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Auteur Message
 Sujet du message: Les Rives de Sadarelles
MessagePosté: 14 Juil 2004 08:56 
Hors ligne
Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

Inscription: 12 Juil 2004 19:23
Messages: 111
Salut ben voilà la fics d'une copine mais je sais pas si je peux la publié.Tant pis si t'as des réclamations a me faire artie n'ésite pas
Vous allez avoir de quoi lire. Elle invente plein de trucs et n'oubliez pas que ce trucs au départ m'est destiné. Bonne lecture

Les rives de Sadarelle

Lorsqu’ils arrivèrent à l’orée du bois, le soleil commençait à décliner. Le bois, lande de terre humide, pleine d’épines et d’arbres ancestraux aux feuilles féroces, s’accrochait nonchalamment au sol, comme un vieillard aigri par les hommes mais lassé de leur jouer des tours. Le contraste entre le bleu orangé du ciel et la noirceur violacée des arbres saisit Frodon comme s’il contemplait un premier matin d’hiver, où le blanc éclatant se détache des taches sombres, vestiges de civilisation, des maisons et collines. Cette vision rappela en son cœur de nostalgiques souvenirs, où le soleil brillait sur la Comté et ses habitants, dont le jadis tranquille hobbit et son fidèle jardinier. Ces journées, légères et fraîches comme de la crème, semblaient à présent aussi lointaines que merveilleuses. Et sans doute disparues pour toujours.
-Il nous faut nous dépêcher, monsieur Frodon. Nous avons encore un long chemin à parcourir. Je ne crois pas que nous sortirons du bois avant l’aube, mais il vaut mieux gagner du terrain, dit Sam, déterminé à ne pas passer la nuit entière et encore moins à dormir dans le bois.
Frodon se retourna. Son regard croisa celui de Sam, où il vit, intense et bref, un éclair, une lueur étrange qu’il ne put tout de suite identifier, mais qui l’enthousiasma d’une manière indéfinissable.
-Ce bois n’est pas si vaste, tu as raison, dépêchons-nous.
Frodon s’avança et Sam fit de même. Pris dans un malentendu ( Sam voulait aller au devant de Frodon pour le protéger ; Frodon était entraîné par son élan d’enthousiasme ), ils cognèrent leurs épaules l’une contre l’autre et trébuchèrent, chacun de leur côté.
Ils se regardèrent, pantois et confus, comme deux personnes qui découvrent qu’elles ne sont pas seules. Sam fit un sourire idiot et désolé, tellement désolé et béat à la fois que Frodon éclata de rire.
-Ah ! Mon cher Sam ! Je m’ennuierais sans toi. Je suis content que sois venu avec moi, c’est réconfortant. Et puis on finit toujours par rigoler, toi et moi !
Sam rit à son tour, le cœur allégé par cet incident. Leurs craintes s’étaient quelque peu dissipées et ils s’apprêtèrent à entrer dans le bois.
Une fois passés les premiers arbres, une obscurité poisseuse les entoura. La lumière était étouffée en haut par un toit de branches touffues, entrelacées au sommet des arbres.
- Bigre ! On ne voit pas clair ici, dit Sam, sentant soudain son courage adopter un profil bas. Il faudra qu’on allume une torche. J’espère qu’on attirera pas trop d’insectes.
- Ce ne sont pas les moustiques qui m’inquiètent. Cela fait longtemps que nous n’avons rencontré d’orques…Et je ne me sens pas d’attaque, ce soir, répondit Frodon, un sourire ironique aux lèvres.
- On pourrait aussi rencontrer des nazgûl, ou quelques uruk-hai égarés, poursuivit Sam, de plus en plus inquiet.
- On rencontrera peut-être des sordukk, il paraît qu’ils affectionnent les bois sombres comme celui-ci.
- Qu’est-ce que c’est que ça encore ? Un nouveau croisement de Saroumane ?
- C’est un genre de spectre. Bilbon m’en avait parlé. Ils sont assez discrets, d’habitude. Mais avec toute cette histoire..
- J’en ai marre de toutes ces horribles créatures ! On en rencontre constamment de nouvelles. Dans la Comté au moins il n’y a pas ces êtres hideux aux noms bizarres !
- Les sordukk ne sont pas hideux. Ils sont juste un peu pourris, ils sentent – pour des morts, c’est normal – et, belliqueux, ils aiment la chair fraîche, mais à part cela, ils ne sont pas dérangeants, dit Frodon.
Sam lui jeta un regard désespéré. Puis, se rendant compte de l’ironie et du comique de la situation, il rit de bon cœur.
-On s’amuse beaucoup, ce soir. Il vaudrait mieux en profiter, avant qu’une nouvelle tuile ne nous tombe dessus, proclama Frodon.
- Nous sommes quand même de sacrés pigeons, dit Sam, avec sincérité.
- Pourquoi dis-tu ça, demanda Frodon, un peu gêné par la remarque, qu’il prit comme une injure personnelle.
