Forum - Le Monde du Slash

Fallait pas ?

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[In that knowledge, DESPAIR !!!!!]
C'est pas parce que je t'enculerai deux ou trois fois que tu deviendras pédéraste ! (Jean D'Ormesson)
ಌ

lol Si, bien sûr. J'y aurais très certainement pensé aussi, mais c'est surprenant de quelqu'un d'autre pense à ma fic, quoi ! ^^

Alors, la suite...


Chapitre 7 – Secrets

Remus jouait aux échecs sorciers avec Lily – ou, plus exactement, il tentait de se reconcentrer sur la partie.

Sirius et James venaient de décider de sortir pour essayer à tour de rôle le magnifique nouveau balai que James avait reçu de ses parents comme cadeau de Noël. Et, juste avant qu'ils quittent la pièce, Remus avait malencontreusement regardé Sirius d'une manière dont il n'était pas du tout censé le regarder. C'était pour cela qu'il avait maintenant tant de mal à se concentrer. D'autant plus qu'il était presque certain que Lily l'avait vu.

Bien sûr, il ne devait s'en prendre qu'à lui-même. Il faudrait vraiment qu'il soit plus prudent à l'avenir, sinon toute l'école finirait par savoir.

L'idée qu'il avait désormais un deuxième grand secret le frappa avec la violence d'un Cognard, et un petit soupir désespéré lui échappa – si léger qu'il serait passé inaperçu dans l'habituel bruit de fond des conversations mais que, dans le cas présent, Lily ne pouvait pas manquer d'entendre puisque, pour une fois, la salle commune était presque vide. Tous les autres Gryffondors avaient un cours. Le leur avait été annulé et, James et Sirius partis, ils se retrouvaient seuls.

Lily leva les yeux vers Remus, parut hésiter un instant puis proposa:

"On peut aller les rejoindre, si tu veux. James ne me verra sûrement même pas, étant donné qu'il est incapable de quitter ce balai des yeux, mais tu auras peut-être plus de chance avec Sirius."

"Ce serait un peu fort ! Sirius n'aurait aucune raison de faire attention à moi", commenta Remus en riant pour cacher son embarras. "Après tout, tu sors avec James, et moi... je ne suis même pas le meilleur ami de Sirius..."

Il sut immédiatement qu'il n'aurait pas dû dire ça. Le ton de sa voix laissait trop clairement deviner qu'il aurait aimé avoir plus d'importance que quiconque dans le coeur de Sirius Black. S'il restait une chance pour que Lily n'ait rien remarqué, il venait de la gâcher.

"Il t'aime beaucoup, pourtant," répondit la jeune fille, songeuse. "James m'a dit que Sirius et toi étiez plus proches que jamais ces derniers temps. En fait, je l'ai taquiné là-dessus parce que c'est lui qui est jaloux, maintenant. J'avais toujours cru que l'amitié était plus forte chez les filles, mais j'ai complètement changé d'avis depuis que je les connais mieux. Ils sont tellement proches que ç'en est presque effrayant, tu ne trouves pas ? C'est comme s'il ne restait presque pas de place pour nous !"

Remus se demanda si la formulation ambiguë était intentionnelle. Ce "nous" aurait pu signifier "une petite amie et d'autres amis", bien sûr, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que ça sonnait plutôt comme "une petite amie et un petit ami" – et Lily le pensait sûrement aussi, car ses joues rosirent légèrement.

"Ne t'inquiète pas. James t'aime", dit Remus.

Il savait qu'elle n'avait pas voulu dire qu'elle en doutait, mais c'était la seule réponse non-compromettante qui lui vienne à l'esprit.

"Oh, je sais ça ! Mais toi, tu n'as pas l'air si sûr que..."

Cette fois, Remus ne put même pas imaginer quelle autre signification pourrait avoir cette phrase laissée en suspens. C'était très clair... et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pourrait répondre.

"Bon, ça ne me regarde pas", ajouta hâtivement Lily.

Ce qui aurait suffi à dissiper le moindre doute.

Valait-il la peine d'essayer de nier ? Elle savait, de toute façon. Et Remus avait besoin de quelqu'un à qui parler. Qui mieux que Lily Evans, qui s'était tournée vers lui quand elle commençait seulement à comprendre que James n'avait pas que des défauts (1), pourrait l'aider à y voir clair maintenant que c'était lui qui avait besoin de conseils ?

"Est-ce que c'est... si évident que ça ?" demanda-t-il timidement.

"Pas vraiment", le rassura Lily. "Je n'avais rien remarqué jusqu'à... il y a deux minutes. Mais tu sais... quand James m'a embrassée avant de partir... je t'ai vu regarder Sirius, et c'était comme si tu t'attendais à ce qu'il fasse la même chose – ou au moins comme si tu espérais qu'il le fasse."

Remus baissa les yeux vers l'échiquier et déplaça une pièce sans réfléchir, juste pour se donner une contenance. La pièce protesta, mais il ne l'écouta pas.

"Je sais que c'est ridicule", dit-il ensuite, très bas, les yeux toujours fixés sur l'échiquier.

"Oh non, pas du tout !" s'exclama Lily. "Surprenant, oui, mais pas ridicule, ni choquant, ni rien de ce genre. En fait, c'est exactement ce qu'il fallait à Sirius."

Remus releva finalement la tête, et Lily lui sourit. Elle ne semblait pas comprendre pourquoi il restait là à la regarder d'un air stupéfait sans pouvoir prononcer un mot.

"J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?" s'inquiéta-t-elle comme le silence durait. "Je ne voulais pas..."

Remus l'arrêta d'un petit geste de la main.

"Je sais ce que tu voulais dire. Mais, Lily... c'est pas mon... On n'est pas... Enfin, il n'est pas au courant, quoi !"

Lily parut surprise, mais pas embarrassée comme Remus s'y attendait.

"Tu devrais lui dire, alors", dit-elle simplement.

Et elle aussi déplaça une pièce sur l'échiquier, apparemment au hasard.

Remus soupira.

"Ce n'est pas si simple ! D'abord, c'est un garçon et moi aussi. Est-ce que tu te rends compte ?"

"Ce serait difficile de ne pas remarquer !" commenta Lily avec un petit rire. "Mais qu'est-ce que ça peut faire, du moment que vous, ça ne vous dérange pas ? Je veux dire... Je sais bien que pas mal de gens penseraient que ce n'est pas normal, ou en tout cas que c'est très bizarre, mais quelle importance ? Après tout, ils n'ont pas besoin de le savoir !"

Tout avait l'air tellement simple, à l'entendre !

"Mais... et si Sirius pense que ce n'est pas normal ?" répliqua Remus.

Puis il se souvint de ce que lui avait dit James... Si Lily pensait réellement que Sirius pouvait avoir des vues sur lui...

"Tu penses toujours qu'il est beaucoup trop attaché à James, c'est ça ? Et donc tu espères que j'arriverais à l'en tenir éloigné ?"

Il avait à peine élevé la voix, mais son agacement devait être visible car Lily sembla plutôt vexée.

"Je n'ai jamais dit ça !" protesta-t-elle. "J'essaye seulement de t'aider !"

Remus baissa de nouveau les yeux, honteux de cette infime perte de sang-froid.

Encore ce syndrome pré-lunaire, chantonna la voix de Sirius dans sa tête.

"Je sais... Désolé. C'est juste que... tu ne peux pas comprendre", soupira-t-il en se redressant pour s'appuyer contre le dossier de sa chaise, les bras croisés, évitant toujours de regarder la jeune fille.

Aucun d'eux ne s'occupait plus de la partie d'échecs, de toute façon.

"Tu pourrais m'expliquer", suggéra gentiment Lily.

Si seulement c'était possible ! Mais il y avait tout simplement trop de choses que Lily ignorait. Il ne pouvait pas parler du loup et du chien, qui étaient si importants pour expliquer pourquoi il se sentait si proche de Sirius, et il ne pouvait même pas justifier ses doutes, puisque la raison pour laquelle il pensait s'être inconsciemment interdit de s'attacher à quiconque d'autre que ses amis était également liée au Grand Secret. Bref, il ne pouvait rien dire.

A moins que... Oui, bien sûr, il lui restait toujours la possibilité de tout dire.

Remus secoua machinalement la tête pour chasser cette idée.

Non, non ! Il s'était juré de ne jamais prendre le risque d'en parler volontairement à qui que ce soit. Ne pas avoir perdu ses trois amis quand ils avaient découvert la vérité, cinq ans plus tôt, avait déjà été un vrai miracle.

Perdu dans ses pensées, il avait presque oublié la présence de Lily, qui attendait toujours une réponse, et il sursauta quand elle parla.

