoup de Gatorade. Si jamais il arrive plus à maîtriser tout ça, rappelle-moi, parce que c’est pas bon. Il devrait probablement prendre un bain à un moment donné, aussi, c’est dur de dire s’il est pâle ou juste rincé sous une couche de saleté. Je passerai demain pour vérifier comment il va.
Il secoua la tête.
-Tu n’as aucune idée de ce dans quoi tu t’engages, Brian. Tu sais ça, hein ?

Brian hocha la tête. Il posa les mugs sur la table basse au cas où Gerard en voudrait un, bien qu’il en doutât, les yeux du gamin se fermaient, maintenant qu’il avait commencé à arrêter de paniquer pour Mikey.
-Ouais, dit-il, crois-moi, je le sais.
-J’ai appelé ta mère, poursuivit Bill, elle passera dans la matinée. Seigneur, c’est déjà le matin, je suppose. Je vais me coucher.
Brian le fixa pendant une minute. Des fois, c’était vraiment génial d’avoir un ami qu’on connaissait depuis toujours. D’autres fois, c’était juste déroutant.
-Merci, dit-il finalement, t’es le meilleur.
-Ouais, et tu m’en dois une, merde, fit Bill.
Il se tourna vers Gerard.
-Prends soin de lui, Gerard.
-Je le ferais. Gerard hocha la tête, et bailla.
Brian laissa sortir Bill, le remercia encore une centaine de fois, et remonta à l’étage. Gerard était à moitié couché sur le lit à côté de Mikey, une main caressant silencieusement l’épaule de son frère, comme s’il voulait se rassurer lui-même, voir que Mikey était toujours là.
Mikey reniflait et toussait dans son sommeil, mais ce n’était pas aussi effrayant dans une chambre, dans une maison, que dans un entrepôt froid et sombre.
Brian voulait dire quelque chose à Gerard, mais il n’arrivait pas à décider quoi. Alors il se tint dans la chambranle, à les regarder, tandis que leur respiration se faisait plus calme, et que la main de Gerard s’arrêtait de bouger.
-On s’en ira dans la matinée, dit soudainement Gerard, la voix basse et rauque.
Brian tressaillit.
-Non, dit-il rapidement, tu dois rester jusqu’à ce que Mikey aille mieux. Je veux dire, tu devrais rester jusqu’à ce que Mikey aille mieux. S’il te plaît, reste.
-C’est ta maison, insista Gerard en baillant, t’es pas obligé de-
-J’en ai envie, affirma Brian, c’est sans danger ici. Tu peux rester.
Gerard eu finalement l’air vaincu.
-Ouais, murmura-t-il, c’est ce qu’ils disent tous.
Puis il bailla encore et ses yeux se fermèrent.
Brian resta éveillé toute la nuit, sursautant à chaque fois que Mikey toussait et les regardant dormir.

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