Episode 6: Roule pour ta vie!
Après avoir retrouvé Bairry et Ditbin, ramassés au fond d’une cabine des toilettes des femmes (une ruse de Bairry), Grand-Chiant et Raf avaient continué à trottiner en direction de Brest. Désormais ils avaient atteint Guimgamp ; mais Chidon était dans un état critique : il poussait des borborygmes rauques et son visage se déformait par moment.
-Est-ce qu’il va mourir ? Demanda Ditbin.
Grand-Chiant secoua la tête.
-Il est en train de devenir à son tour un sylvùl.
-OH MON DIEU! S’exclamèrent en cœur les amis du président.
-Et oui… Un mal ignoble l’habite, si ça continue comme ça il sera bientôt un spectre comme eux.
-Non ! Décréta Bairry avec indignation. Je l’empêcherai ! Je sais comment l’aider je l’ai vu à la télé !
Il se campa sur ses jambes, déroula un drapeau français devant le président et proclama :
-Puissance démoniaque, je t’ordonneuh de quitter ce corps !
Mais il abandonna bien vite à force de se prendre du vomi dans la figure à chaque tirade. Tous étaient inquiets.
Mais soudain, à cet instant, alors que tout espoir avait disparu, une petite 205 GTI se gara en trombe près d’eux. Une femme à la beauté exceptionnelle en sortit : elle était maigre bien que ses joues fussent gonflées (elle rappelait à Bairry son Hamster Maurice), avait des petits yeux et des cheveux hyper courts de couleur noire. Elle était vêtue d’un pantalon violet et d’un pull en laine rouge vermillon. Elle s’avança vers Chidon ; au début Raf voulut s’interposer mais Grand-Chiant le retint doucement par l’épaule. Il regardait l’inconnue d’un regard serein, il semblait la connaître. Celle-ci parla enfin :
-Cela fait trois jour que je vous cherche. Mais où étiez-vous bordel ? Et c’est dans cet état que vous m’amenez le chef d’état ?
-Hélas ! Répondit Grand-Chiant. Nous avons été acculés par les sylvùls…
La femme se mit alors à parler d’une voix profonde et lente, comme si elle s’adressait à un individu intellectuellement limité :
-Im Arwette, tel in edraith. Lasto ves-nîn, teli dae nun calad.
Chidon la fixait intensément, il éructa de plus belle puis sembla se calmer légèrement.
-Qu’est-ce qu’elle a dit, la dame ? glissa Bairry à Ditbin qui haussa les épaules.
-Il ne va pas tenir longtemps, reprit-elle alors, il faut le mener à mon père.
Grand-Chiant pris Chidon dans ses bras et l’allongea sur la banquette arrière de la voiture. Mais au moment où il voulut s’asseoir à la place du chauffeur, la nouvelle venue l’arrêta :
-Restez avec les petits politiciens ; ils ont besoin de vous.
-Mais voyons, il y a bien trop de danger…
-Justement ! Répliqua la femme.
Offensé, Grand-Chiant lança alors :
-Vous savez bien ce qu’on dit : « femme au volant, mort au tourn… »
Mais l’inconnue ne lui laissa pas le temps de finir son dicton et lui fila une bonne baffe. Puis elle s’introduisit dans l’auto, profitant de l’étourdissement de Grand-Chiant, et ferma la porte. Tout en enfilant ses gants de cuir, elle baissa la vitre pour dire :
-Ne vous en faites pas : je ne crains personne sur la route.
Grand-Chiant se pencha à la fenêtre :
-Arwette, allez grand train ! Ne laissez pas votre compteur descendre au-dessous de 60.
Et tout deux se roulèrent un patin en guise d’adieu. Raf, Ditbin et Bairry, répugnés par le spectacle, firent observer qu’il y avait derrière le président de la République en train de crever et qu’il fallait peut-être se dépêcher un peu.
Arwette enfonça l’accélérateur et partit comme une flèche. Suivant la voie express Saint-Brieuc-Brest, elle atteignit bientôt les abords de Morlaix. Mais c’est alors qu’elle s’aperçut que neuf chars d’assaut l’avaient prise en chasse. Elle continuait opiniâtrement sa route, sans se soucier d’eux. Mais bientôt les canons des tanks lui envoyèrent des projectiles ! Zigzaguant, Arwette réussit à les éviter, personne ne maîtrisait mieux la 205 GTI qu’elle. Passant une vitesse, elle donna une brusque accélération et partit tout droit, pied au plancher. Elle réussit pour quelques kilomètres à distancer ses poursuivants, et soudain, non-loin de Landerneau, elle pris une bretelle pour attirer les spectres à la périphérie de la ville. Malheureusement ces derniers, excédés par la course-poursuite et souhaitant en finir une fois pour toute, défonçaient tout sur leur passage et gagnaient petit à petit du terrain sur la 205 GTI qui fatiguait et était bientôt à court de carburant ! Mais ! Arwette avait un plan diabolique ! Elle s’arrêta brusquement à une station essence de la banlieue industrielle. Elle sortit du véhicule, s’empara nonchalamment du pistolet de remplissage et le brancha sur son auto. Les sylvùls arrivèrent en furie et se garèrent à-côté d’elle. L’un d’eux lui ordonna d’une voix caverneuse :
-Abandonne le président, femme au pull-over rouge!
-Si vous le voulez… Répondit-elle avec un air résigné. Mais avant cela que diriez-vous de prendre un petit gueuleton après cette course effrénée ?
Et elle désigna du doigt un Mcdo qui siégeait non-loin de la route. Le spectre ouvrit grand la bouche :
-Regardez ça les gars ! Comme chez nous ! Enfin de la bonne nourriture !! Qui aime le hambas me suive !!!
Et ils se ruèrent tous comme autant de chacals affamés sur le petit fast-food, tandis qu’Arwette, très fière, regagnait sa voiture. Mais ! Lorsqu’elle se retourna vers la banquette arrière, elle constata avec horreur que Chidon était en train de suffoquer, la métamorphose était en phase terminale. Oh non !
Oh mondieumondieumondieu quel suspense!
_________________ La Halfeline
__________
Le sachet de thé c'est la santé!
|