"D'accord. Je suppose que je ne pourrais pas faire grand-chose, de toute façon."

Manifestement, elle avait cru qu'il s'adressait à elle quand il avait secoué la tête. Il ne prit pas la peine de la détromper.

"Au moins, maintenant, je sais qu'il y a quelqu'un dans cette école qui ne trouve pas choquant que je sois trop attaché à Sirius..." dit-il avec un faible sourire.

Lily sourit aussi, avec beaucoup plus d'assurance.

"Je ne peux pas supporter que des gens en méprisent d'autres pour ce genre de raisons stupides. C'est exactement comme ces bêtises à propos de la pureté du sang sorcier, ou à propos des couleurs de peau ou des religions dans le monde moldu... C'est tellement stupide !"

Elle termina ce discours en tapant du poing sur la table, renversant quelques pièces d'échecs qui la fusillèrent du regard.

Remus éclata de rire.

"Eh, ne te fâche pas ! Tu sais bien que je suis d'accord avec toi. D'ailleurs, je pourrais difficilement ne pas être d'accord: je suis un sorcier de sang-mêlé et..."

Comme il hésitait, Lily finit la phrase à sa place:

"Et tu es amoureux de Sirius. Il n'y a pas de quoi avoir honte de le dire."

"Je n'ai pas honte", assura Remus – bien que sa voix manquât terriblement d'assurance, en réalité. "C'est plutôt que... enfin, je ne suis pas sûr que mes raisons de... l'aimer autant... Je ne sais pas si ce sont de bonnes raisons, tu vois ? Je veux dire... Je ne crois pas que ça aurait été pareil si je... Si quelque chose ne m'était pas arrivé il y a une bonne dizaine d'années."

"Tu le connaissais déjà ?" s'étonna Lily. "Je pensais que vous vous étiez rencontrés ici..."

Remus hocha la tête.

"On s'est rencontrés ici, oui... Je ne connaissais pas Sirius quand... ce truc est arrivé. Mais c'est lui qui a trouvé une solution pour que ça aille mieux. En fait, il a fait quelque chose de dangereux et de... pas vraiment permis... juste pour moi."

Il sourit rêveusement au souvenir de la première fois qu'il avait vu Padfoot le chien. Mais c'était un sujet délicat, il le savait. Bien qu'il n'ait pas dit grand-chose, c'était assez pour éveiller la curiosité de Lily, et il ne pourrait pas continuer éternellement à tout formuler aussi vaguement.

"Je me doute bien que ça n'a pas l'air d'avoir le moindre sens", s'empressa-t-il d'ajouter avant qu'elle puisse dire quelque chose. "Je suis désolé de faire tant de mystères."

"Oh, j'ai l'habitude des mystères !" s'exclama Lily d'un ton juste un peu trop détaché pour cacher qu'elle mourait d'envie d'en savoir plus. "Il y a tellement de choses que James refuse de m'expliquer... J'ai arrêté de poser des questions depuis la fin de notre deuxième semaine ensemble."

James... Remus n'y avait jamais pensé avant, mais maintenant il se rendait compte que ça devait être difficile pour lui, de toujours éluder les questions sur sa nomination au poste de Préfet en Chef (2) et même sur le jour où il avait sauvé Severus Snape des griffes de ce que la plupart des élèves de Poudlard pensaient être l'une des terribles créatures qui peuplaient la Forêt Interdite.

"Désolé pour ça aussi", dit-il. "C'était sûrement aussi lié à... mon problème."

Le "petit problème de fourrure", comme disait James. Ça faisait toujours rire Sirius.

"Je ne crois pas..." répondit Lily, l'air intrigué. "En tout cas, je ne vois pas comment vos surnoms bizarres pourraient... Si ?"

Elle avait demandé à cause de la réaction de Remus à la mention des surnoms. Il avait de nouveau sursauté, et il était même possible qu'elle ait aperçu un éclair de panique dans ses yeux...

Tu aurais dû être plus prudent, s'admonesta-t-il. On aurait tous dû.

"Bon, ne me dis rien si tu ne veux pas", dit Lily dans un louable effort pour mettre un frein à une curiosité grandissante que Remus ne pouvait pas lui reprocher.

En fait, il envisageait sérieusement de lui révéler son secret. Après tout, c'était la copine de James, donc elle faisait presque partie du groupe – ou, du moins, elle pourrait si Sirius l'acceptait. Et Remus savait qu'il pouvait lui faire confiance. Le seul problème, c'était... Comment dire une chose pareille ? On ne peut pas juste annoncer "Je suis un loup-garou" et espérer que son interlocuteur prendra la nouvelle aussi calmement que si on n'avait fait qu'une remarque anodine à propos des conditions météorologiques.

"Ce n'est pas que je ne veux pas. C'est que... c'est tellement compliqué !" soupira-t-il. "Mais pour les surnoms... Disons qu'ils font référence à des animaux totems."

"Comme des noms indiens ?"

"A peu près", confirma Remus. "James... Hum... Son totem est un cerf."

Il devinait que Lily voudrait savoir ça en premier.

"Ça lui va plutôt bien", commenta-t-elle avec un sourire amusé. "Un animal à l'air fier, mais doux quand même... Mais pourquoi... ?"

Remus l'interrompit, au cas où la question se rapporterait à quelque chose qu'il ne savait pas encore comment exprimer.

"On l'appelle Prongs à cause de ses bois", expliqua-t-il. "Euh... ceux du cerf, je veux dire ! Et Sirius est un chien – enfin, son totem – parce que c'est un ami fidèle, et aussi à cause de son nom, je suppose... C'est un grand chien noir... Quoi ?"

Lily fronçait les sourcils, et Remus s'aperçut soudain qu'il avait cessé de parler comme si les Maraudeurs avaient choisi mutuellement leurs "animaux totems". Ce "je suppose" était indéniablement de trop ! Et puis il y avait toutes ces hésitations et confusions entre personne et animal...

"Non, rien... Continue", l'encouragea Lily.

Remus respira profondément. Il savait qu'il risquait à tout moment de se trahir... mais il ne voyait pas comment se sortir de ce guêpier. Il était sûrement déjà trop tard. A moins que...

"Bon, alors, Sirius... On l'appelle Padfoot en référence à... aux pattes de son totem chien. Et Peter, c'est Wormtail parce que la queue d'un rat ressemble à un ver. Maintenant..."

Il s'apprêtait à prétendre qu'il avait une lettre à envoyer. Ainsi, il pourrait aller à la volière et son secret serait sauf. Mais Lily avait déjà posé une question – la question.

"Et toi ? Pourquoi ils t'appellent Moony ?"

"Oh, ça ! C'est... C'est parce que Sirius trouve que je suis... toujours en train de rêvasser, tu vois ? Toujours dans la lune."

Ça faisait une bonne explication, mais maintenant, si elle demandait quel animal le représentait...

Elle ne demanda pas. Elle se contenta de le regarder pensivement, et quand leurs yeux se croisèrent Remus se sentit si mal à l'aise qu'il se dit que ça ne pourrait pas être pire si elle savait. Lui mentir semblait soudain encore plus impensable que lui dire la vérité.

"D'accord, c'est pas ça la raison. Et les animaux ne sont pas que des totems. En fait, James, Sirius et Peter sont..."

"Des Animagi !" s'écria Lily, visiblement choquée.

Elle n'avait pas l'air si surprise que ça, pourtant. En fait, Remus était convaincu qu'elle s'en était doutée depuis le moment où il avait dit "Sirius est un chien" ou un autre truc de ce genre. Elle s'était refusée à le croire sans preuve, mais maintenant...

"Remus ! C'est... c'est illégal ! Comment avez-vous pu... ? Oh !"

Le visage de la jeune fille s'éclaira soudain, montrant qu'elle avait compris quelque chose d'important. Puis elle fronça de nouveau les sourcils.

"C'était ça, l'idée de Sirius, je suppose... Ce truc 'dangereux et pas vraiment permis'... Mais je ne comprends toujours pas comment ça pouvait résoudre un problème que tu avais..."

Ça y est, pensa Remus avec un calme relatif qui le surprit. Il va y avoir une personne de plus dans le secret.

"Je suis sûr que tu peux deviner", dit-il. "James y est bien arrivé, et il n'avait que 12 ans."

Il lui semblait que ce serait mieux s'il la laissait mettre les pièces du puzzle en place par elle-même. La révélation l'horrifierait quand même, bien sûr, mais au moins elle ne la frapperait pas d'un seul coup.

Ça ne prendrait pas longtemps. Elle avait plus d'indices que James n'en avait eu. Quelque chose qui s'était passé quand il était enfant, l'idée des Animagi qui avait changé sa vie, et puis le surnom... sans parler de ses disparitions mensuelles. Elle devinerait forcément très vite.

