Voici enfin la suite. Désolée pour le retard. Chapitre 13Resté seul sur la glace, Johnny arracha une mèche de cheveux de sa tête.
Le geste d’Evan… ses paroles… la tendresse qu’il avait cru deviner dans son regard…
Il avait dû rêver… non ?
Depuis hier, il était dans un état comateux… la maladie, la fatigue, tous ces médicaments qu’il avait ingurgités… pas surprenant si son imagination lui jouait des tours…
Car l’homme qui venait de se sauver comme un voleur, ce ne pouvait pas être Evan.
Pas celui qu’il connaissait.
Pas le monstre froid enfermé dans sa cuirasse qui n’accordait pas un regard à ses adversaires et paraissait incapable du moindre sentiment.
Johnny revint au bord de la patinoire. Sa bouteille d’eau était vide. Le froid le transissait. C’est à peine s’il pouvait plier les doigts. Tandis qu’il renfilait sa veste, son regard se perdit au loin. En direction de la porte où Evan venait de s’engouffrer.
Son cœur se serra.
Pourtant, le souvenir de Stéphane s’estompait doucement, imperceptiblement. Tout à l’heure, sa mère l’avait réconforté. Et les répétitions s’étaient bien passées.
Alors ? D’où lui venait cet étrange vague à l’âme ?
« T’as une petite mine, Johnny », lui fit remarquer Natalia en le décoiffant dans un geste affectueux.
Johnny sursauta. Absorbé dans ses pensées, il n’avait pas remarqué sa présence.
« Tu trouves ? balbutia-t-il.
– Oui. Je pense que ce serait mieux qu’on s’arrête là pour aujourd’hui. »
*
Evan revint au vestiaire d’un pas hésitant – ses cheveux lui coulaient dans les yeux. Il venait de se passer la tête sous l’eau dans l’espoir de recouvrer un peu de lucidité. Il ne réussit qu’à se prendre l’embrasure de la porte – en plein sur l’arête du nez, qu’il avait très long.
Alors qu’il reprenait ses esprits, quelle ne fut pas sa stupeur en découvrant Johnny assis sur un banc, avec Pong dans les bras.
« Hé ben, Evan, on marche de traviole ?
– Qu’est-ce que tu fiches là ?
– Natalia a dit que c’était bon pour aujourd’hui.
– Ah...
– Tant mieux parce que je commençais à en avoir ma claque. »
Evan ne savait plus où se mettre. Et lui qui croyait pouvoir bénéficier d’un instant de répit ! Qu’est-ce que Johnny pouvait bien penser de lui après ce qu’il venait d’arriver ?
Mais ce dernier ne laissait rien paraître de son émoi. Il époussetait Pong avec sa brosse à cheveux :
« Ses oreilles sont toutes sales ! » se lamenta-t-il.
Pris d’une pulsion de survie, Evan arracha ses patins des pieds, se rua sur son sac, y rangea ses affaires à coups de tatanes, sauta dans ses baskets et jeta sa parka sur le dos.
« Hum… je file à l’appart’… euh…, dit-il en se dirigeant vers la porte. Mais te presse pas, hein. »
Le temps que Johnny rapplique, il aurait élaboré une stratégie de défense.
Alors qu’il empoignait la clenche, Evan se retourna brusquement vers Johnny, pensant que ce dernier allait lui demander de l’attendre.
Mais pas du tout. Ce petit péteux continuait à frotter le museau de Pong sans lui prêter attention.
C’était un peu vexant.
« Sonne à l’interphone dès que tu arrives, ajouta Evan. J’ouvrirai. »
Aucune réaction de Johnny.
« Johnny ? Tu m’écoutes ?
– Faudra que je lance une machine en rentrant, maugréa Johnny. T’as du détachant ? »
*
Les patins d’Evan avaient laissé un sillon dans la moquette. Cela faisait vingt minutes qu’il tournait en rond dans son salon.
Lorsque le timbre de la sonnette retentit, il fit un bond de trois mètres. Hé merde ! Johnny était déjà là.
Evan actionna l’ouverture de la porte de l’immeuble. Quelques secondes plus tard, il entendit un pas léger dans le couloir.
