Ce chapitre a été particulièrement long et douloureux à venir... Il a fallu quelques temps pour me remettre "dans le bain", normalement c'est chose faite ! J'espère juste ne pas être trop "à côté de la plaque" pour le début.
![Mort de rire :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Ceci dit...
(Pour information, je cite le nom d'Indio à un moment : au cas où, il s'agit de l'unique fils de RDJ, 17 ans, issu de son premier mariage.)
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Chapitre cinq -
Question de voeux.
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Londres, 01 :45 AM.
Profitant du fait que Robert donnait quelques coups de fil aux Etats-Unis, Jude était sorti prendre l’air à l’extérieur dans le jardin qui comptait à peine trois buissons ; aussi minuscule soit-il, il lui apparaissait vital d’avoir un peu de végétation dans cette ville grise et oppressante. Assis sur la terrasse, à même le sol, l’anglais regardait les étoiles qui perçaient de temps à autre les nuages de pollution ; de la même façon que Robert lui apparaissait comme une bénédiction dans cette vie bien vide de sens et dénuée de tout intérêt. Il souriait encore niaisement de cette comparaison quand l’homme apparut à la porte, se penchant en avant. Il lui demanda la permission de le rejoindre ; autorisation aussi vite accordée.
- Tu n’aurais pas une cigarette pour moi ? Je n’en achète jamais.
- Tu sais bien que oui. Répondit l’américain d’une voix coupable avant de tendre son paquet. Je ne te vois pas souvent en allumer une… Tu es contrarié ?
- Loin de là !
- Pourquoi t’en griller une, alors ? Demanda Robert, étonné.
Glissant le poison entre ses lèvres, Jude ferma les yeux, abaissant ses longs cils dans un merveilleux numéro de charme au moment exact où son ami faisait craquer son briquet pour déployer une flamme orangée, tremblotante. Tirant quelques courtes bouffés, le benjamin souffla en l’air la fumée grise d’un air à la fois détaché et calculé.
- Rien que pour le plaisir de te voir t’approcher aussi près de moi.
- Tu n’as qu’à le demander ! Remarqua le brun, enjoué, avant de reprendre un ton plus sérieux. Susan arrivera mercredi, vers huit heures du matin à Londres. Tu aurais sans doute voulu que nous restions à deux plus longtemps. A vrai dire… C’est le seul vol direct de la journée, ce serait plus simple pour elle. Cela ne pose pas trop de problème ?
- Aucun. Vous resterez déjeuner à la maison ? Je me ferai un plaisir de la revoir, cela fait quelques temps que je ne l’ai plus vu.
Bien que soupçonneux, Robert devait bien avouer que son acolyte avait l’air tout à fait sincère et enchanté à l’idée de les accueillir. Il se sentit soulagé après l’angoisse qu’avait provoqué chez lui l’idée que ce changement de dernière minute ne convienne pas du tout au britannique. Celui-ci ne pensait à présent plus qu’à une chose : il lui restait deux nuits et une seule journée pour en finir avec la distance ridicule qui existait encore entre eux et solder ses plans. Le regard dans le vide, l’esprit ailleurs, il ne se rendit jamais compte que son ami lui avait emprunté la cigarette. Robert semblait préoccupé, triturant le filtre entre son index et son pouce sans même le porter à sa bouche.
- Tout va bien ? Lui demanda timidement Jude en fronçant les sourcils, assez intrigué du comportement de son compagnon. Tu as l’air complètement à l’Ouest.
- Rien de bien méchant. Je songeai juste au fait que- Rien de très intelligent ! Juste que j’allais poser mes lèvres là où les tiennes se trouvaient il y a peu. Tu vois, ce n’est rien de très intéressant.
- Si tu désires quelque chose, demandes-le moi clairement. Je n’aime pas ce genre de numéro, tout demander à demi-mots, c’est usant et assez puéril.
La remarque sembla refroidir l’ambiance entre les deux hommes. L’anglais assis sur le sol, l’américain toujours débout sur ses deux pieds, ils se turent, ne s’accordant un peu d’attention qu’au moment de passer la cigarette d’une main à l’autre. Ce fut Jude qui entama un nouveau sujet de conversation, conscient de n’être pas innocent à ce soudain malaise.
- Comment va Indio ? Toujours plus concerné par sa guitare que ses études ? Il y a un sacré moment que je ne l’ai plus vu.
- Moi aussi, je dois avouer. On doit normalement passer les vacances de printemps ensemble. Tu pourrais venir faire un saut de deux ou trois jours chez nous. On ne fera rien d’exceptionnel, juste un match de basket ou de hockey, un barbecue, ce genre de trucs. Pour le lycée, je laisse sa mère s’en occuper. Susan a son mot à dire aussi, mais moi… Je n’ai pas été foutu de finir les miennes, ce ne serait pas très honnête de le blâmer pour quelque chose que je n’ai jamais fait. Du moment que ses fêtes entre amis ne dégénèrent pas, que je ne trouve pas d’alcool ou de substances louches dans sa chambre, je n’ai pas trop à intervenir.
