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 Sujet du message: [Finie] Beauty and the Beast - F. Lopez/G. Dimitrov - PG-13 - OS
MessagePosté: 31 Mai 2012 16:28 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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Inscription: 04 Fév 2009 14:50
Messages: 1456
Voilà un OS qui traîne sur mon disque dur depuis quelque temps et que j'ai enfin réussi à terminer grâce aux encouragements d'Aeris. J'espère que ça vous plaira.

Merci à Aeris pour la beta!



Beauty and the Beast



- Non! hurla Feliciano en repoussant son compagnon qui s'était blotti contre lui.
- Mais…

Incapable de supporter le regard suppliant de Grigor, l'Espagnol se leva et traversa la pièce pour s'arrêter face à la fenêtre. La lumière des dizaines de bougies qu'il avait disposées dans la chambre se reflétait dans la vitre, l'empêchant de voir dehors. Feliciano aimait cette lueur et l'atmosphère qu'elle donnait à la pièce. Il se plongea dans la contemplation de ce reflet pour tenter de se calmer. Il ne voulait pas se disputer avec son compagnon, pas ce soir. Mais il était incapable de garder son sang-froid quand Grigor lui demandait une chose pareille.

- On en a déjà parlé, Grisha. Jamais. Jamais je ne ferai ça.
- Feli, s'il te plait… Considère ça comme… Mon cadeau d'anniversaire.

Feliciano serra les poings. Il ferma les yeux un instant pour se maîtriser. Il ne voulait pas hurler et dire des choses qu'il regretterait par la suite. Il avait pourtant cru que Grigor avait abandonné cette idée, qu'il avait compris la folie de ce qu'il lui demandait. Il avait eu tort.

- Je t'ai déjà offert un cadeau. Il ne te plaît pas?
- Si! Bien sûr mais…
- Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me demandes?
- J'ai eu le temps d'y réfléchir, tu sais.
- Grisha!
- Mets-toi à ma place, Feli! Tu n'essaies même pas de me comprendre!
- Rien ne peut justifier ça!
- Si! Laisse-moi au moins t'expliquer.

L'Espagnol soupira. Très bien, s'il fallait écouter ses idées folles pour lui faire comprendre une fois pour toutes qu'il se trompait et éviter une dispute, il le ferait. Il se retourna et croisa les bras sur sa poitrine en s'appuyant contre le rebord de la fenêtre. Grigor était assis au bord du lit. Comme un peu plus tôt dans la soirée, Feliciano fut fasciné par les ombres que les bougies créaient sur sa peau nue. Il laissa son regard errer sur son corps quelques instants mais sa colère le ramena bien vite sur terre.

- Je t'écoute.
- Rappelle-moi quel âge j'ai.
- Hein? Tu viens d'avoir 32 ans mais…
- Et qu'est-ce que ça signifie?
- Je n'en sais rien. Qu'est-ce que…
- Feli! Arrête de faire semblant !
- On… On a le même âge maintenant.
- Oui… Ça paraissait tellement loin… Mais c'est là maintenant. Et bientôt, même si on a tous les deux arrêté le tennis et que les medias ne s'intéressent plus à nous, il faudra recommencer à se cacher… Parce que les gens ne comprendront pas ce qu'un jeune apollon fait avec un vieux pervers comme moi. Ça aussi, ça paraît loin et pourtant ça arrivera. Et on ne pourra plus revenir en arrière. On devra se cacher jusqu'à… Jusqu'à ce que je meure ou que tu te lasses de ma vieillesse.

Feliciano s'assit à côté du Bulgare et caressa doucement sa nuque. Grigor ne frissonna pas au contact de sa peau froide, comme si son corps s'y était habitué.

- Ou jusqu'à ce que tu trouves quelqu'un qui a plus à t'offrir que la mort.
- Ça n'arrivera pas.
- Ne dis pas ça, tu n'en sais rien.
- Si je le sais. Tu ne peux pas nier que tu es… Différent. Je t'aimais déjà avant mais… Ce que je vis avec toi, je ne le retrouverai jamais avec quelqu'un d'autre. Personne ne pourrait soutenir la comparaison avec toi.

L'Espagnol savait parfaitement de quoi son compagnon parlait. Il lui était impossible de ne pas remarquer les regards qu'il attirait et le trouble qu'il causait quand ses yeux se posaient sur quelqu'un. Grigor lui avait expliqué que ce n'était pas seulement son physique, mais aussi son aura, la façon dont il remplissait une pièce par sa seule présence, attirant le regard comme un aimant. Mais tout cela n'était qu'artifices. Ce n'étaient que des moyens pour sa race de se nourrir plus facilement, exactement comme le guépard possède des pattes puissantes et rapides. Et Feliciano détestait cela. Il n'aurait d'ailleurs jamais accepté l'amour de Grigor s'ils n'avaient pas été ensemble depuis un an avant qu'il ne devienne un monstre. Mais malgré tous ses efforts, il l'avait peut-être condamné.

- Grisha… Tu me demandes de te tuer.
- Je préfère voir ça comme une non-vie éternelle.
- Ce n'est pas si simple.
- Je sais. Ça fait neuf ans que je vis avec toi. Je vois à quel point ta conscience te torture. Je vois ton dégoût pour toi-même à chaque fois que les animaux ne te suffisent plus et que tu dois t'en prendre à quelqu'un, même si tu n'as jamais tué personne, même après tout ce temps. Je n'oublierai jamais ta colère quand je t'ai proposé de boire mon sang. Je sais aussi à quel point le temps t'effraie. Avant, tu avais peur de vieillir mais maintenant, tu as peur de voir tous tes amis mourir et tu as peur de cette éternité. Tu sais qu'elle amènera l'ennui et la haine de la race humaine à force de la voir répéter ses erreurs et détruire ce qui l'entoure. Même si tu détestes en parler, ne crois pas que j'idéalise ta condition.
- Alors pourquoi? Pourquoi tu veux devenir un monstre comme moi?
- Je te l'ai dit. Je ne veux pas qu'on doive recommencer à se cacher. Je ne veux pas… Vieillir et devenir un fardeau pour toi. Et je ne veux pas te laisser seul. Tu deviendrais fou avec toute cette haine qu'il y a en toi. Et c'est cette haine qui t'empêchera de laisser quiconque t'approcher quand je ne serai plus là.