A l'expression de son visage, il sut exactement à quel moment elle atteignit la conclusion qui s'imposait.

Elle sait.

Son coeur battait très fort, mais il ne détourna pas le regard Et elle non plus. Il n'y avait même pas la moindre trace de peur dans ses yeux vert émeraude – seulement une immense surprise, puis de la compassion. Et, quand elle bougea enfin, après quelques secondes qui semblèrent durer une éternité, ce fut pour serrer Remus dans ses bras, si fort qu'il pouvait à peine respirer.

"Je suis tellement désolée", murmura-t-elle. "Je ne me rendais pas compte... Je pensais que James exagérait avec tous ses secrets, qu'il aurait dû me faire confiance... Mais je ne pouvais pas deviner que c'était si important. Bien sûr, tu disparaissais tous les mois, mais je n'aurais jamais imaginé que ça puisse être à cause de..."

Sa voix tremblait et elle avait l'air d'être sur le point de pleurer. Ce que Remus aurait trouvé terriblement gênant. Aussi décida-t-il de ne pas la laisser en dire plus.

"Oui, c'est à cause de la pleine lune", confirma-t-il en la repoussant aussi gentiment que possible. "Je suis un loup-garou, bon, maintenant tu le sais. Mais ce n'est pas si terrible – enfin, plus maintenant. Grâce à Sirius... Et James, et Peter. Ils sont toujours là pour moi. Et je suis sûr que je peux compter sur toi pour ne rien dire à personne."

"Oh, bien sûr que tu peux !"

Ses yeux étaient un peu trop brillants, mais elle ne pleura pas.

"Je suis là, moi aussi, si tu as besoin de moi", ajouta-t-elle avec un sourire un peu timide.

Remus lui sourit aussi.

"Maintenant, Sirius sera bien obligé d'admettre que tu es tout à fait digne de sortir son meilleur ami !"

L'expression de Lily montra clairement qu'elle avait quelques doutes à ce sujet.

"Peut-être qu'on peut l'espérer, mais je crois vraiment que ce qu'il lui faut, c'est toi", dit-elle en souriant encore.

~ * ~

Un profond silence régnait dans le dortoir des garçons de 7ème année. Remus était le seul à ne pas dormir et, pour une fois, ce n'était pas parce qu'il avait un livre à lire, mais parce que la voix de Lily résonnait encore dans sa tête.

Ce qu'il lui faut, c'est toi... Si seulement c'était vrai !

Il avait détaillé ses doutes, expliquant qu'il craignait que ses sentiments aient été altérés par les circonstances, et que, si jamais Sirius y répondait, ce ne soit que parce qu'il avait pitié de lui. Il avait également raconté à Lily ce qui s'était passé le jour de Noël, et aussi plus tard, près du lac gelé...

"Tu vois ?" avait-il insisté avant que Lily puisse placer un mot. "Ça ne voulait rien dire. Ce n'était qu'un défi stupide – les deux fois."

Pourtant, Sirius lui avait dit qu'il avait droit à un traitement privilégié et qu'il n'aimait aucune fille suffisamment pour tenir à s'assurer qu'elle n'ait pas froid.

J'ai froid, là.

Ce n'était pas tout à fait vrai, mais il imaginait si bien que les bras de Sirius lui tiendraient chaud beaucoup mieux que les couvertures...

Lily avait raison, il fallait qu'il le lui dise. Ça ne pouvait pas durer ainsi éternellement. Ils ne pouvaient pas continuer à plaisanter et à se défier mutuellement pour voler un baiser de temps en temps en se demandant constamment ce qu'en penserait l'autre.

C'était l'avis de Lily. Et, à la réflexion, Remus devait admettre que Sirius semblait bien saisir chaque occasion de lui témoigner une affection qui n'avait pas grand-chose à voir avec de l'amitié.

Et puis il y avait ce regard que Lily avait surpris par hasard au moment où Sirius et James s'en allaient. Remus n'avait rien remarqué parce qu'il avait reporté son attention sur l'échiquier dès qu'il s'était rendu compte que la façon dont il tenait les yeux fixés sur Sirius était bien trop révélatrice, mais Lily était formelle: Sirius s'était retourné pour le regarder aussi pendant quelques secondes avant de franchir la porte-portrait, avec la même expression qu'elle pouvait voir dans les yeux de James chaque fois qu'ils se posaient sur elle...

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(1) Référence à la fic sur Lily et James que j'avais écrite avant.

(2) Ça aussi, c'est dans ma fic sur Lily et James.

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Peut-être que c'est simplement parce que j'aime bien cette fic

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[In that knowledge, DESPAIR !!!!!]
C'est pas parce que je t'enculerai deux ou trois fois que tu deviendras pédéraste ! (Jean D'Ormesson)
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C'est une bonne raison. ^^
J'espère que la suite te plaira aussi, d'ailleurs.

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Je ne vois pas pourqoui elle ne me plairait pas ^^

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C'est pas parce que je t'enculerai deux ou trois fois que tu deviendras pédéraste ! (Jean D'Ormesson)
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J'adore!!!! C'est vraiment bien mais je dirais légèrement frustrant... La suite!

Chunhua.

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"Which part of 'I'm a genius' aren't you getting?" Nikola Tesla (Sanctuary)

"When did you get here?" "Three Cabernets and two Côtes du Rhone ago" "What's the occasion?" "Unemployment" Henry Foss/ Nikola Tesla (Sanctuary)

"-You did it Markus!
- We did it. This is a great day for our people! Humans will have no choice now. They'll have to listen to us" Markus & Connor, Detroit Become Human.

Ah, pourquoi ? lol
Chapitre 8 mercredi et épilogue samedi... (Heureusement que j'avais prévu de tout poster avant de partir chez ma soeur, parce que son ordinateur est en panne donc, si j'avais décidé de poster la suite de là, ça n'aurait finalement pas été possible et vous auriez dû attendre trois semaines entre deux chapitres !)

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Finalement, elle a commandé un portable (ce sera utile de toute façon même si notre père arrive encore à réparer l'autre ordinateur), donc j'aurais pu poster quand même mais enfin, je préfère poster d'ici. Là, je suis censée écrire (ce que je fais rarement ici parce que je suis toujours collé à l'ordinateur jusqu'à 2 ou 3h du matin, voire encore plus tard) donc, si je me mets à traîner sur Internet là aussi, mes fics n'avancent pas.

Voici la suite...


Chapitre 8 – Dans la cave

(N.B. En anglais, j'avais intitulé ce chapitre "Sweet moment at the sweet shop" mais, comme je ne pouvais pas garder mon jeu de mots en français, j'ai changé, parce que "Doux moment à la confiserie", c'est un peu... moche. ^^)

"Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises."

Un rire bref résonna dans le sombre tunnel – si sombre que deux pointes de baguettes suffisaient à peine à l'éclairer un peu.

"Sirius !"

Remus n'avait même pas besoin de demander une explication. Il savait que, depuis le jour où ils avaient décidé d'utiliser cette formule comme mot de passe pour leur carte magique, Sirius avait trouvé très amusante l'idée que son si raisonnable ami puisse jurer avoir de mauvaises intentions.

Les points marqués "Remus Lupin" et "Sirius Black" apparurent presque au bout du passage secret qui reliait la cave de Honeydukes à un couloir de Poudlard. Sirius, qui s'était avancé pour jeter un coup d'oeil au plan par dessus l'épaule de Remus, étouffa un juron quand il vit un autre point, marqué "Argus Filch", juste à côté de la statue à l'intérieur de laquelle était dissimulée la seule voie qu'ils puissent emprunter pour sortir.

"Qu'est-ce qu'il fout là ?" grommela-t-il. "Il n'a même pas l'air de ne faire que passer... Tu crois qu'il pourrait avoir des soupçons ?"

Ni lui ni Remus n'avait pas la moindre d'idée de comment le concierge aurait été capable de découvrir le passage secret, étant donné sa condition de Cracmol et le fait que la bosse de la statue ne puisse être ouverte que par magie, mais une chose était sûre: il ne manifestait aucune intention de s'en aller.

Les deux garçons attendirent en silence pendant une longue minute, les yeux fixés sur la carte, puis Sirius décida d'aller voir s'il pouvait entendre quelque chose depuis l'intérieur de la statue. Remus pensait que c'était inutile et potentiellement dangereux, mais il savait qu'aucun argument n'aurait pu empêcher son impatient ami de bouger enfin. Aussi se contenta-t-il de lui recommander la prudence:

"Ne fais pas de bruit, surtout !"

