Kikou les gentes! Alors, c'est quoi ce désert sur le forum? Avouez, vous vous êtes toutes défoncées au Champomy et bourrées au saumon fumé? Eh bien vous avez eu bien raison! ^^
En ce matin de l'année nouvelle voici une petite songfic sur une chanson de Brassens absolument sublime qui me donne des transports d'allégresses chaque fois que je l'écoute, tant je trouve la mélodie et les paroles jolies et légères... et aussi parce que le film pour lequel elle a été faite était également un véritable petit bijou. Enfin, dans tous les cas je vous conseille vivement de vous procurer cette chanson!!
Vous allez voir que Half en revient ici à ses valeurs sûres, nous offrant entre autre un petit bout de trip plus halfelinien tu fais difficilement. Désolée, je me suis laissée aller...
Le pays des vertes allées
Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé après
Maintes traversées
Le pays des vertes allées
Depuis tout gosse j’ai été bercé par les récits épiques de ce bon vieux fou de Bilbon Sacquet. Mes yeux brillaient et mes oreilles étaient grandes ouvertes lorsqu’il nous parlait du monde extérieur. Je frémissais au conte de la rencontre avec la créature Gollum dans la sombre et humide caverne, je riais de joie au fameux épisode des stupides Troll bernés par Gandalf, et peu importe combien de fois il nous l’avait déjà narré ! Ses yeux si expressifs, sachant se faire espiègles ou effrayants selon le ton de l’aventure, savaient à chaque fois rendre l’histoire nouvelle et attrayante. Mon cœur battait à chaque fois plus vite lorsqu’il était question de l’affrontement avec le Dragon Smaug, et Peregrin venait se blottir contre moi, suçant son pouce un peu plus intensément à mesure que le suspense d’un récit déjà connu augmentait.
Je m’interrogeais déjà à cette époque sur le miracle qui avait pu reconduire Bilbon chez nous après une telle épopée, si différente de ce qu’un Hobbit pouvait connaître, vécu si incongru dans un trou de verdure terré sous nos calmes collines.
Et à présent c’est moi qui revient, moi qui retrouve avec une sorte d’incrédulité ébahie les champs de dunes herbeuses et les potagers de la Comté. C’est moi qui, après en avoir plus vu que des centaines de générations de Semi-Hommes, arrive à nouveau par le petit pont du Brandevin dans ma terre natale ; et à cette réalisation, ma chanson meure sur mes lèvres. Je suis chez moi !
Par un petit matin d'été
Quand le soleil vous chante au cœur
Qu'elle est belle la liberté
La liberté
En y repensant… Quelle folie que celle qui nous avait fait quitter notre seule connaissance de la vie ce matin emporté par l’exaltation de l’amitié et de l’aventure irréfléchie, qui sentait la rosée vivifiante de l’inconnu ! Nous nous en allions, nous fichions le camp ! Et où, alors ? Nous n’aurions su le dire, à ce moment-là, comme le dit la chanson. Tout ce qui importait sur le moment était l’attachement à notre petit cousin, et également, il faut l’avouer, un terrible sentiment d’excitation, pour Pippin et moi, persuadés d’avoir fait le seul choix qui s’imposait et, peut-être, ne concevant pas réellement d’éventualité de dangers sérieux, comme nous n’en avions jamais connu.
Quand on est mieux ici qu'ailleurs
Quand un ami fait le bonheur
Qu'elle est belle la liberté
La liberté
Et puis, nous n’avions pas eu que des moments terribles, en chemin ! Entre la peur, l’incertitude et le désarroi, nous avions su croquer des morceaux de bonheur. A la table de Tom Bombadil, le long des balcons, des couloirs et des sentiers de la vallée de Fondcombe, sur le ventre de Boromir que nous tourmentions de nos luttes infantiles sans noblesse ni maestria, avant de faire tomber à son tour Aragorn à la renverse avec moult éclats de rire, sur la table des Rohirrims avec une bonne chope de bière mousseuse et une chanson exaltée aux lèvres. Ah ! Ce que nous nous sentions libres et victorieux à ce moment-là, les maîtres de l’Isengard ! Alors que le plus dur restait à endurer…
Avec le soleil et le vent
Avec la pluie et le beau temps
On vivait bien contents
Mon cheval, ma Provence et moi
Mon cheval, ma Provence et moi
En Comté, peu importait le temps qui avait décidé de se montrer au matin : Pippin et moi courions toujours dehors, la chemise au vent, la cape de pluie bien serrée autour de nos cols ou encore la pelisse, le bonnet et les mitaines dûment enfilés. Les canicules ne nous assiégeaient que sous l’ombrage des plus vieux arbres, et rares étaient les tempêtes de neige qui nous avaient empêchés d’aller dispenser nos filouteries au Quartier Sud ; et ces fois-là, nous nous arrangions pour nous retrouver dans une large chaise à bascule pleine de coussins, tout près d’un bon feu de cheminée avec une couverture de laine, de grandes tasses de chocolat chaud, un gros livre de contes et de tendres câlins frileux rendus plus délectables par les flocons vifs derrière les carreaux et les mugissement du vent dans les fenêtres. J’en souris encore maintenant, en espérant que cette tradition pourra perdurer même après la vue de l’horreur en personne.