« Il fait un froid de canard ! » se plaignit une voix aiguë.
Le minois de Johnny surgit dans l’embrasure de la porte.
Le col de renard qui lui chatouillait le menton était maculé de flocons de neige. Au-dessus brillaient un nez tout rouge et une paire d’yeux larmoyants.
Evan se décomposa : Johnny était encore plus adorable que tout à l’heure.
Johnny entrechoqua ses bottines au-dessus du paillasson. Evan se racla la gorge :
« Il faut que je te parle, annonça-t-il, péremptoire - il avait répété cette phrase une bonne dizaine de fois.
– P’t-être que ça pourrait se faire à l’intérieur, nan ? » grelotta Johnny.
Evan s’effaça pour le laisser entrer. En passant près de lui, Johnny lui montra la boîte enrubannée qu’il tenait à la main :
« J’ai ramené une petite douceur, gazouilla-t-il. Tu as vu qu’il y a une merveilleuse pâtisserie française dans la rue d’à côté ? Quand le patron m’a reconnu devant sa vitrine, il s’est précipité pour m’offrir ça. C’est une tarte au…
– Écoute, l’interrompit Evan d’une voix grave. J’ai réfléchi. »
Johnny faillit lâcher la boîte :
« Hein ? toi ? tu déconnes ?
– Non. Je pense que ce serait mieux si… enfin, si tu logeais ailleurs. »
Evan s’était blindé. N’empêche que c’était sorti difficilement.
Les sourcils de Johnny se rapprochèrent.
« Ce n’est pas contre toi, explicita Evan. Mais… j’ai besoin d’un peu d’intimité, tu comprends… Je… j’avancerai les sous pour l’hôtel, t’inquiète pas. »
Johnny ravala sa déception. Pas question d’argumenter, ce serait s’abaisser :
« OK, comme tu veux, articula-t-il. Je vais faire mes valises. »
Déposant le gâteau sur la table de la cuisine, il s’éclipsa.
Evan respira : ça avait été beaucoup plus simple qu’il l’avait cru.
Trop simple.
Dès qu’il fut dans sa chambre, Johnny fondit en larmes. Vraiment, il ne s’attendait pas à être répudié de la sorte. Comme un vulgaire parasite. Même Ping et Pong, habituellement fort inexpressifs, semblaient tristes pour lui.
Mais quelle mouche avait piqué Evan ?
Johnny se tritura la cervelle avant d’en arriver à la conclusion que si cette brute tenait à le faire dégager, c’est parce qu’il comptait recevoir quelqu’un chez lui – en toute discrétion. Mais qui ?
La blondasse pneumatique avec laquelle il s’était affiché sur le tapis rouge des Machin Chose Awards ?
Ça devait être ça… En matière de petites copines, fallait avouer qu’il avait des goûts de chiotte. Seule Tanith relevait le tableau… de chasse.
Johnny boucla sa malle en un temps record, essora ses peluches trempées de larmes, puis farfouilla dans son vanity Vuitton. Un artiste comme lui se devait de soigner sa sortie.
Une touche de fond de teint sous les yeux pour estomper les traces de ses pleurs. Du mascara pour sublimer son « regard magnétique » – c’était l’expression préférée de Joey. Du blush à foison. Du gloss rose. Et un voile de laque pailletée sur les cheveux.
Le strict minimum, quoi.
Au bout d’une heure, Johnny ouvrit solennellement la porte de la chambre. Puis il sortit d’un air très digne, tête haute, en posant bien ses louboutin l’une devant l’autre.
Il quitterait la scène comme un prince… enfin, comme une princesse. Drapé dans sa fierté. Sans un mot de remerciement.
« Johnny ? »
Il trébucha. Evan se tenait devant lui, rongé de remords :
« Tu peux rester encore une nuit ici si tu veux, hein. »
Johnny étouffa un grognement : c’était bien la peine qu’il se bousille les orteils dans ses chaussures trop hautes !
*
« Encore une part ?
– Nan, je sature », maugréa Johnny, en comptabilisant avec horreur le nombre de calories qu’il venait d’ingurgiter.