Grigor voulut embrasser son compagnon sur la joue mais celui-ci se leva et vint retrouver sa place près de la fenêtre, dos à la chambre.

- Tu ne peux pas faire ça.
- Feli…
- Tu ne peux pas faire ça pour moi! hurla l'Espagnol.

Son poing s'écrasa contre le mur. Comment le faire changer d'avis s'il avait conscience de tout ce que cette transformation impliquait? Comment ne pas se haïr un peu plus quand l'homme qu'il aimait était prêt à renoncer à son humanité pour lui? Peu à peu, la colère fit place au désespoir. Les larmes laissaient des trainées vermillon sur ses joues.

- J'en ai toujours voulu à celui qui m'a fait ça de ne pas m'avoir laissé le choix. Mais j'ai fait exactement la même chose que lui. Je n'aurais jamais dû revenir vers toi.
- Et quoi? Tu m'aurais quitté en faisant comme si cette année qu'on avait passée ensemble ne signifiait rien pour toi? Ou tu aurais simplement disparu, jusqu'à ce que tout le monde te croies mort?

Feliciano ne répondit pas. Il sentit Grigor s'approcher de lui et passer ses bras autour de sa taille.

- Tu n'es pas comme ça.
- Je serais peut-être passé pour un salaud mais au moins tu n'aurais pas cette… Idée dans la tête.
- Tu ne m'as jamais forcé à quoi que ce soit. J'aurais pu partir le jour où tu m'as expliqué ce que tu étais devenu mais je ne l'ai pas fait parce que j'ai compris que ça ne changeait rien à ce que je ressentais pour toi. Aujourd'hui non plus, tu ne me force pas. J'y ai beaucoup réfléchi. Bien sûr que ça m'effraie un peu mais… Mais je veux faire ça pour toi. Je veux… Je veux être ton égal.
- Mon égal?! Mais je suis un monstre!
- Alors je veux être un monstre avec toi.

L'Espagnol se dégagea de l'étreinte de son compagnon pour se retourner et prit son visage entre ses mains, plantant son regard dans le sien.

- Te nourrir de rats et d'oiseaux, c'est ça que tu veux? Jusqu'au moment où tu as besoin de sang humain? Je ne t'ai jamais parlé de ces nuits-là. Imagine-toi, caché dans une ruelle sombre en attendant une proie. Une personne seule, avec ta force et ta rapidité tu n'aurais aucun problème à en maitriser deux, mais tu as trop honte. Tu la surprends et l'assommes pour qu'elle ne crie pas et qu'elle ne se souvienne de rien. Tu es terrifié d'aller trop loin au moment où tu plantes tes dents dans son cou. Et quand tu goûtes son sang, tu sens le monstre en toi qui te crie de boire jusqu'à ce qu'elle meure. Parfois, tu as envie de l'écouter, parce que tu as trop soif et que tu sais que beaucoup d'autres gens de ton espèce n'ont pas les mêmes scrupules. Mais tu t'arrêtes toujours avant. Tu sais exactement combien de sang tu peux boire sans causer de problème à ta proie. Mais t'arrêter c'est… C'est comme si… Comme si après n'avoir rien mangé pendant un mois, tu te retrouvais devant ton plat préféré et que tu essayais de ne pas manger plus que deux bouchées, tu comprends? Mais tu t'arrêtes toujours parce que tu ne veux pas être un monstre. Et tu as peur du jour où ne trouveras pas la force de le faire, parce que tu sais que ça finira forcément par arriver. Puis après t'être servi de cet humain comme d'un vulgaire poulet de batterie, tu t'en vas en le laissant inconscient dans la rue. C'est vraiment ça que tu veux?

Le regard de Grigor s'était rempli de tristesse mais sa voix ne tremblait pas quand il répondit:

- S'il faut passer par là pour effacer cette différence qui risque de nous séparer, alors oui, c'est ce que je veux.

Feliciano ne parvenait pas à le croire. Il ne pouvait pas être sincère. Il ne pouvait pas vouloir devenir un monstre, peu importait l'amour qu'il avait pour lui, il ne pouvait pas vouloir ça. Pourtant il voyait dans ses yeux qu'il était sincère.

- Feli, c'est le meilleur moment pour le faire. Si je dois vivre éternellement avec le même corps, je veux que ce soit celui-ci, pas celui que j'aurai dans dix ou vingt ans.

Le Tolédan soupira. Lui aussi avait peur que leur différence les sépare. Et plus que tout il craignait des siècles de solitude. Il savait que son compagnon avait raison, tout serait plus simple si leur corps avaient le même âge et il serait plus facile pour Grigor d'accepter cette non-vie si son apparence était figée avant que les premières marques de vieillesse ne l'atteignent. Bientôt, il ne pourrait plus changer d'avis or plus le temps passerait plus ses peurs grandiraient. Mais faire ça à Grigor… Il n'était pas certain de pouvoir encore se regarder dans un miroir s'il acceptait. Mais s'il réalisait qu'il avait eu tort dans quelques années, quand ce serait trop tard?

- Tu m'as prévenu. Je sais parfaitement à quoi m'attendre et j'ai fait mon choix. Je devais le regretter dans le futur, je ne pourrais n'en vouloir qu'à moi-même.

