Nouveau petit texte, merci beaucoup à tatunette pour la beta! Disclaimer: je ne les connais pas, ne raconte pas la vérité POV Tomo
Not my brother
Encore un samedi soir passé avec les frères Leto, encore un moment de joie simple et de détente sans le stress, les contraintes et la fatigue. Et pourtant j’ai de plus en plus de mal à m’immerger dans cette ambiance. Je jette un coup d’œil à l’origine de mon malaise : Shannon. Le batteur est en train de mettre un CD le temps que Jared revienne du supermarché avec de nouvelles provisions en bière, glace au soja et pizza. Je l’observe, assis sur le canapé, l’esprit à la fois fixé sur lui et complètement ailleurs. Je m’interroge depuis un moment sur l’équilibre du groupe, sur ce qu’on ressent les uns pour les autres. Je sais où j’en suis avec le chanteur. Il est d’ailleurs assez ouvert sur ce sujet, n’hésitant pas à me répéter encore et encore qu’il me considère comme son frère. Mais le batteur, c’est une autre paire de manches. Ce n’est pas que les choses se passent mal, bien au contraire. Je n’arrive même pas vraiment à savoir ce qui me déplaît. Peut-être le fait que nos liens ne sont pas aussi clairs que ceux que j’ai avec l’acteur, nos échanges moins ouverts, plus amicaux que familiaux. Je voudrais tant qu’il m’appelle lui aussi « Bro’ ». Enfin… Si je suis honnête à cent pour cent, ce n’est pas tout à fait vrai. Mais une relation fraternelle, c’est le mieux que je puisse espérer. Je voudrais tant… Juste savoir que je compte à ses yeux. Je suis présomptueux. Je le sais bien. Il se tourne vers moi avant que je n’ai le temps de faire disparaître le désarroi de mon visage. « Tomo ? Un problème ? - Non. » Après mon déni initial, quelque chose se déclenche en moi, un ras-le-bol face à mes doutes et mes craintes. Péniblement, je me lance pour enfin avoir des réponses à la question qui me hante : « Juste… Je me demande depuis un moment… - Tu sais que tu peux tout me dire hein ? - Justement, je ne sais pas non. » J’ai à peine fini ma phrase que je regrette déjà l’amertume transparaissant dans ma voix. Mais ce n’est pas ça qui fera partir un Leto, au contraire, et tout en reprenant la parole, il s’assoit à côté de moi. « Tomo qu’est-ce qui se passe ? J’ai fait quelque chose de mal ? - Non. Enfin… C’est compliqué. Plutôt ridicule en fait… - Rien de ce qui te rend triste ne peut être ridicule. - C’est… Tu ne dis jamais oui. Je veux dire… Quand on passe des moments tous les trois et que Jared dit que m’avoir avec vous c’est comme avoir retrouvé un petit frère qui manquait à l’appel… Quand ça arrive, tu ne réponds jamais rien. Tu détournes le regard et tu te contentes de ce petit bruit de gorge qui veut tout et rien dire. Et… J’ai l’impression que tu ne parles pas pour ne blesser ni Jay ni moi. Mais si tu pensais comme lui, et bien tu le dirais… Et… Bien sûr je suis heureux de la relation fraternelle que j’ai avec Jay. Et c’est pas comme si ça se passait mal entre nous, mais j’ai l’impression que je ne compte pas autant pour toi que je compte pour Jared et je sais que c’est égoïste de dire ça parce que l’amitié qu’on partage est déjà extra et meilleure que ce que la plupart des gens connaissent et… » Mon rythme de paroles s’accélère de plus en plus et je ne suis stoppé que par le contact de sa main sur mon épaule. « Chuuuut, calme-toi. Je ne vais nul part, tu n’as pas à t’emballer comme ça. - Je sais que je n’ai aucun droit de te demander… Je dois être parano c’est tout. Et puis que tu ne dises rien n’est pas un crime, et je me fais peut-être des idées et… - Non. Tu as raison. Je ne pensais pas que tu l’avais remarqué. Et j’en suis désolé. » Donc j’avais vu juste. Savoir que je n’avais pas halluciné ne me réconforte en rien cependant. « Est-ce que… Toi et moi pour toi c’est… Enfin… - Tu es important pour moi. Plus que tu ne l’imagines. Mais dire que je te considère comme mon frère, ce serait mentir. Si c’était le cas, je n’aurais pas envie de faire ça… » Je sens les doigts du photographe caresser ma joue et mon cerveau n’a pas le temps d’assimiler sa proximité nouvelle avant que je ne sente ses lèvres sur les miennes. Ça ne dure que quelques secondes, presque un simple frôlement, et pourtant c’est d’une douceur et d’une force affolantes. Son timbre chaud retentit de nouveau. Il y a une hésitation dans sa voix que je trouve attendrissante. « Je pense que ça éclaircit les choses. - …En effet. » Je m’en veux de ne rien pouvoir ajouter d’autre. Je suis encore sous le choc de la tournure de la conversation, effaré par ce baiser, cette explication à toutes mes questions. Et en même temps, je suis tout bêtement heureux. Shannon ne baisse pas le regard mais je lis de la peine dans ses yeux, un recul. « Je crois que je suis allé trop loin. Pardon. » Je cherche mes mots, comment lui faire comprendre qu’il vient juste de réaliser quelque chose auquel je n’osais même pas penser. « Ma grand-mère disait toujours, quand on a prit un chemin, ça ne sert à rien de chercher à reculer, on ne peut que tomber. Alors autant continuer jusqu’au prochain croisement. - Et d’après toi, nous sommes sur un chemin ou un croisement ? » Il y a de l’espoir dans ses mots, le même que celui qui se cachait encore au plus profond de moi il y a à peine cinq minutes, si loin que moi-même je prétendais ne pas le voir. Je souris enfin, avec une paix que je ne pensais pas possible, et réponds : « Le début. Le début d’une route de laquelle je n’ai aucune envie de m’écarter. »
Fin
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