Un peu plus tard, un chien noir très familier glissait le long du toboggan de pierre et atterrissait aux pieds de Remus. Puis le chien se transforma en un Sirius hilare, qui murmura "Tu devrais voir la tête que tu fais !" avec un gloussement de rire réprimé en attrapant la main que Remus avait machinalement tendue pour l'aider à se relever.

"Pourquoi... ?" commença Remus, les sourcils froncés.

"J'avais besoin de l'oreille fine de Padfoot pour comprendre ce que Filch marmonnait tout seul", s'empressa d'expliquer Sirius.

Il affichait maintenant une expression beaucoup moins réjouie.

D'après ce qu'il avait entendu, quelqu'un avait lancé une demi-douzaine de Bombabouses dans le couloir, ce qui signifiait que Filch allait probablement rester là pendant des heures, à nettoyer le sol et les murs.

"On est coincés ici", conclut Sirius d'une voix morne. "A moins qu'on retourne à Pré-au-Lard pour prendre un autre passage..."

Remus consulta sa montre.

"On a à peine le temps d'arriver à Honeydukes avant la fermeture", dit-il, dubitatif. "Et les sorts anti-vol que les propriétaires lancent en partant se déclencheraient sûrement si on essayait de sortir."

Mais l'unique alternative était de rester là à attendre, ce que Sirius ne supporterait pas. Remus renonça donc à argumenter et suivit son ami dans le tunnel en direction du village sorcier.

~ * ~

"Deux minutes !" râla Sirius en donnant un grand coup de pied dans une boîte en carton tandis que Remus s'asseyait sur une caisse en bois et dépliait la carte avec son calme habituel.

Sirius répéta même l'exclamation en ajoutant une grossièreté entre "deux" et "minutes".

"Filch est toujours là", annonça Remus, toujours aussi calmement, ignorant délibérément l'écart de langage. "Attendons ici, d'accord ? Regarde, ce n'est pas si mal – on a de quoi s'asseoir et on peut faire un peu plus de lumière..."

Sans attendre la réponse, il leva sa baguette pour allumer un feu dans le bocal de verre que les propriétaires de la boutique avaient suspendu à cet effet au mur près de la porte.

"Bon... puisqu'on ne peut pas sortir, on peut au moins rendre cet endroit un peu plus confortable", soupira Sirius, résigné.

Et, d'un petit coup désinvolte de sa propre baguette, il transforma une longue boîte en un canapé d'aspect bien moelleux sur lequel il se laissa tomber aussitôt.

"Parfait !" commenta-t-il en tapotant le coussin à côté de lui. "Viens ici, Moony. Il ne te manquera que ton livre."

Remus sourit. Les dons de Sirius pour la métamorphose ne le surprenaient plus, mais quand même, il ne pouvait pas s'empêcher d'en être un peu impressionné à chaque fois.

"Je suis sûr que tu es ravi que je n'aie pas emporté mon livre", dit-il en s'installant à côté de son ami. "Mais il ne me manquera pas tant que ça. Tu ne m'aurais jamais laissé lire tranquillement, de toute façon."

"Oh, pauvre petit Moony !" s'exclama Sirius en prenant un air désolé. "On croirait que je ne te laisse jamais lire... Tu exagères vraiment, là ! La plupart du temps, tu n'as même pas l'air de m'entendre quand je te parle pendant que tu es plongé dans un de tes précieux bouquins. C'est pas vrai ?"

"Comment je saurais, si je t'entends pas ?" répliqua Remus avec un large sourire qu'il qualifiait à part lui de "style très Sirius".

"Ne souris pas comme ça !" protesta Sirius en détournant les yeux.

Remus fixa sur lui un regard stupéfait. Bouder pour une simple imitation de son sourire "innocent" ? Ce n'était vraiment pas normal ! Mais, à la réflexion, Sirius ne semblait pas réellement agacé. Il était plutôt... troublé ?

"Sirius ?" appela Remus d'une voix hésitante.

"Oh, laisse tomber ! C'est juste que je ne suis pas d'humeur pour ce genre de bêtises."

Ça non plus, ce n'était pas du tout normal. Même si se retrouver coincé dans cette cave l'ennuyait, il aurait dû considérer les bavardages inutiles comme un bon moyen de passer le temps.

"Et dire que tu prétends que c'est moi qui suis sujet aux sautes d'humeur !"

Ce n'était probablement pas le moment de le taquiner, mais la tentation était trop grande. Et puis, avec un peu de chance...

"Evidemment, puisque l'approche de la pleine lune a le même effet sur toi que tu-vois-quoi sur les filles !"

Gagné ! Il avait sourit. (Et même presque ri.)

"Je savais que tu ne pouvais pas être fâché pour de bon", dit Remus, peut-être un peu trop affectueusement.

"Je ne peux pas être fâché sur toi, de toute façon."

Si Remus avait mis trop d'affection dans ses mots, que dire de ceux de Sirius ?

Ce qu'il lui faut, c'est toi...

Remus aurait voulu pouvoir redemander conseil à Lily maintenant. Il semblait bien que ce soit le bon moment pour parler à Sirius, puisqu'ils étaient seuls ensemble dans un endroit où personne ne risquait de débarquer à l'improviste. Mais comment s'y prend-on pour dire à un ami qu'on s'est subitement mis à avoir pour lui des sentiments qui ressemblent de plus en plus à de l'amour ? Ce n'est pas si facile. Surtout quand cet ami est un garçon et qu'on en est un aussi...

~ * ~

Cette fois, tu dois le lui dire ! s'ordonna Remus.

Il avait déjà laissé passer deux occasions en moins d'un quart d'heure, et c'était d'autant plus agaçant qu'il était persuadé que Sirius faisait exprès de détourner la conversation à chaque fois. D'abord ce commentaire indigné sur les Bombabouses et la personne qui avait osé les lancer dans ce couloir ("Et depuis quand y a quelqu'un d'autre que nous qui fait des trucs comme ça ?") puis cette question inutile au sujet du cadeau d'anniversaire qu'ils avaient acheté pour Peter cette après-midi-là ("Mais oui, c'est évident, que ça va lui plaire !" avait répondu Remus d'un ton légèrement agacé. "Il l'a admiré dans la boutique pendant au moins dix minutes le mois dernier !")... Et maintenant cette suggestion de manger quelques bonbons et gâteaux en guise de dîner. Désespérant !

"Sirius, on n'est pas à Poudlard", lui rappela Remus avec toute la patience dont il était capable. "On ne peut pas prendre ça comme dans les cuisines de l'école. Et, s'il te plaît, arrête de faire semblant de ne rien remarquer quand je suis sur le point de te dire quelque chose d'important !"

Sirius, qui avait déjà ouvert une boîte de Fondants du Chaudron, jeta un rapide coup d'oeil dans sa direction comme pour vérifier qu'il était vraiment choqué.

"Tu sais, tu parles toujours comme un Préfet..." remarqua-t-il ensuite.

"Sirius !" insista Remus.

"Oh, allez, Moony ! Je m'arrangerai pour leur rembourser tout plus tard. Mais pour le moment, je meurs de faim !"

Remus soupira. A vrai dire, il avait faim aussi et il fallait admettre que les gâteaux étaient terriblement tentants. N'empêche, ce serait du vol !

"Explique-moi un peu comment tu comptes payer plus tard sans avouer qu'on était ici !" s'écria-t-il d'un ton impatienté.

"Sais pas", répondit Sirius entre deux bouchées. "On verra. Mais je te promets qu'on trouvera un moyen. Tu me fais pas confiance ?"

"Tu es tellement irresponsable !"

"Et toi, tu es tellement rabat-joie !"

Ils se querellèrent ainsi pendant deux minutes, puis Remus abandonna. Après tout, Sirius avait déjà entamé une boîte de gâteaux. Il était trop tard pour lui faire entendre raison. Remus décida donc de prendre quelque chose aussi, à la condition qu'ils calculeraient le prix exact de tout ce qu'ils auraient mangé et déposeraient la somme dans un coin de la boutique de manière à ce que les propriétaires pensent avoir laissé tomber les pièces.

Et il n'avait toujours rien dit.

Ils gardèrent le silence pendant ce qui sembla un très long moment avant que Remus appelle de nouveau Sirius – à voix si basse qu'on l'entendait à peine – et prenne pour un encouragement à continuer le grognement vaguement interrogateur qu'il obtint en réponse.

"Je me demandais..." commença-t-il avec hésitation. "Tu te rappelles ce que tu m'as dit il y a deux mois ? A propos de la façon dont on se comprend quand tu es un chien et moi un loup..."

"L'affinité canine ?" demanda Sirius avec un sourire amusé.

Remus hocha la tête.

"Est-ce que tu ne crois pas que ça pourrait... euh... nous influencer un peu trop ?" poursuivit-il.