Feliciano ferma les yeux sans parvenir à retenir ses larmes. Il sentait ses défenses rompre peu à peu. Ce n'était pas sa vie après tout, ce n'était pas à lui de prendre cette décision. Pourtant cela ne l'empêchait pas de se sentir coupable.

- Je suis désolé… Je suis désolé de t'avoir entrainé dans tout ça.
- Pourquoi? Regarde-moi, Feli. Pourquoi tu serais désolé? Rien de tout ça n'est ta faute. Et je suis plus heureux avec toi que je ne l'ai jamais été.

Grigor effaça les larmes des joues de son compagnon et l'embrassa tendrement. Feliciano ne pouvait plus résister à présent.

- Tu… Tu es sûr que tu veux faire ça maintenant? Je veux dire… Tu ne veux pas… Je ne sais pas… Profiter de tes derniers jours en tant qu'humain?
- J'ai passé une journée et une soirée magnifiques, grâce à toi. Je suis prêt.
- D'accord.

Feliciano souleva son compagnon comme une mariée et traversa la pièce pour l’allonger sur le lit avant de s’installer à ses côtés.

- Comment… Comment ça va se passer ?
- Je vais d’abord te mordre puis tu devras boire mon sang. Ensuite… Ton corps va… va mourir et… Enfin tu ne passeras pas une très bonne nuit. Demain tes sens seront plus aiguisés, mais tu seras faible. Tu auras très soif aussi.
- Je devrais… boire du sang humain ?
- Pas nécessairement. Enfin pas tout de suite. Je crois qu’il vaudrait mieux que tu ne sortes pas pendant quelque temps.
- Comme quand tu as refusé de me voir pendant trois mois ?
- Oui… Mais peut-être pas aussi longtemps. Je… J’avais peur de te faire du mal, j’avais peur de me retrouver seul avec toi. Mais quand tu te sentiras prêt à sortir, je serais toujours là pour t’empêcher de faire une bêtise si tu n’arrives pas à te maitriser. Je ne t’empêcherai pas de boire du sang humain, tu en auras besoin de toute façon, et si… Si tu veux en boire plus que moi, je ne te jugerai pas. Mais au début, ce ne sera peut-être pas facile de sortir sans éprouver le besoin de boire et de te jeter sur quelqu’un au beau milieu d’une foule.
- Et tu seras là pour m’empêcher de m’attirer des ennuis ?
- Oui… Tu voulais savoir autre chose ?
- Non.
- Tu veux toujours le faire ?
- Oui.

La lueur des bougies dansait dans les yeux de Grigor. L’Espagnol l’observa un instant mais il n’y avait aucun doute dans son regard, seulement de la détermination. Alors Feliciano se concentra sur l’odeur de son compagnon, sur son cœur qu’il entendait battre, faisant circuler le sang dans son corps, ce sang chaud, au parfum si doux. Les canines du Tolédan s’allongèrent. Depuis des années, il occultait ces sensations pour ne pas risquer de faire du mal à l’homme qu’il aimait. A présent, il pouvait enfin les laisser l’envahir. Jamais il n’avait ressenti un tel désir pour un humain, un tel besoin de le goûter. Il avait connu la soif et le plaisir de s’abreuver à la gorge d’un homme mais cela n’était rien comparé au désir qu’il ressentait dans chacune de ses veines. Cela ne le transformait pourtant pas en animal. Il voulait savourer ce moment et il voulait le rendre aussi unique pour Grigor qu’il l’était pour lui. Il embrassa sa joue, puis sa mâchoire avant de descendre lentement sur son cou, luttant contre ses pulsions. Le Bulgare frémit. Il grogna légèrement quand les dents de son compagnon s’enfoncèrent dans sa chair mais le son fut couvert par le gémissement d’extase de Feliciano. Le sang coulait enfin dans la bouche du Tolédan, plus exquis que tout ce qu’il avait pu imaginer. Les bras de son compagnon se refermèrent sur sa taille et bientôt plus rien d’autre n’existait que leur corps pressés l’un contre l’autre, que le souffle de Grigor sur sa peau, que le sang qu’il buvait lentement pour en savourer tous les arômes, que le cœur de Grigor qui battait de plus en plus fort. Jamais il n’avait ressenti une telle plénitude. Une douce chaleur se répandait en lui, comme si cet acte n’était qu’un agréable préliminaire à d’autres activités charnelles, mais ce n’était que le sang qui réchauffait son corps froid et comblait tous ses désirs, tous ses besoins.

Il buvait lentement, les battements du cœur de son compagnon devenant toujours plus rapides, le plongeant dans un état de transe comme un mantra. Chaque gorgée lui amenait plus de satisfaction que la précédente, chaque mouvement du corps de Grigor contre le sien déclenchait en lui des sensations extatiques. Quelque chose en lui le poussait à boire plus vite, comme si toutes ses barrières s’effondraient et que la créature qu’il était devenue prenait le dessus, comme s’il se rapprochait toujours plus d’une jouissance finale, un état de béatitude qu’il n’avait encore jamais connu. Mais il lutta contre son instinct car il voulait apprécier chaque seconde. Et les gémissements qui passaient parfois les lèvres de Grigor lui faisaient penser que cela ne le gênait pas. Son cœur luttait toujours furieusement alors que la vie le quittait peu à peu. Et soudain son rythme ralentit, il retrouva d’abord son tempo normal mais ne s’y attarda pas. Il battait un peu plus lentement à chaque gorgée que Feliciano avalait, jusqu’à s’aligner sur le rythme cardiaque du vampire. Une osmose parfaite. Leurs êtres liés jusque dans leur plus profonde intimité. Une communion qu’ils ne connaitraient plus jamais, pourtant Feliciano dut se résoudre à l’interrompre. Et au prix d’un effort surhumain, il détacha ses lèvres du cou de Grigor. Car s’il continuait de se repaitre de cet instant de bonheur, il risquait de tuer son compagnon.