- Petit enfant, petits soucis, grands enfants, grands soucis ! Bien content que les miens n’aient pas encore atteint l’âge de l’adolescence. Tu as si peur que ça de le voir faire une bêtise ?
- Non, pas vraiment. Il m’a dit lui-même que j’étais sa meilleure raison de ne jamais commencer. Lors de ma dernière rechute, il avait l’âge de comprendre ce qui se passait et pourquoi il ne me voyait plus. D’ailleurs, je m’en souviendrai toujours : Indio m’a dit, il doit y avoir deux ou trois ans, qu’à l’époque, quand il voyait quelqu’un lire le journal, il avait peur d’y voir le mot «
overdose » près de ma photo. J’ai compris depuis qu’il était mieux préparé que les autres gosses de son âge pour éviter ces pièges là.
- Très dur comme phrase. Répondit Jude d’une voix affectée. T’as réagi comment ?
- Rien. J’ai prit le volant, j’ai roulé une ou deux heures pour oublier un peu. Puis, pleurer aussi. Qu’est-ce que tu veux faire après ça ?
La question n’appelait à aucune réponse, elle était juste l’expression de la douleur et de la cruauté de la vie. Celle qui vous met sans dessus dessous et s’offre finalement, un jour, comme le plus beau des cadeaux. Souriant, ils virent tous les deux une lumière vive traverser le ciel brièvement avant de disparaître.
- Une étoile filante, un vœu, c’est cela ? Demanda Robert, amusé. Alors, c’est quoi le tien ?
- Je ne dirai rien. Il ne se réalisera pas si je le dis ! Répondit Jude, jouant l’enfant en croisant ses bras d’un air boudeur.
L’américain lui tendit une main pour l’inviter à se relever. Face à face, ils savaient tout deux que ce moment n’avait rien d’anodin ; il n’était rien de moins que la fraction de seconde, l’attente délicieuse qui précédait les choses tant désirées. Cet instant exact où on se réjouissait de les atteindre sans pour autant les connaître déjà. Les yeux noisette plongés dans le regard bleu acier, la voix grave et sûre d’elle de l’américain s’éleva dans le silence nocturne ; du discours probablement très touchant, Jude ne perçu que les derniers mots : les plus importants, ceux qui réclamaient avidement ce premier baiser.
La main du britannique se posa sur la joue mal rasée de son ami avant de se placer à l’arrière de sa tête, l’attirant vers lui avec une lenteur renversante. Entre le mur et le corps de son ami, Robert sentit son cœur s’emballer. Des lèvres encore inconnues se posèrent sur les siennes, chaste et pur dans un premier temps, le contact s’intensifia, l’invitant à accepter la langue qui ne cherchait rien de plus que le contact avec la sienne. Les yeux fermés à s’en fendre les paupières, luttant pour ne pas s’emporter, le benjamin glissa néanmoins sa main sous la chemise de l’américain. Accentuant le contact entre leur deux corps, approfondissant encore plus le baiser, ils ne sentaient rien sauf un sang chaud inondant leurs veines et une envie bien certaine quant ils se séparèrent, le souffle court. Front contre front, ils partagèrent un sourire, aussi enchanté l’un que l’autre de ce premier pas.
- Sans tomber dans le cliché… C’était réussi. Avoua Robert, les joues rouges. Jude ne parvint jamais à savoir si c’était sa timidité qui revenait à la charge ou si c’était bien plus ; il lui retourna le compliment avant de fondre sur son ami pour un deuxième baiser, plus long et plus passionné cette fois. Ce moment idyllique dérapa lorsqu’il posa la main sur la ceinture de son aîné, prêt à la défaire d’un geste impatient. Le brun l’en empêcha, lui accordant un regard à la fois gêné et déterminé.
- Une chose à la fois. Je ne me sens pas encore capable d’aller plus loin.
Contrarié d’avoir été éconduit, malaisé d’avoir pressé son ami, il recula de quelques pas sans savoir quels mots choisir pour s’excuser. Il n’eu pas à le faire ; un troisième baiser vint bientôt unir leurs lèvres, repartant pour un balais enthousiaste. Au terme de celui-ci, Robert l’entoura de ses bras, le serrant contre lui. Jude remercia le ciel, au propre comme au figuré, de lui avoir offert cette première victoire. Aussi brillantes, les étoiles semblaient à présent avoir désertés le ciel pour s’établir dans ses yeux.
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Je sais, c'est très très court. Je ferai mieux la prochaine fois. J'espère ceci dit que ce premier baiser vous a plu.
![Clin d'oeil ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)