Evan se leva pour remettre la tarte au frais, puis débarrassa la table.
Pendant ce temps, Johnny réfléchissait, le menton au creux de la main. Quelque chose le chiffonnait. Il voulait en avoir le cœur net.
« Evan ? Je peux te poser une question ?
– Murmf…»
Ça devait vouloir signifier : "Mouais". Ou plus exactement : "Vas-y, mais t’attends pas à ce que je réponde."
« Pourquoi t’étais si pressé de me mettre dehors tout à l’heure ? Je dérange ? »
Heureusement qu’Evan faisait face au lave-vaisselle, sinon il aurait difficilement caché son embarras :
« Je t’ai déjà dit que…
– La vérité, coupa Johnny. Je préfère.
– Je t’ai parlé franchement. Pour qui tu me prends ?
– Tu as peur qu’on s’imagine des choses ? insinua Johnny. Avec notre numéro en couple, ça ferait beaucoup, n’est-ce pas ?
– Je me fiche de ce que les gens peuvent penser de moi ! se défendit Evan.
– Même ta petite copine ? »
Piqué au vif, Evan fit volte-face :
« Arrête d’emprunter tous ces détours. Qu’est-ce que tu veux me faire dire ?
– Je sais que ça te fiche la honte qu’on nous voie ensemble. »
Johnny guettait sa réaction, avide. Evan poussa un soupir agacé :
« Ce que tu peux être pénible quand tu veux ! À ce stade, c’est de la paranoïa. Pourquoi voudrais-tu que j’aie honte ? »
Remettant la tête dans le lave-vaisselle, il ajouta :
« Et puis j’ai pas de copine. »
Johnny tressaillit. Cette révélation lui ouvrait des horizons inespérés. Car Evan n’avait pas dit : « plus de copine ». La différence était de taille. Surtout pour un type aussi avare de ses mots.
Qui sait ? se prit à espérer Johnny. Si ça se trouve, Evan ne trimballait des greluches à son bras que pour sauver les apparences. Quant à sa barbe de trois jours, ses chemises à carreaux, sa démarche de cow-boy, ce n’était peut-être que des subterfuges pour se donner l’air viril. De la poudre aux yeux, en somme.
Johnny aboutit à la conclusion qu’au fond, il ne savait rien d’Evan… ou presque. La seule info à peu près certaine, c’est qu’il était sorti avec Tanith. Pas longtemps. Juste assez pour briser son amitié avec Tanith. C’était peut-être le but de la manœuvre…
Evan referma sèchement la porte du lave-vaisselle :
« Enfin, pas en ce moment… », crut-il devoir préciser.
Johnny se mordit la langue.
*
Evan s’imaginait passer une soirée peinard. Que nenni.
En revenant au salon, il découvrit Johnny vautré sur SON canapé. En train de regarder SA télévision. Cramponné à SA télécommande – comme s’il craignait qu’on la lui pique.
Evan se fit la réflexion que son invité commençait à devenir sacrément envahissant.
Il s’affala au bout du canapé, contre l’accoudoir. Les peluches de Johnny prenaient toute la place. Surtout le bidule aux grandes oreilles.
« Qu’est-ce que tu mates ?
–
Le Pianiste, chuchota son voisin, déjà captivé. Ça vient juste de commencer…
– Hé ben, ça pas l’air gai. Encore un truc qui fait chialer, je parie.
– C’est mon film préféré, s’emballa Johnny. Je l’ai vu une dizaine de fois. C’est l’histoire de… »
Et il lui raconta toute l’intrigue avec force détails. Même la fin.
« Ah…, réagit mollement Evan. Pourquoi tu regardes si tu sais déjà comment ça va se finir ? »
Johnny haussa les épaules, manière de lui signifier qu’il venait de dire une connerie.
« Et ça dure combien de temps ? soupira Evan, priant pour que la torture fût courte.
– Deux heures et demi. »
Hé ben, j’ai pas fini de me faire chier, ronchonna Evan.
Il se traîna jusqu’à la cuisine, sortit une boîte de pop-corn du placard et la fit chauffer au micro-ondes. Deux minutes plus tard, il revenait s’asseoir avec un maïs gonflé et caramélisé comme il l’aimait – histoire de faire passer la pilule.