Il se redressa et observa le Bulgare. Sa peau pâle et ses yeux mi-clos lui firent craindre d’être allé trop loin mais il voyait sa poitrine se soulever légèrement au rythme de sa respiration. Sans plus perdre de temps, Feliciano déchira la chair de son poignet à l’aide de ses crocs et le plaça au-dessus de la bouche entrouverte de Grigor. Le sang tombait goutte à goutte entre ses lèvres et il l’avalait par simple reflexe. Pendant de longues minutes, le Bulgare ne fit pas le moindre geste, si bien que Feliciano commença sérieusement à s’inquiéter. Puis soudain, il se redressa et ses lèvres se collèrent au poignet de son compagnon. Sa main se referma sur son bras, ses ongles s’enfonçant dans sa peau. Il buvait avec empressement, totalement inconscient de ce qui l’entourait, se laissant guider par son instinct. Le Tolédan retira vivement son bras. Les ongles de Grigor glissèrent sur sa peau, laissant des entailles sur leur passage. Le Bulgare ouvrit enfin complètement les yeux et son regard outré se leva vers son compagnon. Et Feliciano sut qu’il n’oublierait jamais cette expression sur son visage, la première de sa nouvelle vie. Grigor tendit la main vers son poignet mais l’Espagnol le retint en saisissant son épaule.

- Doucement. Ne bois pas si vite.

Mais Grigor ne semblait pas l’entendre. Son regard était fixé sur le poignet de Feliciano, fasciné par le sang.

- Regarde-moi. Grigor ! Regarde-moi !

Il dut saisir le menton du Bulgare pour le forcer à tourner la tête vers lui. Peu à peu, la lueur de folie dans le regard de son compagnon disparut et il sembla reprendre conscience de la réalité.

- Si tu bois trop vite, tu en voudras toujours plus. Et si tu bois trop, je ne pourrai pas rester avec toi cette nuit parce que je serai obligé de sortir chasser. Tu comprends ?

Grigor hocha lentement la tête. Feliciano rapprocha son poignet mais le retira au moment où son compagnon allait le saisir pour le porter à ses lèvres.

- Et évite de m’arracher le bras.
- Je suis désolé.

Le Bulgare le regardait d’un air penaud. Il n’avait probablement pas compris ce qui se passait, emporté par la soif qu’il éprouvait pour la première fois. Feliciano lui caressa les cheveux.

- C’est pas grave.

Le Tolédan tendit son poignet à son compagnon et celui-ci y déposa ses lèvres. Ses yeux se fermèrent alors qu’il commençait à boire. Son cœur avait repris un rythme normal mais Feliciano savait que cela ne durerait pas. Son corps deviendrait bientôt froid comme le sien. Son pouls serait si lent que si un médecin venait à l’examiner, il le croirait mort. Il n’était déjà plus tout à fait humain. Et Feliciano le regardait boire avec un mélange de tristesse et de soulagement. Il aimait l’humanité de Grigor. Mais elle était aussi un poids quand il avait soif et qu’il devait lutter pour ne pas l’attaquer. Pendant neuf ans, la peur de lui faire du mal ne l’avait jamais quitté. Pas une seconde. Même s’il était heureux, la terreur avait terni sa relation avec Grigor. Plus d’une fois, il avait souhaité pouvoir la faire disparaitre. Il avait toujours maudit sa condition plutôt que d’envisager de transformer son compagnon, pourtant il savait que c’était la seule solution. Et à présent que Grigor avait fait son choix, Il ne pouvait nier que cela le rassurait.

Feliciano laissa son compagnon boire un peu plus que nécessaire, ne voulant pas voir disparaitre l’expression extatique de son visage, mais il fut bien obligé de l’arrêter. Une goutte de sang coula au coin de sa lèvre et le Tolédan l’effaça d’un baiser.

- Essaie de dormir un peu.
- Tu… Tu restes près de moi hein ?
- Je ne vais nulle part.

Grigor ferma les yeux alors que l’Espagnol lécha son poignet pour le faire cicatriser. Puis il s’allongea à côté de son compagnon et le serra contre lui. Il l’observa longuement, décidé à le veiller toute la nuit, mais il finit par s’endormir.

Il se réveilla en sursaut quelques heures plus tard en sentant Grigor secouer faiblement son bras. Il l’appelait d’une voix étouffée et le fixait d’un regard affolé.

- Feli… Feli… Je… J’ai mal.. J’arrive plus à… A respirer… Je…
- Shhh… C’est normal. Ton corps est en train de mourir. Je sais que c’est effrayant mais c’est normal.

Feliciano s’était éloigné de Grigor dans son sommeil. Il se rapprocha pour le prendre dans ses bras. Il caressait doucement ses cheveux en soufflant à son oreille.

- Ça va aller. Je te le promets. Tout va bien se passer.
- Je… Je t'aime, Feli.
- Hey! Je t'aime aussi. Mais c'est pas le moment de faire tes adieux.

Le Tolédan entendait la respiration difficile de son compagnon et son cœur qui s'affolait. Il le serra fort contre lui tout en continuant à le rassurer. Il se souvenait parfaitement de la terreur qu'il avait ressentie lors de sa propre transformation, la solitude, le choix que lui avait donné cet homme: mourir d'avoir perdu trop de sang ou devenir un monstre. Il ne lui avait rien appris de plus que quelques bases concernant sa nouvelle condition, ce qui pouvait le tuer, ce dont il avait besoin, avant de disparaître. C'était peut-être dans la façon dont s'était déroulée sa transformation, avec cette brutalité et cette solitude, qu'était née la haine que Feliciano éprouvait pour ce qu'il était devenu. Il espérait parvenir à ne pas la transmettre à son compagnon.