Heureux qui comme Ulysse
A fait un beau voyage
Heureux qui comme Ulysse
A vu cent paysages
Et puis a retrouvé après
Maintes traversées
Le pays des vertes allées
Oui… Cela est vraiment une expérience de retrouver tous ces souvenirs d’un bonheur sûr inébranlable après le vécu du continuellement intense, des voyages allant de découverte en découverte, le cœur jamais tout à fait au repos. Et cette prise de conscience ne permet que de rendre plus appréciables et plus profondes les perspectives de recommencement de ces plaisirs de la sécurité, quand l’esprit peut être relâché et aller vagabonder sans crainte où bon lui semble, aussi longtemps qu’il lui semble utile… ou non.
Par un joli matin d'été
Quand le soleil vous chante au cœur
Qu'elle est belle la liberté
La liberté
Enfin… Enfin nous étions libres ! Libres de faire ce qu’il nous plaisait, sans nous soucier d’autre chose que des chances qu’avait Oloïn Fierpied de nous découvrir avant que nous ayons ramassé un tel nombre de rosés des prés sur sa propriété, ou de la probabilité que le mathom que nous comptions offrir à Angelica pour son anniversaire ait déjà transité une ou deux fois par elle lors de tous ses tours à travers la population de la Comté. Le réaliser semble synonyme d’une telle exultation, d’une telle explosion de joie si longtemps contenue pour le bien d’une quête dont l’enjeu n’était pas moins que le devenir de la Terre du Milieu, que je bénis ce soleil resplendissant qui s’élève au-dessus de la colline de Bouc dans un ciel bleu immaculé d’été.
Quand c'en est fini des malheurs
Quand un ami sèche vos pleurs
Qu'elle est belle la liberté
La liberté
Oui, tout le mal était bel et bien derrière nous, après toutes ces heures si sombres. Je suis fier d’y avoir survécu, m’en sentant en quelque sorte grandi, et dans les deux sens du terme ! Je ne suis à présent que plus prompt et réceptif aux plaisirs simples. Je remercie Pippin intérieurement, lui qui me permet de vivre cela. Je le réentends, et le revois dans une brume un peu floue, me tenir fortement dans ses bras, me ramener à l’éveil, puis chasser mes blessures d’un simple regard d’amour bien plus réfléchi que ceux de l’enfant insouciant qu’il était avant, d’une simple caresse le long de ma tempe et de mes cheveux entachés de poussière et de sang, d’une simple promesse respectueusement murmurée. C’était grâce à lui, grâce à son indéfectible présence à mes côtés, à la fin de tout ce chambardement, que j’avais pu me résoudre à finalement maîtriser mes émotions et transformer mes larmes indéfinies en hurlements de triomphe et en éclats de rire à faire mal au ventre. Qu’il était bon d’être libéré d’un si lourd joug !
Battus de soleil et de vent
Perdus au milieu des étangs
On vivra bien contents
Mon cheval, ma Camargue et moi
Mon cheval, ma Camargue et moi
A présent, je ne vois plus que notre creux verdoyant de foyer, et Pippin, le visage éclairé par la forte lumière du jour, le soleil créant une jolie auréole caramélisée dans ses boucles chocolat dérangées par l’agréable petit vent vif qui s’engouffre sur la route. Il stoppe son poney et regarde en arrière pour connaître la raison de mon retard, et doit se débattre avec les pattes frisées qui lui taquinent les yeux. Je lui souris, même si lui est trop occupé à parer les facéties de l’air pour le voir, et amène ma monture à son niveau. Lui aussi m’adresse alors un sourire à pleine fossette, les lèvres encore serrées par l’excitation. Alors, comme Frodon et Sam sont déjà à de nombreux pas en avant, je prends sa menotte gauche refermée sur les rênes, et l’ouvre pour déposer au creux de la paume un doux et silencieux baiser. Tout va bien se passer.