"De quoi tu parles ?" s'étonna Sirius. "Est-ce que tu insinues qu'on ne serait même pas amis si ma forme Animagus n'était pas justement le seul animal qui soit assez proche d'un loup pour être capable de communiquer facilement avec ?"

"Oh non ! Bien sûr que non", s'empressa de répondre Remus. "Je voulais juste dire... Bon, je suppose que c'est pas pareil pour toi parce que tu es plus proche de James et qu'il y a un tas d'autres gens avec qui tu pourrais être ami... mais pour moi... je crois que tu es tout simplement la seule personne que je puisse aimer... plus que n'importe qui d'autre... et c'est à cause de ça, alors... C'est une raison idiote, hein ?"

Sirius le regarda fixement sans rien dire pendant quelques secondes avant de répondre par une autre question:

"Tu te rends compte de ce que ça a l'air de vouloir dire, formulé comme ça ?"

Malgré son embarras, Remus soutint le regard de son ami de façon à lui faire comprendre qu'il ne plaisantait pas.

"Oui", dit-il, parfaitement calme en apparence mais très agité intérieurement. "Je suis tout à fait conscient de la signification de cette phrase. Et je sais que ça n'a pas de sens, mais je ne peux pas l'empêcher. C'est juste..."

"L'affinité canine ?"

"Je suppose."

Le sourire de Sirius s'élargit.

"Alors tu penses que Moony-le-loup est... tombé amoureux de Padfoot-le-chien, si on peut dire ça pour des animaux, et que ça t'empêche d'aimer quelqu'un d'autre que moi ?"

Dit comme ça, ça faisait vraiment ridicule.

Sirius riait sans se cacher, maintenant, et Remus se demanda s'il se moquait de lui... jusqu'à ce qu'il ajoute, soudain très sérieux:

"C'est quoi, le problème ?"

Remus ne trouva rien à répondre. Il pensait toujours que c'était une raison stupide d'être amoureux de quelqu'un, mais si Sirius n'y voyait rien de mal...

"Ça... ça ne te dérange pas, alors ?" demanda-t-il timidement.

"A peu près autant que ça te dérangera si je fais ça..."

Ça, bien sûr, signifiait poser les lèvres sur celles de Remus - doucement. Puis s'approcher et le prendre dans ses bras - en le serrant très fort. Reculer juste assez pour le regarder dans les yeux avec la même expression que James quand il regardait Lily. Et enfin l'embrasser une seconde fois. Comme James embrassait Lily, aussi.

~ * ~

Un très long moment s'écoula avant qu'ils reprennent une vraie conversation. Ils étaient maintenant plus couchés qu'assis sur le canapé, et étroitement enlacés. Il y avait bien eu un instant où Remus avait pensé que c'était un peu indécent mais, dès la seconde suivante, il avait décidé qu'il s'en fichait. Puis il avait tout oublié. Si Sirius le voulait aussi, qu'est-ce qui aurait dû les arrêter ? La raison ? Ça semblait tellement insignifiant, tout à coup. Pour la première fois de sa vie, Remus se sentait aussi insouciant que Sirius, et ça le rendait si heureux qu'il était certain de ne jamais le regretter.

Il était presque endormi, toujours confortablement installé dans les bras de ce garçon qui était devenu tellement plus qu'un ami, écoutant les battements de son coeur en pensant que les gens qui prétendaient que les garçons devaient aimer les filles, que c'était la seule option normale admise par la nature, ne savaient vraiment pas de quoi ils parlaient.

"Pourquoi les loups ne peuvent pas ronronner ?" murmura-t-il dans un demi-sommeil.

"Oh, t'as raison, c'est pas juste !" répondit Sirius du même ton ensommeillé. "J'aimerais bien que les chiens puissent, aussi."

Rire les tira de leur léthargie et ils se regardèrent avec le même sourire heureux. Puis il s'embrassèrent, et cela semblait si naturel que c'était comme s'ils l'avaient fait très souvent, depuis des années.

"Je suis content que tu aies enfin suivi mon conseil", dit Sirius en serrant à nouveau Remus dans ses bras.

"Tu m'as conseillé quelque chose, toi ?"

Sincèrement, Remus ne s'en souvenait pas.

"Ça doit être le seul bon conseil que j'aie jamais donné, et tu oses oublier qu'il venait de moi !" s'exclama Sirius en feignant d'être très vexé.

"En fait, je pensais que je suivais les conseils de Lily, mais si tu dis que j'ai suivi le tien aussi..."

"Evans ? Qu'est-ce qu'elle a à voir là-dedans ?"

Cette fois, il fronçait les sourcils pour de bon, et le ton agacé n'était pas feint non plus.

"Elle disait que je devrais te parler de... mes sentiments", expliqua Remus, légèrement inquiet. "Elle avait vu comment je te regardais – et comment toi, tu me regardais, aussi. Je n'étais pas complètement sûr qu'elle ait raison, mais... elle avait raison, hein ?"

"Elle avait deviné que je rêvais de... t'avoir dans mes bras comme ça ?"

Remus hocha la tête.

"Et elle sait que je suis un loup-garou, aussi", ajouta-t-il d'un ton neutre.

Sirius sursauta et se remit en position assise, obligeant Remus à se redresser aussi.

"Quoi ? Merlin, comment elle a fait pour deviner ça ? Qu'est-ce qu'elle a dit ? Et toi, qu'est-ce que tu as dit ? Pourquoi tu ne nous as pas dit qu'elle savait ?"

"Elle n'a pas deviné toute seule", rectifia Remus. "Je lui ai donné tous les indices. J'ai pensé qu'elle avait le droit de savoir, parce qu'elle essayait de m'aider et il y avait trop de choses que je ne pouvais pas expliquer sans parler d'un de nos secrets... Et puis c'est la copine de James... et c'est mon amie, aussi."

Sachant que l'opinion que Sirius avait de Lily était bien différente de la sienne, il avait ajouté les derniers mots en se demandant s'il n'aurait pas mieux fait de se taire.

"Mais... et si elle..."

"Elle ne le dira à personne", coupa Remus. "Je lui fais confiance."

Sirius soupira, visiblement toujours choqué.

"Qu'est-ce qu'elle a dit ?" répéta-t-il.

"Elle était bouleversée et terriblement désolée d'avoir été si curieuse – même si en fait, la plupart du temps, elle n'avait pas posé les questions qu'elle avait en tête. Elle n'avait pas l'air d'avoir peur ni rien. Il a juste fallu que je lui dise que ce n'était pas si horrible, sinon je crois qu'elle aurait pleuré."

"Les filles !" commenta Sirius en levant les yeux au ciel.

"Padfoot... On a pleuré tous les deux le jour où tu as su et que tu es venu me dire que tu étais désolé d'avoir dit que j'étais trop faible et 'limite fille' pour être à Gryffondor !" lui rappela Remus en riant.

"J'avais douze ans", grommela Sirius, dont les joues se teintèrent de rouge d'une manière que Remus trouva charmante. "Et j'étais horrifié à l'idée de tout ce que tu devais subir."

Il attira Remus à lui et l'étreignit plus fort que jamais.

"Bon, d'accord, je suppose que c'était pareil pour Lily", admit-il ensuite.

Sa voix tremblait légèrement et Remus soupçonna qu'il y avait des larmes dans ses yeux maintenant aussi, mais il ne fit aucun commentaire.

"Tu sais, elle pense que je suis ce qu'il te faut pour ne plus te sentir abandonné quand James est avec elle", dit-il à la place.

"Oh, elle a tellement raison !" approuva Sirius avec un grand sourire.

Mais ensuite une nouvelle idée s'imposa à lui et son visage s'assombrit.

"Je me demande ce qu'en pensera Prongs..." murmura-t-il, plus pour lui-même que pour Remus.

"Ne t'inquiète pas, il ne le prendra pas mal", répondit Remus d'un ton rassurant. "Après tout, il a déjà prouvé qu'il était capable de dépasser les préjugés – d'abord quand il a admis que tu n'avais rien d'un futur Mangemort malgré la réputation de ta famille, et puis quand il a découvert ce que j'étais..."

L'argument sembla convaincre Sirius, et Remus se dit qu'il pouvait donc passer sous silence certains détails de ses conversations avec James.

"Au fait, c'était quoi, ce conseil que j'ai suivi alors que je ne m'en souvenais pas ?" demanda-t-il pour changer de sujet.

"Je t'avais dit que tu pouvais être toi-même avec toi", lui rappela Sirius. "Le jour où je t'avais défié de faire la première chose qui te passait par la tête. Je pensais que tu ne te donnerais jamais la permission d'agir sans commencer par imaginer toutes les conséquences possibles... jusqu'à aujourd'hui."