- Oh, pour rien, répondit Sam, qui voyait bien l’irritation de son compagnon. Frodon, qui se rendait parfaitement compte de la justesse de la remarque, sourit tout de même devant l’air sérieux de Sam. « Il a gagné en maturité », se dit-il. « Je le trouve beaucoup mieux. Il est courageux et responsable. Même physiquement, il s’est embelli. Ou peut-être était-il déjà comme cela mais je ne l’avais jamais remarqué, faute d’occasions ».
- Monsieur Frodon ? demanda Sam. Vous êtes en train de patauger dans une flaque de boue.
Frodon regarda Sam, puis ses pieds, puis à nouveau Sam, jusqu’à ce qu’il comprenne ce que celui-ci voulait lui dire. Il sortit de la flaque, rouge jusqu’aux oreilles, plus à cause de la tournure que prenaient parfois ses pensées qu’à cause de sa distraction.
- Allons, ne traînons pas, déclara-t-il en se remettant en route énergiquement – un peu trop au goût de Sam, qui trouvait son ami un peu bizarre. « Ce doit être l’anneau », se dit-il avant de rejoindre Frodon

Ils marchèrent tranquillement durant quelque temps. Le vent s’était intensifié, et il faisait nettement plus froid. L’obscurité était à présent lourde, et les lanternes dessinaient des taches claires vacillantes, timides lucioles dans la nuit. Les pas de Frodon et de Sam craquaient sur les feuilles racornies, accompagnant les cris sauvages des animaux. Soudain, un cri strident retentit parmi les branches.
- Ce cri ne me paraît pas animal. Ni humain non plus, dit Sam, avec un air faussement détaché.
- ce n’est guère rassurant, renchérit Frodon, les sourcils froncés. Je me demande si…
Un nouveau hurlement aigu déchira les ténèbres, bien plus proche cette fois. Sam frissonna, subitement glacé jusqu’aux os. Frodon affichait un air de plus en plus inquiet, ce qui faisait monter l’angoisse de Sam, quand le cri surgit à nouveau, juste derrière eux. Sam et Frodon, en un geste, portèrent la main à leur fourreau, prêts à dégainer. Sam s’avança pour se placer légèrement devant Frodon.
De petits cris perçants semblaient à présent tournoyer autour d’eux. Parfois lointains, parfois si proches qu’il leur parut qu’ils venaient de l’intérieur de leur tête.
- Je n’aime pas ça, monsieur Frodon, pas du tout, dit Sam.
- J’ai bien peur que nous ayons affaire à des sordukk, déclara Frodon, sur un ton dramatique qui aurait été comique en d’autres circonstances.
- J’espère que vous disiez vrai lorsque vous prétendiez qu’ils étaient ni hideux ni dérangeants…Sam ne termina pas sa phrase. Une créature se tenait devant eux, derrière un arbre. Ils ne distinguaient pas encore l’apparence de celle-ci, mais Sam pensa qu’ils n’allait pas tarder à être fixé sur son aspect.
- Sam, dit Frodon, je crois que j’ai été un peu optimiste tout à l’heure au sujet des sordukk. Je crois qu’il vaudrait mieux que nous…courrions !
Sur ce, il s’élança à travers les feuillages, aussi vite qu’il le put. Sam, qui ne s’était pas fait prié, le suivait de près. Frodon n’osait pas se retourner. Il avait entr’aperçu que la créature qui les avait cernés n’était pas seule, loin de là. Et les explications de Bilbon lui avaient soudain semblé bien nébuleuses, et dérisoires, finalement.
Ils coururent pendant quelques minutes sans parler ou s’arrêter. Enfin, Frodon stoppa sa course, haletant, et s’appuya contre un arbre, bientôt rejoint par Sam.
-Nous les…avons…semés, dit Frodon. Il se laissa glisser le long de l’arbre et soupira de soulagement. Sam souriait.
- Ils ne sont pas si terribles, ces sordukk. Même pas capables de nous suivre !
Au moment où, ayant repris chemin et étant arrivés à la rive droite d’une douce rivière à l’eau claire, leur bonne humeur de hobbits était au beau fixe.
-Et si on se baignait ? proposa Sam, rieur.
- Tu ne sais même pas nager, idiot ! répondit Frodon. La dernière fois, tu as failli te noyer !
- C’était pour rester avec vous. Sinon, vous seriez parti sans moi.
- J’aurais bien dû ! Ce sont deux vies que je risque, et non une.
- Mais deux vies soudées sont plus fortes qu’une quête solitaire, acheva Sam, avec une intonation qui signifiait que la question était close.
Sam, sans laisser à Frodon le temps de protester, se dirigea vers un tronc d’arbre en travers de la rivière, et en entreprit l’ascension.
- C’est tout de même incroyable, ces bouts de bois qui sont toujours là en cas de besoin.
