Voici la suite de ce délire, le chéri de Scilia et Cybelia arrive!
Episode 3: Une couille dans le potage
Les quatre compères partirent donc. Le voyage fut très pénible pour Chidon surtout lorsqu’il s’aperçut que les bières tiédissaient très vite, mais ils progressaient tant bien que mal. Un jour qu’ils battaient en file indienne les hautes herbes d’une plaine de la Brie…
-Rah… J’en ai marre de ce chemin de croix ! Pesta Chidon.
-Regardez, les hautes herbes se terminent ! Prévint Ditbin qui marchait en tête.
Le président et son valet s’extirpèrent de ce nid à criquets et Chidon ôta, en sueur, son chapeau d’aventurier. Une immense étendue d’or vif (note de l’auteur : notez le clin d’œil) les éblouit alors.
-Laissez-moi passer euh ! Se plaignit Bairry resté en arrière. Lorsqu’il parvint à-côté de Raf, ses yeux s’écarquillèrent d’ébahissement et sa bouche s’ouvrit toute grande.
-Un… CHAMPS DE COLZA… OU-AIS !
Et sous le regard médusé de ses compagnons, il se jeta dans les fleurs et se roula dans le champs en criant de contentement. Une grosse goutte de sueur coula le long des crânes de Raf Gligli, Chidon et Ditbin.
-Bon, pause bière. Déclara le chef.
Mais lorsqu’il ouvrit les sacs et farfouilla dans les billets, il ne trouva pas la moindre bouteille. Un grand cri de désespoir déchira alors le calme de ce petit endroit bucolique. Il y eut un plan sur la totalité de la plaine puis s’éleva dans le ciel un guttural :
-NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!
Raf Gligli dut porter son maître sur son dos jusqu’aux portes de Rennes. Il arriva complètement exténué à destination car Bairry, et surtout Ditbin, avaient refusé de prendre le président sur leur dos car c’était à lui de le faire, c’était lui le serviteur dévoué.
Ce n’est que lorsqu’ils eurent trouvé l’enseigne du Bonnet Phrygien et qu’ils eurent posé Chidon sur une banquette que chef d’état revint à la vie.
-On ferait bien de chercher Penalf. Déclara Ditbin avec la sagesse qui le caractérisait.
-Atta… Soupira Chidon comme à l’agonie.
Une bière avant tout…
Ils commandèrent leurs boissons au vieux Pommedemeurrée qui tenait le débit.
Même s’ils n’avaient pas de 1664 dans cette contrée, Chidon trouva la bière de scouig bleue fort à son goût. Lorsqu’il fut désaltéré, le chef d’état s’adressa au gargotier :
-S’il vous plait.
-Oui, qu’il y a-t-il pour votre service Monsieur… Monsieur.. ?
« vous devez abandonner le nom d’Erpéhère car cela pourrait être dangereux hors de l’Elysée, je vous nomme Uhèmpé. »
-Uhèmpé, je me nomme Uhèmepé.
-Uhèmpé… Répéta le tenancier.
-Oui, nous sommes des amis de Penalf le kaki, pouvez-vous nous annoncer à lui ?
-Penalf ? Penalf… Ah ! Oui… Je me souviens un vieux gros bonhomme… Treillis et chapeau mou n’est-ce pas ?
Chidon hocha la tête en esquissant un sourire. Et la réponse tomba comme un coup de tonnerre :
-Pas vu depuis six mois.
Dépités, les compagnons allèrent se rasseoir à leur table.
-Mééé…Qu’est-ce qu’on va faireuh métenant ? Demanda Bairry, anxieux.
-Je… je ne sais pas. Répondit le chef.
Tout le bistrot leur paraissait à présent hostile, enfin, excepté Ditbin trop occupé à se bourrer la gueule en tchatchant avec des inconnus à bandanas rouges qu’il avait rencontré au bar. Raf se pencha alors vers son maître pour dire :
-Ce bougre ne vous à pas lâché des yeux depuis notre arrivée.
Il lui indiqua un homme assis dans un coin sombre, une capuche lui couvrant le visage dont les yeux bleus étaient éclairés par intermittences par la lumière rougeoyant de sa pipe.
-Il ne me dit rien qui vaille… Grommela Chidon. Puis, il arrêta Pommedemeurrée pour lui demander qui était cet homme.
-Oh… C’est un déchu, ce genre de gens est dangereux, ils errent dans la nature à la recherche d’on ne sait quoi ; un conseil : restez loin de lui. Son vrai nom je le connais pas, mais par ici on le connaît sous le nom de Grand-Chiant. Répondit le gros homme d’un air méfiant.
-Grand-Chiant… Murmura Chidon pour lui même.
Il décida alors de s’octroyer une sieste de quelques minutes, mais à peine avait-il fermé les yeux qu’un grand bruit éclata. Chidon rouvrit les yeux : Ditbin avait visiblement provoqué une bagarre de bar et distribuait à présent des pains dans la face de tout ce qui passait à sa portée en criant des slogans révolutionnaires ! Certains l’encourageaient bruyamment, d’autres le sifflaient, mais au moment où Chidon s’apprêtait à intervenir, il se sentit brusquement saisit par l’épaule et lorsqu’il se retourna, il se retrouva nez à nez – et c’est le cas de le dire étant donné la longueur exceptionnelle du pif présidentiel – avec le Grand-Chiant en question. Une voix doucereuse s’éleva alors sur un ton de reproche :
-Vous vous entourez vraiment bien mal, Monsieur Uhèmpé !
Quelque chose disait à Chidon que son nom avait été prononcé avec une certaine ironie, mais il n’eut rien le temps de répondre que l’homme le poussait déjà dans une chambre à l’étage et refermait la porte derrière :
-Non pas ça je vous en prie !! Couina Chidon assaillit par un très mauvais pressentiment.
-Oh calmez-vous monsieur le chef d’état, j’ai mieux à faire que ce à quoi vous pensez.
-Je ne suis pas chef d’état. Répondit ingénument le président soulagé.
-C’est cela… Vous vous êtes plutôt bien déguisé mais un profil de ce genre… C’est un don rare… Expliqua Grand-Chiant toujours sur son détestable ton ironique. Il fit ensuite sauter de son pouce une pièce de 1 centime d’euro français sur lequel on pouvait voir la tête du président de côté. (note de l’auteur : tout le monde a retrouvé la référence ?) Trahi par sa propre monnaie…
-Qui êtes-vous ? Demanda Chidon d’une petite voix.
L’inconnu rejeta alors son capuchon pour laisser apparaître une touffe de cheveux blancs, un visage plein et des lunettes rectangulaires.
-Etes-vous effrayé ? Questionna Grand-Chiant d’un air un peu méprisant.
-Voui…
Mais à ce moment précis, ses trois compagnons surgirent férocement dans la pièce, armés qui d’un couteau de cuisine, qui d’un flambeau ou qui d’un tabouret (c’était Ditbin) avec pour ordre de laisser leur chef tranquille. Grand-Chiant sourit une fois encore de son petit air ironique.
-Est-ce donc vous que Penalf a choisi pour mener à bien cette quête ?
Personne ne répondit.
-Vous ne pouvez l’attendre plus longtemps mes braves…
Grand-Chiant regarda par la fenêtre d’un air grave.
-Ils arrivent.