A vrai dire, Remus n'était pas sûr de pouvoir dire qu'il n'avait pas du tout pensé aux conséquences possibles...

"Mais c'est vrai que j'ai cessé de m'en inquiéter quand tu m'as embrassé", dit-il un peu timidement en posant la tête sur l'épaule de Sirius.

"Et maintenant ?"

Il hésita. Juste un peu trop longtemps.

"Tu penses toujours que rien ne serait arrivé sans ce lien qu'on a créé pendant les nuits de pleine lune, hein ?" insista Sirius.

Remus ne pouvait pas le nier. Il baissa les yeux sans répondre.

"Mais qui a dit que c'était pas bien ?" reprit Sirius d'un ton emporté. "Et pourquoi s'inquiéter de ce qui se serait passé si ce loup-garou ne t'avait pas mordu ou si je n'étais pas devenu un Animagus chien, puisque c'est ce qui s'est passé ?"

Il marque un point... dut s'avouer Remus. Mais il n'était toujours pas convaincu que ses sentiments puissent être réels dans ces conditions.

"Est-ce que tu es heureux, là, juste maintenant, Moony ?" demanda soudain Sirius.

Remus sourit. Pour ça, au moins, il n'avait aucun doute.

"Bien sûr ! Ça ne me dérangerait même pas de passer toute la nuit enfermé ici... et en fait ça me plairait, parce que je resterais dans tes bras."

"Ça me plairait bien aussi", dit Sirius en lui rendant son sourire. "Et je n'ai probablement jamais été plus heureux de ma vie... Alors, du moment qu'on est bien tous les deux, la raison ne compte pas. T'es pas d'accord ?"

"Et si ça ne durait que quelques jours – ou quelques semaines, ou même quelques mois – et qu'après on se rendait compte que c'était une erreur ?" ne put s'empêcher de demander Remus.

"On sera toujours amis", répondit simplement Sirius.

Et ça sonnait si bien comme une évidence que Remus se dit que oui, bien sûr, ils seraient toujours amis quoi qu'il arrive. Il n'y avait donc rien de mal ou de risqué à explorer une autre voie, pour quelques jours ou pour toujours.

- - -

A samedi pour l'épilogue, ajouté après parce que mon amie Akari voulait savoir comment James et Peter prendrait la nouvelle que leurs amis sont désormais ensemble. ^^

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ça m'a fait du bien de lire ça en rentrant du boulot hier, mais je n'étais pas en état de laisser vraiment un message cohérent
Remarque, pour ce que çui là vaut

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[In that knowledge, DESPAIR !!!!!]
C'est pas parce que je t'enculerai deux ou trois fois que tu deviendras pédéraste ! (Jean D'Ormesson)
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lol Au moins je sais que tu as lu et apprécié... C'est l'essentiel, après tout ! ^^

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C'ets pour ça que je suis repassée pour laisser un message =)
(Et puis hier j'ai reçu un message qui m'a fait plaisir sur une fic à moi )

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[In that knowledge, DESPAIR !!!!!]
C'est pas parce que je t'enculerai deux ou trois fois que tu deviendras pédéraste ! (Jean D'Ormesson)
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J'adore cette suite!!!! Enfin, ils sont ensemble!!!!!

Chunhua.

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"Which part of 'I'm a genius' aren't you getting?" Nikola Tesla (Sanctuary)

"When did you get here?" "Three Cabernets and two Côtes du Rhone ago" "What's the occasion?" "Unemployment" Henry Foss/ Nikola Tesla (Sanctuary)

"-You did it Markus!
- We did it. This is a great day for our people! Humans will have no choice now. They'll have to listen to us" Markus & Connor, Detroit Become Human.

Ça fait toujours plaisir, les commentaires, hein ? ^^ (Enfin, sauf quand les gens se permettent de dire "tu devrais plutôt écrire ceci ou ça"... mais heureusement ça n'arrive pas souvent).



Ouiii ! ^__^ Mais ça veut dire que la fic est (presque) finie...


Merci à toutes les deux, et à demain pour l'épilogue.

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Je le lirai en rentrant du boulot ou Dimanche alors

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[In that knowledge, DESPAIR !!!!!]
C'est pas parce que je t'enculerai deux ou trois fois que tu deviendras pédéraste ! (Jean D'Ormesson)
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Et voilà la fin !

Epilogue

"Il faudrait que je retourne dans mon lit, maintenant", dit Remus pour la troisième fois de la soirée.

Mais il ne bougea toujours pas. Comme il aurait aimé pouvoir rester là, pelotonné contre son chéri, pour sentir la chaleur de son corps toute la nuit et voir son beau sourire en s'éveillant le matin ! Mais James et Peter ignoraient encore qu'ils étaient ensemble, et ce ne serait donc pas prudent.

"Oh, allez ! Ils ne remarqueront rien. Ils ne peuvent pas voir à travers les rideaux, tu sais ?" insista Sirius de son habituel ton insouciant.

"Et je ferais quoi, demain matin ?" objecta Remus dans un admirable effort pour maintenir son bon sens en vie malgré la pluie de petits baisers qui tentait de le noyer. "Je ne peux pas juste sortir de ton lit et dire 'salut' comme si tout était normal."

Sirius ne cessa de l'embrasser que pour ne pas éclater de rire.

"La tête qu'ils feraient – ce serait trop fort !"

"Vraiment, Sirius, on devrait leur dire au lieu de risquer qu'ils le découvrent d'une manière qui les choquerait."

"Ça les choquera de toute façon", soupira Sirius, apparemment plus du tout d'humeur à rire ou à embrasser Remus. "Tu imagines ? Qu'est-ce que tu aurais pensé, toi, si je t'avais subitement annoncé que j'étais amoureux de James ?"

Remus se raidit presque imperceptiblement en entendant mentionner ce qu'il avait un jour considéré comme une possibilité.

"Tu ne l'as jamais été, hein ?" demanda-t-il très vite.

Sirius se remit à rire, encore plus fort.

"Bien sûr que non, Moony ! C'est toi que j'aime, enfin !"

Remus était sur le point de dire à Sirius qu'il le savait et qu'il l'aimait aussi quand une sorte de couinement le fit sursauter.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?"

Le bruit ne se répéta pas, mais Remus était certain de ne pas l'avoir imaginé.

"On aurait dit Wormtail", dit-il. "Je veux dire... pas Peter – le rat !"

"Ça doit être une souris, alors", répliqua distraitement Sirius. "Peter n'avait aucune raison de se transformer pour aller à son mystérieux rendez-vous, et..."

Cette fois, ils se figèrent tous les deux. Des pas... Un bruit de pas anormalement fort, comme si la personne qui arrivait voulait s'assurer d'être bien entendue.

Remus bondit hors du lit de Sirius et se jeta sur le sien juste à temps. Mais il ne parvint pas à refermer les rideaux avant que Peter entre.

"Euh... salut !" balbutia-t-il en s'efforçant d'ignorer Sirius qui gloussait de rire en pensant à ce qu'il avait dit un peu plus tôt. "Ton rendez-vous s'est bien passé ?"

Peter le regarda fixement pendant quelques secondes, l'air très mal à l'aise.

"Ce... ce n'était pas exactement un rendez-vous", répondit-il finalement. "Rien d'important, je vous l'ai déjà dit..."

"Oui", intervint Sirius, émergeant de derrière ses rideaux, "mais moi je t'ai déjà dit que ce n'était pas une réponse acceptable. Depuis quand tu nous caches des trucs ?"

Remus sut immédiatement qu'il s'agissait exactement du genre de phrase qu'aucun d'eux n'aurait jamais dû prononcer. Il se tourna vers Sirius avec une expression qui signifiait "Ce n'était pas très malin, Padfoot !" et Sirius reconnut tout aussi silencieusement qu'il aurait encore une fois mieux fait de réfléchir avant de parler.

Peter les regardait alternativement, l'air hésitant.

"Vous ne me cachez jamais rien, vous, j'en suis sûr..." marmonna-t-il.

Il y avait une légère note de reproche dans sa voix, mais ce ne fut pas pour cela que Remus baissa la tête, honteux.

Bien sûr, Sirius et lui avaient de très bonnes raisons de rester discrets, mais valait-il la peine de blesser leurs amis en les laissant imaginer qu'ils n'avaient pas assez confiance en eux pour tout leur dire ?

Sirius se sentait probablement un peu coupable aussi, car il cessa de tenter d'en savoir plus au sujet du rendez-vous-qui-n'en-était-pas-vraiment-un.

"Tu sais, alors ?" demanda-t-il gentiment.