La respiration de Grigor devenait toujours plus difficile, son pouls toujours plus irrégulier. Les battements de son cœur étaient si faibles que Feliciano ne les entendait presque plus. Et soudain, le cœur du Bulgare s'arrêta. Feliciano se figea. Jusque-là, il s'était basé sur son instinct et ses souvenirs mais bien sûr, il ne pouvait se remémorer l'instant de sa mort. Il avait perdu connaissance et quand il s'était réveillé, son pouls avait adopté la lenteur caractéristique de sa nouvelle vie. Il n'avait aucun moyen de savoir si ce qui arrivait à Grigor était normal. Il était terrorisé à l'idée d'avoir pu commettre une erreur. L'absence de ce son qui avait rythmé son existence depuis des années lui laissait un profond sentiment de vide. Et chaque seconde qui passait faisait croître un peu plus son inquiétude. Le visage niché dans le cou de son compagnon, il répétait son nom comme si cela pouvait le ramener.

Il sursauta violemment lorsqu'il entendit le premier battement. Il tendit l'oreille et songea un instant qu'il avait rêvé, jusqu'à ce que le son grave revienne, faible d'abord, s'amplifiant à chaque fois pour atteindre son volume normal et une pulsation proche de celle de Feliciano. Le Tolédan se détendit enfin mais il sut qu'il ne se rendormirait pas.

Il garda Grigor dans ses bras jusqu'à l'aube. Puis il s'habilla et alla baisser tous les stores de l'appartement. Le soleil ne lui faisait aucun mal mais à cause de sa vue perçante, ses yeux étaient très sensibles à la lumière. Il lui avait fallu du temps pour pouvoir sortir en plein jour et quand il le faisait, il ne quittait pas ses lunettes de soleil. Il valait mieux que Grigor se réveille dans l'obscurité. Quand il eut terminé, il revint dans la chambre pour observer son compagnon, s'habituant au nouveau rythme de son cœur. Puis il alla attendre au salon que le Bulgare se réveille. Dans son esprit, les images de cette nuit défilaient. Il avait de la peine à réaliser qu'il avait réellement transformé son compagnon, après tant d'années à refuser la simple pensée de le faire. Mais surtout, il revoyait ce regard offusqué quand il avait retiré son poignet de la bouche de Grigor, la lueur démente dans son regard pendant qu'il buvait. Et s'il avait fait plus que de changer son corps? Et si son esprit avait changé lui aussi? Il savait bien que c'était inévitable pour quelqu'un qui était forcé de se nourrir de sang humain. Lui-même ne pouvait nier avoir changé. Mais s'il avait transformé l'homme drôle et tendre qu'il aimait en un monstre sanguinaire? Feliciano était soudain terrifié. Il aurait tout donné pour revenir en arrière, refuser malgré l'insistance de Grigor. Refuser même si cela signifiait le voir partir. Comment avait-il pu faire cela? Après toutes ces années passées à se jurer de ne jamais toucher à son compagnon? Comment avait-il pu l'entrainer dans son enfer en espérant qu'il n'en souffre pas? Il se prit la tête entre les mains et laissa couler ses larmes. Grigor avait beau lui avoir dit qu'il avait conscience de ce que deviendrait son existence, il ne pouvait pas saisir complètement ce que cette transformation signifiait. Bientôt il lui en voudrait. Bientôt il le maudirait et le fuirait.

Une main sur son genou interrompit ses pensées. Il leva les yeux et découvrit Grigor, agenouillé à ses pieds. Le Bulgare caressa sa joue en souriant et l'embrassa tendrement.

- Pourquoi tu pleures?
- Je… Je n'aurais jamais dû faire ça.
- C'est un peu tôt pour le dire, tu ne crois pas?
- Mais…
- Shh…

Grigor prit son visage entre ses mains et l'embrassa une nouvelle fois. Il ne parvint pas à convaincre Feliciano mais celui-ci préféra ne pas insister. Il y avait plus urgent.

- Comment tu te sens?
- Faible… Et je… Mes oreilles bourdonnent. J'ai l'impression d'entendre… Des battements.
- C'est normal. Tu entends ton cœur et le mien.
- Si fort?
- Oui.
- Oh… C'est…. C'est bizarre. Je veux dire… D'entendre ça tout le temps.
- Je sais. Tu t'y feras.
- D'accord… Et les stores c'est à cause de mes yeux? Comme quand tu dois mettre des lunettes de soleil?
- Oui.
- Et c'est… C'est normal que j'aie si mal?
- Où?
- Partout. Je… J'ai l'impression que je sens chacune de mes veines.
- C'est la soif. Tu es sûrement trop faible pour sortir et… Enfin, de toute façon ce ne serait pas une bonne idée pour l'instant. Alors je vais le faire pour toi. Je peux te laisser seul? Ou tu veux que je reste encore un moment avec toi?
- Ça va aller.
- D'accord. Je reviens vite, promis.

Mais alors que Feliciano allait embrasser son compagnon une dernière fois avant de partir, celui-ci se retourna brusquement vers la porte. Les muscles bandés, la bouche entrouverte révélant ses crocs que le Tolédan apercevait pour la première fois, il avait la même lueur de démence dans le regard que la veille. L'Espagnol aussi avait entendu les pas de leur voisine dans le couloir. Même à cette distance, il sentait son odeur, discrète mais présente. Pour un jeune vampire assoiffé qui ne se contrôlait pas cela devait être un parfum entêtant. Quelque chose qui mettait tous ses sens en éveil. Feliciano posa la main sur l'épaule du Bulgare.