Parce que ça n’en finissait pas, ce film.
Et ce fatras de références historiques ! La seconde guerre mondiale, l’invasion de la Pologne, le ghetto de Varsovie… Il n’était pas certain de tout capter. Faut dire qu’à l’école, il avait la fâcheuse manie de sécher les cours d’histoire.
Au bout d’une demi heure, Evan avait totalement décroché. Il se laissait bercer par la musique et mâchait énergiquement son pop corn, la bouche grand ouverte.
« Tu pourrais pas faire un peu moins de bruit ? lui lança Johnny avec un regard courroucé. On dirait une vache qui rumine ! Mais comment t’arrives à t’empiffrer devant un film aussi triste ?
– Murmf…, objecta Evan.
– Et puis t’étais pas censé être au régime ? Tu sais le nombre de calories que contiennent ces pop-corn ? »
Evan regarda tristement la boîte, avant de se résoudre à la poser entre eux deux :
« Aide-moi à la finir, ça sera toujours ça de calories en moins pour moi. »
Johnny hésita. Puis, sans quitter l’écran des yeux, il tendit la main. Le pop-corn, c’était un peu sa madeleine à lui : le goût de son enfance. Gras, sucré, vaguement écoeurant. Irrésistible. Il en oublia le film déprimant qu’il était en train de regarder.
Il céda à la tentation de se resservir. Mais au moment où il fourgonnait dans la boîte, Evan y plongea sa main. Johnny retira brusquement la sienne, comme s’il venait de se brûler. Son cœur battait la chamade. Mais pourquoi se mettait-il dans des états pareils ?
Quelques minutes plus tard, il tenta une nouvelle approche. Mais à nouveau sa main rencontra celle d’Evan. La poisse.
À la troisième tentative, Johnny atteignit son but, mais la boîte était presque vide. Trois pauvres petits grains se battaient en duel au fond de la boîte, collés au carton.
Au moment où Johnny s’apprêtait à s’en emparer, une main retint la sienne. Une main large, musclée, enveloppante, un peu calleuse aussi. Une main d’homme.
Johnny frissonna avant de virer à l’écarlate. Il était vachement étroit, ce canapé. Nan ? Ou bien était-ce Evan qui s’était subitement rapproché ?
Mais qu’est-ce qu’il lui voulait ?
« Bhêêê ! piailla Johnny en se rencognant contre l’accoudoir. Fous pas tes pattes sur moi ! T’as les doigts qui collent. C’est dégueulasse ! J’ai les doigts tout poisseux, maintenant ! »
Evan, impassible, n’avait pas lâché sa main. Johnny s’avisa alors que ce dernier le fixait d’un drôle d’air. Un peu de la manière dont un matou regarde bubulle tourner dans son bocal.
« Excuse-moi, murmura Evan en tirant la main de Johnny à lui. Je vais arranger ça. »
Prenant les doigts de Johnny dans sa bouche, il se mit à les lécher. Goulûment. Sensuellement. En faisant tourner la pointe de sa langue autour de ses phalanges.
Johnny se laissait faire, médusé. Soit il faisait un bad trip, soit… Evan était en train de le draguer !!! La technique n’était pas très subtile, mais ça avait le mérite d’être suggestif.
« Evan…, protesta faiblement Johnny. Qu’est-ce que tu fiches ? »
Il aurait pu se lever, offusqué. Sprinter jusqu’à sa chambre. Barricader la porte avec sa malle. Nouer les draps de son lit. Et s’enfuir par la fenêtre.
Mais Johnny ne fit rien de tout cela.
Car le petit manège d’Evan, ses lécheries, son regard insistant, tout cela commençait à faire effet sur lui. Et pas qu’un peu.
Mais hors de question de rendre les armes aussi vite.
« C’est bon, hein, maugréa-t-il en retirant ses doigts de la bouche d’Evan. Il reste plus rien. »
Et il fit mine de se concentrer sur le film.