Remus releva la tête mais ne dit rien. Il remarqua que Peter se demandait quel genre de réponse donner.

"Je veux dire... pour Moony et moi", précisa assez inutilement Sirius comme leur ami ne disait toujours rien.

Peter soupira.

"Oui", avoua-t-il à voix très basse. "J'ai... j'ai entendu ce que vous disiez quand je suis arrivé. C'était... très clair !"

Sirius disant à Remus qu'il l'aimait... C'était on ne peut plus clair, en effet !

"Désolé que tu l'aies appris ainsi", dit Remus, ses yeux suppliant pratiquement Peter de se montrer compréhensif. "On n'avait pas l'intention de garder ça secret éternellement mais... enfin, c'est pas ce qu'il y a de plus simple à expliquer, comme situation..."

"J'imagine..." murmura pensivement Peter. "Prongs n'est pas au courant, si ?"

Sirius secoua la tête.

"Si j'avais trouvé un moyen de le lui dire, tu l'aurais su aussi."

Ça, au moins, c'était une bonne réponse, parfaite pour convaincre Peter qu'ils n'avaient pas moins confiance en lui qu'en James. Même si Remus savait qu'en réalité Sirius attachait beaucoup plus d'importance à la réaction de James qu'à celle de Peter.

"Ça va ?" demanda Remus avec hésitation. "Je veux dire... Je sais que ça doit faire un choc et qu'il te faudra sûrement un peu de temps pour t'habituer à l'idée, mais..."

Peter eut un vague geste de la main indiquant qu'il n'en faisait quand même pas un drame.

"J'ai survécu au premier choc que tu m'as donné, alors je peux bien survivre à celui-là aussi", plaisanta-t-il assez maladroitement en s'asseyant au pied du lit de Remus. "Même si ça fait bizarre de penser que vous êtes... euh..."

"... amoureux ?" suggéra Sirius.

Puis il se tourna vers Remus avec un grand sourire qui lui fut rendu en version plus timide.

"C'est même très bizarre !" s'exclama Peter, les regardant de nouveau alternativement. "Surtout que vous n'avez vraiment pas l'air..."

Cette phrase resta également en suspens, et Sirius proposa encore une fin appropriée:

"... gay ?"

Remus doutait que ce mot soit bien celui que Peter avait eu en tête – c'était plus probablement l'un des mots beaucoup moins polis dont les gens qualifient habituellement les garçons qui ne s'intéressent pas aux filles – et Sirius en était sûrement conscient aussi mais, par une sorte d'accord tacite, ils décidèrent tous de prétendre que ces autres mots n'existaient pas.

Peter hocha la tête. Il semblait inquiet de ce que diraient les autres.

"Ça doit être parce qu'on n'est même pas sûr de l'être", expliqua Sirius avec un haussement d'épaules. "Tu vois, j'aime bien les filles quand même... du moment que je ne suis pas obligé de passer des heures à me demander de quoi je pourrais bien leur parler. Alors c'est sûrement un hasard que la personne avec qui je me sens le mieux soit un garçon."

Peter ne semblait pas très convaincu mais, au lieu de faire un commentaire que les autres aurait pu mal prendre, il se tourna vers Remus, l'air interrogateur.

"Oh, ne me demande pas !" s'écria Remus. "Je n'en sais rien du tout. Tout ce que je sais, c'est que Sirius est presque la seule personne que... à qui je pouvais me permettre de m'attacher à ce point. Et je n'arrive pas encore vraiment à le croire. Il y avait tellement peu de chances qu'il tienne à moi de cette façon aussi..."

Il y eut un moment de flottement. Bien que Remus n'ait pas précisé les noms des autres personnes qu'il aurait pu s'autoriser à aimer, Peter n'était pas assez stupide pour ne pas comprendre le sous-entendu – ceux qui étaient aussi au courant de son "petit problème de fourrure" et qui s'en accommodaient parfaitement, donc James et... lui.

Le silence menaçait de s'éterniser quand James le brisa en ouvrant abruptement la porte et en demandant d'une voix forte:

"Wormtail, c'était toi, le rat que j'ai vu s'enfuir dans le couloir il y a dix minutes ?"

A en juger par la soudaine pâleur de Peter, Remus ne douta pas que la réponse soit positive. Et James partageait visiblement cette opinion, car il poursuivit sans attendre:

"Tu nous espionnais, Lily et moi ?"

"Non !" répliqua hâtivement Peter.

Puis, après une seconde de réflexion, il ajouta d'un air penaud:

"Bon, d'accord... on peut dire ça comme ça. Mais je n'avais pas l'intention de... d'être indiscret. Je voulais juste... euh... savoir comment c'était... d'être avec elle."

Ces mots parurent pétrifier James, qui resta sans voix et figé, les yeux écarquillés en une expression ébahie.

Sirius on profita pour s'imposer dans la conversation.

"Alors c'était ça, ton soi-disant rendez-vous ! Le rendez-vous de James... Tu sais, t'es peut-être allé un peu loin dans le genre 'vie par procuration', cette fois."

"Sirius..." dit Remus, sa voix sonnant comme une mise en garde.

Il ne pensait vraiment pas qu'intervenir dans cette affaire soit une bonne idée. Surtout sur ce ton léger, même si James n'avait pas l'air de s'en soucier.

"Je sais. Je... c'est juste que, sur le moment, je ne m'en suis pas rendu compte", balbutia Peter.

Bien que s'adressant à Sirius, il jeta un coup d'oeil plein d'appréhension en direction de James, dont le silence semblait l'effrayer autant qu'une explosion de colère – sans doute parce qu'il craignait que l'explosion suive. Mais ce ne fut pas le cas.

"Est-ce que... tu aimes Lily ?"

La voix de James était étonnamment calme et juste un peu hésitante, comme s'il n'était pas tout à fait sûr de vouloir entendre la réponse à sa question. Ce que Remus pouvait comprendre. Il trouverait très désagréable qu'un de ses amis aime Sirius de la même façon que lui. Mais pour ça, au moins, il y avait vraiment très peu de risques.

"Pas comme toi", dit ensuite Peter, et Remus se sentit un peu moins inquiet pour l'avenir de l'amitié des Maraudeurs.

"Comment alors ?" demanda James d'un ton toujours un peu incertain.

"Pas plus que toutes tes copines précédentes..." répondit ingénument Peter - en tout cas Remus avait l'impression qu'il ne s'était pas aperçu de l'effet étrange que pouvait produire ces mots.

Sirius laissa échapper un éclat de rire à moitié étouffé et Remus lui lança un regard de reproche pour le prier de rester en dehors de tout ça.

D'ailleurs, pensa-t-il, ils auraient déjà dû quitter la pièce tous les deux pour laisser les autres parler en privé.

"Tu... tu aimais aussi toutes mes copines précédentes ?"

Visiblement, James n'en croyait pas ses oreilles, et Sirius rit encore, ignorant complètement le message muet de Remus.

"Je t'avais bien dit qu'il vivait à travers toi ! Tu es son héros, Prongs ! Alors il aime ce que tu aimes, c'est aussi simple que ça. Hein, Wormtail ?"

"Euh... oui ?" hasarda Peter, très clairement déconcerté.

Cette fois, Sirius ne fut pas le seul à rire. James en fit autant, et Remus se permit un sourire amusé.

"OK, alors pourquoi tu ne sortirais pas avec une de ces filles dont notre star du Quidditch a brisé le pauvre petit coeur ?" demanda Sirius à Peter.

"Moi ? Tu plaisantes ? Elles ne savent même pas que j'existe ! Je suis transparent à leurs yeux."

"Ben, alors, fais-toi remarquer... et puis parle de Prongs et de son talent pour le Quidditch. Au moins tu ne manqueras pas de conversation."

Peter avait toujours l'air dubitatif, mais James rit plus fort, bientôt suivi de Sirius. Remus finit par se joindre à eux, heureux de constater que personne ne semblait plus fâché contre personne.

"A propos de rendez-vous, Padfoot..." dit ensuite James en s'asseyant à côté de son ami avec un sourire malicieux. "Est-ce que par hasard tu aurais suivi le conseil que tu viens de donner à Wormtail ? Tu as été étonnement compréhensif pour tout ce qui concerne Lily ces derniers temps."

"Euh... pas exactement", commença Sirius en jetant machinalement un coup d'oeil à Remus. "J'ai trouvé... quelqu'un de spécial, c'est vrai, mais pas une fille avec qui tu es sorti."

Le temps de la révélation approchait... Remus devinait la nervosité de Sirius et même, d'une certaine façon, il la sentait - ou peut-être qu'il l'imaginait seulement mais, en tout cas, il aimait l'idée qu'ils puissent être constamment "connectés" comme ils ne l'étaient d'habitude que pour les nuits de pleine lune. Il essaya donc de se concentrer pour envoyer des ondes d'encouragement à Sirius.