- Je ne crois pas que tuer notre voisine soit une très bonne idée.

Grigor sursauta et se retourna vers son compagnon.

- Je n'allais pas…
- Si. Si tu allais le faire. Et c'est normal. Tu ne penses plus de la même façon quand tu as soif et que tu sens un humain. Tu devras apprendre à te contrôler, ça viendra avec le temps. Mais c'est pour ça que, pour l'instant, il vaut mieux que tu ne sortes pas.

Le Bulgare baissa les yeux.

- Je suis désolé.
- Mais non, je te l'ai dit, c'est normal. Et c'est aussi pour ça que je suis là, pour t'apprendre. Tu as… De nouveaux instincts. Moi aussi, j'étais effrayé par mes réactions au début. Tu n'as pas à avoir honte. Tu penses comme un humain mais tu n'en es plus un.
- Et… Et toi, tu penses comme un vampire?
- Je ne sais pas… Je ne connais pas d'autre vampire. Mais je suppose que si je pensais vraiment comme un vampire, je n'aurais pas autant de scrupules à boire du sang humain.
- Et tu crois que… Que ce serait mal?
- Je n'en sais rien, Grigor. Ça ferait moins mal, c'est tout ce que je sais. Mais je n'y arrive pas. Pourtant je suppose que, puisqu'on a besoin de sang pour vivre, on ne devrait pas se poser de question, tant qu'on ne tue pas pour le plaisir. C'est à toi de te faire ta propre opinion. Et je te l'ai dit, je ne te jugerai pas. Mais pour le moment, il vaut mieux que tu ne sortes pas et, comme je n'ai pas envie d'avoir un cadavre sur les bras, il faudra que tu te nourrisses d'animaux.
- D'accord. Je crois… Je crois que je préfère ça. Et puis… Enfin, ça je t'ai déjà vu le faire.

Feliciano lui fit un petit sourire mais le cœur n'y était pas. Il avait toujours cette impression de le pervertir. Mais le mal était fait. Il l'avait transformé et ne pouvait plus rien y changer. Il devrait s'y faire. Et rester là à se maudire n'arrangerait pas les choses, il devait lui apporter de quoi faire disparaître la soif qui le torturait.

- Tu es toujours d'accord pour que je te laisse seul un moment?
- Je… Je sais pas… Qu'est-ce qu'il se passera si… S'il y a quelqu'un d'autre?
- Le problème c'est que plus tu attendras, plus ce sera difficile à cause de la soif.
- Moui…

Grigor ferma les yeux et soupira. Il resta silencieux un instant avant d'ajouter:

- Alors enferme-moi et prends toutes les clés avec toi.
- Grisha…
- J'ai peur de ne pas avoir la force de me retenir. Je préfère être sûr que je ne pourrai rien faire. S'il te plait.
- D'accord. Comme tu veux. Je fais le plus vite que je peux. Appelle-moi si ça va pas.

Le Bulgare hocha la tête et Feliciano déposa un baiser sur sa joue avant de sortir.

Quand il revint, il trouva Grigor sur le canapé, fasciné par la flamme d'une bougie posée sur la table. Trop absorbé par ses pensées, le Bulgare ne l'avait pas entendu et Feliciano en profita pour l'observer. Son apparence n'était plus tout à fait la même. Ses traits n'avaient pas changé mais il ne dégageait plus la même aura. Quelque chose en lui avait disparu. La différence était subtile mais il ne pouvait l'ignorer. Et il finit par réaliser que c'était dû au fait que Grigor n'avait pas encore bu de sang autre que le sien, il n'était donc pas encore tout à fait un vampire. Son apparence évoluerait encore pendant quelque temps. Bientôt il deviendrait comme une statue de marbre, une œuvre d'art qui attirerait tous les regards où qu'il se trouve, quoi qu'il fasse, une présence que personne ne pourrait ignorer. Feliciano espérait seulement qu'il n'en aurait pas la froideur.

L'Espagnol finit par s'approcher de son compagnon et le tira de sa contemplation.

- Grisha? Ça va?
- Oui oui, répondit le Bulgare en se tournant vers lui. C'est juste… Rien n'a changé pourtant… J'ai l'impression que les choses ne sont plus vraiment pareilles. C'est comme si… Si je voyais des détails que je n'avais jamais remarqués avant.
- C'est beau, n'est-ce pas?
- Oui.

Grigor sourit mais son visage se ferma quand ses yeux se posèrent sur le sac du Tolédan. Il valait mieux en finir rapidement avant qu'il n'ait le temps de trop réfléchir.

- J'en ai pour une minute, lança-t-il avant de se diriger vers la cuisine.

Puisqu'il refusait de s'attaquer aux animaux domestiques, Feliciano n'avait trouvé qu'un rat. Il ne les aimait pas beaucoup, particulièrement à cause de leur aspect, mais il n'avait pas vraiment le choix. Pourtant, il réalisait que pour Grigor qui devait en plus surmonter le dégoût qu'il pourrait éprouver à l'idée de boire du sang, le fait de mordre dans un rat serait un obstacle de plus. Sa réaction ne serait pas la même devant une bête que lorsqu'il avait senti leur voisine un peu plus tôt. Il y aurait toujours la soif mais l'odeur de ce sang-là serait moins attirante. Il ne serait pas grisé par ce parfum, son instinct ne lui ferait pas oublier sa raison, ce qui laisserait bien plus la place à la réflexion et au dégoût. Alors pour lui faciliter la tâche, Feliciano sortit l'animal assommé de son sac, y planta ses crocs et fit couler le sang dans un verre. Il avait presque terminé quand il sentit Grigor derrière lui.

- Un verre? Quel raffinement.
- Je me suis dit que… Enfin ce serait plus facile pour toi.
- C'est gentil.