Mais Evan se rapprochait inéluctablement de lui. Avant que Johnny ait eu le temps de réagir, il avait attrapé la télécommande et éteint le téléviseur. Ça se corsait.
« Evan… hum… je ne sais pas si… »
Johnny fut prestement renversé sur les coussins. Il se débattit, tenta de se relever. Evan l’immobilisa en se couchant sur lui.
Son visage n’était plus qu’à quelques centimètres de celui de Johnny, qu’il écrasait de tout son poids.
Bref, la situation commençait à devenir sérieusement équivoque.
Et Johnny ne pouvait compter ni sur Ping ni sur Pong pour le tirer de là !
« Je suis malade, tu sais », crut-il devoir rappeler.
Pour appuyer son propos, il postillonna au nez d’Evan.
« La période d’incubation est passée, répliqua ce dernier en s’essuyant avec la manche de sa chemise. Trouve autre chose… »
Sa main se glissa insidieusement sous le tee-shirt de Johnny.
« J’aimerais mieux qu’on n’aille pas plus loin, regimba ce dernier. J’suis pas libre, tu comprends.
– Sérieux ? »
D’un coup de coude, Evan envoya valser Ping et Pong à l’autre bout du salon :
« Voilà. Problème réglé. Je suppose que tu n’as personne d’autre dans ta vie ?
– Ben euh… en fait… »
Johnny n’acheva pas. Comme un rapace fond sur sa proie, Evan s’était abattu sur lui.
Pendant quelques secondes, Johnny perdit la conscience de ce qui l’entourait. Ce ne furent plus que des sensations confuses, exquises. Douceur. Chaleur. Humidité. Les muscles puissants d’Evan roulant sous ses mains.
Lentement, ses esprits lui revinrent. Il faisait nuit. Les appliques au mur jetaient une lumière tamisée dans la pièce.
Et la bouche d’Evan était soudée à la sienne. Ou le contraire. Il ne savait plus trop qui embrassait l’autre. La seule chose qu’il savait, c’était qu’il n’avait pas la moindre envie de se sauver. Même si Evan puait l’after shave.
Johnny sentit qu’on le prenait par la nuque. La langue d’Evan vint appuyer sur ses dents. Johnny lui céda aussitôt le passage. Le baiser qui s’en suivit fut passionné et vorace.
Évidemment, Johnny aurait pu faire languir un peu Evan. Lui montrer qu’il n’était pas un garçon facile – contrairement aux bruits qui couraient sur lui.
Mais Johnny n’en avait cure. Evan embrassait comme un dieu. Sans la moindre retenue. En promenant ses mains partout sur son corps. Chacun de ses assauts laissait le pauvre Johnny au bord de la pâmoison.
Un peu plus et ce dernier allait s’offrir sur ce canapé. Comme une traînée.
Pour son honneur, la situation était critique.
« Evan…, gémit-il.
– Murmf ?
– Laisse-moi un peu respirer… »
Evan lui rendit sa liberté à regret.
« Quoi, ça te plaît pas ? grogna-t-il avec sa délicatesse habituelle.
– Ce n’est pas ça…, se défendit Johnny. Comment te dire… je ne m’attendais pas à… »
Il se redressa avec difficulté. Il voyait trouble.
« Je… je…, haleta-t-il. C’est... ça va trop vite… J’ai besoin de prendre un peu de recul. »
Evan cligna des yeux. Il semblait un tantinet dépité.
« Comme tu veux », grommela-t-il en se levant.
Johnny l’imita.
Était-ce une illusion ? Evan lui parut à cet instant, avec ses cheveux en bataille et sa chemise déboutonnée, intensément désirable.
Les jambes de Johnny flageolèrent.
Vite, trouver un prétexte pour s’éclipser. Son regard tomba sur l’horloge murale :
« Il est tard, décréta-t-il. Faut que j’aille me coucher ».
Evn ne répondit rien. Il l’avait mauvaise.
Avant de déguerpir, Johnny ramassa ses peluches.
Il n’était pas peu fier de ne pas avoir couché le premier soir – ça ne lui arrivait pas souvent.
En même temps, si Evan avait insisté, il n’aurait pas donné cher de sa vertu…
A suivre...