Entre-temps, James s'était mis à faire des déductions subtiles dans l'espoir de trouver le nom de "l'heureuse élue" qui avait accomplit l'exploit de capturer le coeur de Sirius.

"Laisse-moi réfléchir... Est-ce que c'est cette fille de Poufsouffle qui avait refusé de sortir avec moi l'année dernière parce que c'était toi qu'elle préférerait ? Ou celle de Serdaigle qui s'arrange toujours pour se mettre sur ton chemin quand tu entres dans la Grande Salle pour que tu sois obligé de lui demander de se pousser et que ça lui donne l'occasion de te parler ? Ça ne peut pas être une Serpentard, hein ?"

Sirius fit signe que non à chaque question puis, après quelques autres tentatives infructueuses, James réclama un indice.

"Dis-moi au moins dans quelle maison elle est, de quelle couleur sont ses cheveux ou... si je la connais, déjà !"

Peter pouffa de rire et Remus lui lança un regard noir. Toutefois, il fallait bien admettre que, d'un point de vue extérieur, la situation devait être très drôle. En fait, malgré ce "elle" et ce "la" qui la rendait un peu vexante, il ne pouvait pas s'empêcher de trouver la phrase de James plutôt amusante aussi. Il cessa donc vite de froncer les sourcils et prit le parti de sourire.

Quant à Sirius... On ne pouvait pas dire qu'il soit calme, mais il n'avait pas l'air trop agité non plus.

"Gryffondor, cheveux brun clair... et c'est quelqu'un que tu connais, oui," dit-il d'un ton presque normal.

"Une Gryffondor..." répéta James, pensif. "Une amie de Lily, peut-être ? Mais les cheveux de Iona sont brun foncés et Sandra sort avec un Moldu, non ? Euh... Un autre indice ?"

Sirius hésita. Longtemps. Remus se demanda s'il ne devrait pas simplement dire "C'est moi" pour briser la tension qui se faisait de plus en plus insupportable à chaque seconde. Mais Sirius se décida avant lui.

"Affinité canine ?"

En moins de trente secondes, tout le monde se tourna vers Remus. D'abord Peter, apparemment inquiet; puis James, le premier moment de stupéfaction passé; et enfin Sirius – un Sirius très nerveux dont les yeux imploraient ouvertement son soutien.

Remus se dit qu'il ne pouvait pas se permettre d'avoir l'air embarrassé ou quoi que ce soit de ce genre. Il fit donc de son mieux pour adresser un regard rassurant à Sirius et soutenir celui de ses beaux yeux gris-bleu.

"Toi ?" parvint enfin à dire James d'une voix à peine audible.

Remus hocha la tête en silence.

Quand James le regarda de nouveau, Sirius se contenta de hausser les épaules comme pour dire "Ben oui, et alors ?", et Remus devina que ce geste était censé montrer à James qu'il ne doutait pas de son acceptation.

"Ça fait un choc, hein ?" intervint Peter comme aucun des autres ne semblaient capable de trouver quelque chose à dire. "Je venais de l'apprendre quand tu es arrivé. J'ai accidentellement surpris Padfoot en train de dire des mots doux à Moony... Tu imagines comme c'est bizarre ?"

Il riait, et Remus savait donc que ça ne le dérangeait pas vraiment, mais il valait sûrement mieux clarifier quelques détails.

"Ne vous inquiétez pas, on ne va pas vous embêter à... se tenir la main ni quoi que ce soit de ce genre devant vous. On sera aussi discrets que possible pour éviter de vous gêner. Donc rien ne va changer. On est toujours amis, même si maintenant il y a aussi quelque chose de plus pour Sirius et moi."

"Oh, allez, Moony ! Je ne te demanderais jamais d'éviter de tenir la main de Sirius devant moi si tu as envie de le faire", répliqua immédiatement James. "Tu crois que je ne pourrais pas supporter de vous voir ensemble ? Vous pouvez même vous embrasser - moi, je m'en fiche !"

Au ton de la voix et à la lueur familière qu'il voyait briller dans les yeux de son ami, Remus soupçonna que l'idée l'amusait, probablement parce que ce serait un bon prétexte pour les taquiner. Il décida cependant de faire comme s'il n'avait pas remarqué ça et sourit en réponse aux paroles rassurantes.

Comme il fallait s'y attendre, Sirius réagit tout à fait différemment. Se levant d'un bond, il franchit d'un seul pas la distance ente les deux lits, s'assit à côté de Remus, lui passant un bras autour des épaules, et... planta un petit baiser sur ses lèvres.

Peter fit automatiquement le chemin en sens inverse pour prendre la place de Sirius à côté de James, qui suivait d'un air très amusé les efforts d'un Remus rougissant pour obliger Sirius à garder ses effusions dans les limites de la décence.

"Peut-être qu'on devrait se retirer discrètement avant qu'ils en viennent à quelque chose de vraiment choquant", chuchota Peter à James – mais pas assez bas pour échapper à Remus.

"Ou peut-être qu'on pourrait juste rappeler notre présence à Sirius... Hé, Padfoot ! Je suis sincèrement ravi que tu aies enfin trouvé 'quelqu'un de spécial', mais je crois que Moony préférerait garder certaines choses privées."

Sirius se tourna vers son meilleur ami avec un grand sourire.

"Je sais, mais j'adore le mettre dans l'embarras. Il est tellement mignon avec ses joues toutes rouges, tu ne trouves pas ?"

James rit et ne dit rien.

"Bon, d'accord, tu n'es probablement pas capable de voir si un garçon est mignon... Bref. C'est vrai que t'es content pour moi ?"

"Evidemment !" assura James sans un instant d'hésitation.

Et Remus fut particulièrement touché de l'entendre ajouter "Je suis content pour vous deux".

"Lily et toi êtes les personnes les plus incroyablement compréhensives que j'aie jamais rencontrées", dit-il, radieux. "Elle avait deviné alors que Sirius n'était même pas encore au courant, alors j'ai arrêté de prétendre qu'on était juste des amis un peu plus proches qu'avant. Elle m'a convaincu qu'il fallait qu'il sache."

"Tu as vraiment choisi la bonne fille, Prongs", approuva Sirius.

Ce qui lui valut un regard stupéfait de la part de James comme de celle de Peter.

"Quoi ? C'est vrai. Elle a été géniale avec Moony. Et en plus tu avais raison: je te comprends, maintenant."

"Tu comprends quoi ?" demanda Peter, perplexe.

"Ce que James m'a dit... sur le fait d'être amoureux."

"Sauf que je disais qu'il fallait que tu trouves une fille qui te le fasse comprendre. De toute évidence, j'avais tort sur ce point..."

Tout le monde rit.

"Tu ne pouvais pas deviner..." reprit Sirius après quelques secondes. "En fait, si tu avais mentionné l'éventualité d'un garçon, j'aurais pensé que tu étais tombé sur la tête. Donc c'est mieux que tu ne l'aies pas fait."

"Il n'aurait jamais pu avoir une idée aussi extravagante, de toute façon," remarqua Peter en riant encore. "Personne ne pourrait..."

"Ben... si, nous !" répliqua Remus. "Mais je dois avouer que ça me semblait très extravagant aussi au début."

"Et maintenant ?" demanda doucement Sirius.

"Maintenant... tu sais ce que je pense."

C'était peut-être un peu idiot, mais il ne se voyait pas lui dire "je t'aime" devant les autres. Peut-être serait-il capable de le faire un jour, mais pas maintenant. Pas encore. Sirius n'avait pas vraiment besoin de l'entendre prononcer les mots, de toute façon. Ils devaient être écrits dans ses yeux.

"Tu sais quoi ?" dit Peter à James, encore une fois juste un peu trop fort. "Ce qu'il y a de plus bizarre, en fait, c'est pas que ce soit deux garçons, mais que ce soit Padfoot et Moony !"

"Tu t'y habitueras", répondit calmement James.

Puis, comme Sirius et Remus se retournaient de leur côté, il ajouta pensivement:

"Vous savez, je n'aurais jamais pensé que ça pouvait arriver mais, d'une certaine façon, ça ne me surprend pas vraiment. Je ne sais pas pourquoi mais, quand je vous vois, je me dis que... vous deux, ça colle très bien."

Ils lui rendirent tous les deux son sourire, surpris, bien sûr, mais surtout touchés de ces gentilles paroles.

"Tu vois ?" chuchota ensuite Sirius à l'oreille de Remus. "On est faits pour être ensemble – même Prongs l'a remarqué. Et c'est ça que veut dire 'affinité canine'".

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