Feliciano lui tendit le verre, cachant comme il pouvait la dépouille du rat. Mais Grigor ne s'intéressait pas à l'animal. Il était trop occupé à fixer le liquide vermillon, perdu entre son envie et son dégoût.

- Ne réfléchis pas trop.

Grigor leva les yeux vers lui et tenta de sourire. Puis il porta lentement le verre à ses lèvres. La répugnance se lisait toujours sur son visage quand les premières gouttes de sang coulèrent dans sa bouche. Mais peu à peu, l'instinct reprit le dessus et le verre fut bientôt vide. Un instant, Feliciano crut qu'il allait lui en demander un autre, ce dont il aurait besoin avant la tombée de la nuit, mais il se contenta de poser le verre sur le plan de travail.

Feliciano l'observait, toujours avec la même mélancolie. Grigor était réellement un vampire à présent. Et pourtant, cela ne semblait pas le gêner. Il sourit, embrassa tendrement le Tolédan et se blottit contre lui. Et en caressant ses cheveux, Feliciano essayait de se convaincre que tout ce qui comptait, c'était que Grigor soit heureux.

Ils retournèrent au salon pour discuter. A présent que sa soif était apaisée, Grigor avait de nouvelles questions auxquelles Feliciano s'efforça de répondre. Puis le Bulgare proposa une partie de jeu vidéo et son compagnon accepta avec joie. Il y avait toujours cette peur que Grigor soit subitement devenu quelqu'un d'autre, que sa transformation les sépare plutôt que de les rapprocher. Alors pendant quelque temps, il se raccrocherait à chaque petite chose qui lui prouvait que son compagnon n'avait pas fondamentalement changé.

Ils n'arrêtèrent de jouer que vers midi, quand Grigor se dirigea vers la cuisine et commença à préparer le repas. Feliciano le suivit avec un sourire triste. Il l'enlaça et posa son menton sur son épaule.

- Tu n'as plus besoin de manger tu sais.

Le Bulgare se tendit légèrement. Le sang n'était pas tout. C'était dans ces habitudes qui n'avaient plus lieu d'être qu'il prendrait peu à peu conscience de ce que sa transformation impliquait.

- Mais tu manges avec moi parfois.
- C'est vrai. Par gourmandise.

Grigor se retourna en affichant un énorme sourire.

- Tu devrais savoir que je suis très gourmand! Et mon repas d'anniversaire était délicieux. Pas question de jeter les restes!
- Le repas ou le gâteau?
- Les deux!

Feliciano éclata de rire. C'était bien son Grigor. Il changerait, c'était inévitable pour un être immortel obligé de se nourrir de sang humain, mais cela viendrait avec petit à petit.

- Tu manges avec moi?

Le Tolédan acquiesça d'un signe de tête. Son compagnon était bien trop heureux pour qu'il ait le cœur à lui dire qu'après presque dix ans passés à boire du sang, son attrait pour la nourriture avait presque disparu et qu'il avait assez mangé la veille pour satisfaire sa gourmandise pendant au moins un an.

Il n’avala presque rien, se contentant d’observer Grigor en silence, perdu dans ses pensées. Le Bulgare n’avait d’ailleurs pas besoin de lui pour terminer les restes et ne remarqua rien. Il semblait tellement heureux. Feliciano ne parvenait pas à le comprendre ni à partager cette bonne humeur. Il sursauta quand la main de son compagnon se posa sur la sienne et compris enfin ce qui le dérangeait depuis le matin. La peau de Grigor était froide. Il réalisa qu’il ne sentirait plus jamais sa chaleur réconfortante contre lui et une vague de tristesse l’envahit. Comment faire le deuil de l’humanité de son compagnon quand il n’était toujours pas parvenu à faire le deuil de la sienne ?

- Feli ? Ça ne va pas ?
- Oh… Si si.
- Alors pourquoi tu fais cette tête ? Tu as l’air… Tellement triste.
- Excuse-moi, c’est juste… Il faut que je m’habitue.
- Feli… Regarde-moi.

Le Tolédan leva les yeux et découvrit le regard triste de Grigor.

- Dis-moi… Que tu ne vas pas me haïr à cause de ce que je suis devenu.
- Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ?
- Tu… Tu as toujours haï ta… Notre race. Tu as tellement de haine contre toi-même. Dis-moi… Dis-moi que je ne vais pas te dégouter.

Le cœur de Feliciano se serra. Il n’avait pas réalisé que son attitude pouvait blesser son compagnon. Comment pouvait-il être si égoïste ? Ce n’était pas sa vie, ce n’était pas à lui de décider. Grigor venait de sacrifier son humanité pour lui et tout ce qu’il parvenait à faire, c’était de lui donner l’impression qu’il allait l’abandonner et rendre ce sacrifice inutile. Il ne pouvait pas continuer ainsi.

Mais tandis qu’il se morigénait intérieurement, le regard de Grigor se faisait toujours plus triste et des larmes écarlates coulaient sur ses joues. Quand Feliciano le remarqua enfin, il s’exclama :

- Bien sûr que non !
- Ne me dis pas ce que je veux entendre, Feli. Dis-moi la vérité.

Le Tolédan fit le tour de la table pour s’asseoir à côté de son compagnon et prit son visage entre ses mains.

- Je t’aime. Que tu sois un vampire ou non n’y changera rien.
- Vraiment ?
- Vraiment.

Feliciano déposa un baiser sur les lèvres de son compagnon et l’attira contre lui.

- Je te demande pardon. Je voulais pas… Il me faudra un peu de temps pour m’habituer.
- Je sais. Moi aussi. Mais on a toute l’éternité, non ?
- Oui.

L’éternité… Feliciano commençait enfin à l’entrevoir différemment. Il n’était plus condamné à une errance solitaire et sans fin, pour autant que tout se passe bien entre eux. Faire durer une relation aussi longtemps serait un défi mais il voulait y croire. Il ferait tout pour y arriver. Et peut-être que grâce à Grigor, il finirait un jour par aimer ce qu’il était devenu dix ans plus tôt.


Fin

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 Sujet du message: Re: Beauty and the Beast - F. Lopez/G. Dimitrov - PG-13 - OS
MessagePosté: 26 Juin 2012 19:06 
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Cette fic rassemble tout ce que j'aime! C'est toi qui l'a écrite! Y'a Feli et Grigor dedans! Et des vampires!!! :toutecontente:

Pis j'aime beaucoup l'angle que tu as choisis... C'est intéressant au niveau de la psychologie des persos mais aussi très beau! Et c'est super bien écrit ce qui ne gâche rien!!!

Bref j'adore!

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Merci Kamiel pour ma signature!


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 Sujet du message: Re: Beauty and the Beast - F. Lopez/G. Dimitrov - PG-13 - OS
MessagePosté: 26 Juin 2012 21:23 
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BETHAN ! I LOVE YOU !!

D'accord, j'ai pas encore lu mais rien que pour le pairing, je dresse un autel à ton effigie & je viendrais te prier matin & soir !


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 Sujet du message: Re: Beauty and the Beast - F. Lopez/G. Dimitrov - PG-13 - OS
MessagePosté: 26 Juin 2012 21:30 
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:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

(il me reste plus qu'à espérer que la fic est à la hauteur :oops: )

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 Sujet du message: Re: Beauty and the Beast - F. Lopez/G. Dimitrov - PG-13 - OS
MessagePosté: 26 Juin 2012 21:58 
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Me revoilà.

Pas d'inquiétude, c'est largement à la hauteur, ça dépasse toutes mes espérances & je ne vois que du positif.
Petit un, tu as changé totalement de registre en écrivant sur Vampire Féli. Sur un vampire. Chose que je n'avais jamais lue venant de toi donc je suis très contente de voir que tu testes d'autres genres d'histoire, que ça te réussit vraiment bien & que tu t'en sors merveilleusement bien :)
Petit deux, je dois t'avouer qu'en lisant le pairing, j'ai totalement craqué. Je ne les imaginais pas ensemble mais comme Grigor est mon petit chou (♥) du moment & que j'adooooore Feliche (quel dommage qu'il soit déjà éliminé du tournoi de Wimbly ._.), j'ai souri comme une bienheureuse & je trouve qu'ils forment un très beau couple au final !
Petit trois, qui au final devrait être mis avec le petit un car je vais reparler des vampires. C'est la façon dont tu en parles qui me plaît. Dans cet OS, on a l'aspect négatif de la créature. Tout ce qui fait que Feliche déteste ce qu'il est. Ça change beaucoup de la manière édulcorée dont est présenté la bête dans les romans de ces temps-ci. Comme Aeris a dit, c'est l'aspect psychologique qui est intéressant. Comme il se perçoit, toutes les peurs qu'il rencontre juste après la transformation de Grigor, la peur qu'il ait changé, que sa personnalité ait fondamentalement changé, ce genre de détails. Je trouve que c'est très bien décrit & qu'on se plonge dans "l'intérieur" du personnage. C'est l'énorme point positif, qualité de l'écrit :)
Petit quatre, en lisant le titre, je me suis demandée si tu allais nous faire un remake tennistique de l'oeuvre Beauty And The Beast. Et au final, absolument pas. C'est une toute autre façon de percevoir le titre & j'aime beaucoup ça. Une autre manière de comprendre le titre, nous montrer ce que toi tu vois derrière ces mots, ce que ça représente, ce que tu comprends, ce que tu imagines. Vraiment, c'est inattendu & très intéressant :)

Donc :bravo: pour cet OS. J'ai adoré. Je trouve ça très bien écrit. Ça change ce que j'ai pu lire venant de toi & j'aime vraiment beaucoup l'idée & l'histoire, la profondeur des personnages, leurs inquiétudes & leurs souhaits.


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 Sujet du message: Re: Beauty and the Beast - F. Lopez/G. Dimitrov - PG-13 - OS
MessagePosté: 27 Juin 2012 11:54 
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:calin: :toutecontente: merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!! Ta review me fait vraiment super plaisir. :wouah:

Concernant les vampires, moi aussi j'ai beaucoup de peine avec la façon dont ils sont représentés ces temps. Si c'est juste pour le coté érotique (ou petit ami parfait :roll: ), je ne vois pas trop l'intérêt. Et surtout, c'est trop facile d'ignorer tout ce qu'implique l'immortalité et le fait de se nourrir de sang. C'est pas vraiment crédible non plus. Du coup, je voulais vraiment travailler ce côté-là mais j'avais peur d'en faire trop/pas assez donc je suis vraiment contente que ça te plaise.

Pour le titre, j'ai pas mal galéré (comme toujours en fait :lol:). J'avais peur que ça ne soit pas très accrocheur mais en même temps, ça collait bien sans trop dévoiler de l'histoire. Ca me fait plaisir de lire ce que tu penses de ce choix.

Merci infiniment pour ta review!

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 Sujet du message: Re: Beauty and the Beast - F. Lopez/G. Dimitrov - PG-13 - OS
MessagePosté: 27 Juin 2012 17:45 
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Slash ou non, telle est la question...
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Messages: 843
Localisation: La où je suis, la où je serais
J'adore tout simplement. Tu me conquis avec cette histoire. C'est tout ce que j'adore quoi. Un mélange de surnatural,romance et tout et le plus important l'immortalité. Bravo et pour finir tu écrit trop bien. :bravo: :bravo: :bravo: :bravo:

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