Un craquement répété se fit entendre. Une fraction de seconde après, Frodon, s’étant retourné, se trouva nez à nez avec une créature putride et nauséabonde, dont les chairs en étaient arrivées à un tel niveau de pourrissement qu’on ne pouvait distinguer les traits, ni même d’ailleurs les membres ; et le tout s’apparentait plutôt à un amas qu’à un être. Frodon, tétanisé, ne bougea pas. Le spectre non plus.
Sam, qui n’avait rien entendu, continuait son escalade du tronc.
- Monsieur Frodon, je trouve que ça sent mauvais par ici…Il se retourna et, voyant la créature, hurla :
- Non ! Laissez-le !
Au même instant, le monstre hurla de son cri perçant. Les lambeaux de chair qui le couvraient se soulevèrent, découvrant un abîme d’une infinie noirceur, qui arracha à Frodon un hurlement de détresse. Le sordukk saisit Frodon, et s’apprêtait à lui trancher la gorge de ses griffes acérées quand Sam frappa au niveau de la nuque. Le sordukk hurla et lâcha Frodon. Aussitôt, trois autres sordukk sortirent du bois, hargneux. Frodon empoigna Dard, la brandit au-dessus de sa tête et cria, sautant sur l’une des trois créatures. Il planta son épée dans la tête – ou du moins ce qui en tenait lieu - du sordukk. Pendant ce temps, Sam, courageux, se battait rageusement contre l’un des monstres. Frodon, mené par une ardeur toute nouvelle, s’empoignait avec un autre sordukk, en ayant déjà liquidé un. Mais celui-ci était bien plus vigoureux, et il fut surpris par un coup de poing et tomba à genoux en gémissant. Sam, préoccupé par l’état de son maître, fut distrait par la chute de ce dernier et découvrit son ventre, nu de toute protection, et le sordukk le lui transperça. Sam s’écroula. Frodon, mû par une colère sans bornes à la vue de l’attaque subie par Sam, redoubla d’acharnement et tua les sordukk restants. Avant d’expirer, le dernier d’entre eux sortit un petit cor de son manteau de peaux pourries et souffla dedans, sans doute pour alerter ses compagnons dans le bois.
Frodon, des larmes brûlantes de fureur et de douleur dans les yeux, devait faire vite. Il passa son bras sous les aisselles de Sam, qui ne voulait pas retirer sa main de sa blessure, et le souleva péniblement. Il l’entraîna vers le tronc et, suite à des efforts surhumains dignes du grand Tinklo lui-même, parvint à le hisser sur l’arbre à le tirer de l’autre côté de la rive. Plusieurs sordukk étaient arrivés, mais quand Frodon, une fois à terre, se retourna, il vit que le tronc avait mystérieusement disparu, et que les monstres, repoussés sans doute par la perspective de traverser la rivière, étaient repartis.
Il déposa Sam sur un tapis d’herbe humide. Il était livide, et Frodon comprit pourquoi il ne voulait pas ôter sa main de sa plaie : ses entrailles menaçaient de saillir. Voyant cela, Frodon se sentit très mal – autant de nausée que de désespoir. Il s ‘élança vers la rivière, sans savoir pourquoi. Il s’approcha de la berge, et regarda son reflet, sombre, dans l’eau. A son plus grand étonnement, au lieu de voir un hobbit triste et sale, et aperçut une licorne couleur du soir. Une voix, douce et asexuée, parla dans sa tête :
-Prends un peu d’eau et donne-la lui.
Frodon, ne réfléchissant pas à ce qu’il faisait, tâtonna ses poches à la recherche d’une gourde, puis se rappela que leurs sacs étaient restés de l’autre côté, et il n’avait pas le temps de traverser la rivière.
Il joignit ses mains et recueilli de l’eau. Il se précipita auprès de Sam mais, arrivé près de celui-ci, l’eau avait coulé. Il pensa alors la collecter avec sa chemise, mais cela n’aurait servi à rien, et Sam était trop faible pour qu’on le déplace.
Frodon regarda l’onde, et, en désespoir de cause, plongea sa tête dans l’eau et en aspira une grande gorgée pour l’apporter à Sam.
Celui-ci était mourrant. Il jeta un regard vers Frodon, qui ressemblait à un hamster jovial, et lui offrit un pauvre sourire, résigné et heureux à la fois, d’avoir sauvé la vie de son ami.
Frodon se pencha et prit peur : comment lui donner l’eau ? Sam avait maintenant perdu connaissance et il fallait se dépêcher. Puis soudain, l’évidence s’imposa.
Il se pencha sur Sam, le regarda, ferma les yeux et posa ses lèvres sur les siennes, et déposa l’eau dans sa bouche. Aussitôt, Sam ouvrit les yeux.
Frodon se releva un peu, Sam voulut se redresser, sa blessure était refermée mais lui arracha tout de même un cri de douleur. Frodon se précipita pour le soutenir, et trébucha, entraîné par le poids de Sam. Ils se contemplèrent, un peu confus et étonnés, se rapprochèrent jusqu’à ce que Sam sente le souffle chaud de sa respiration saccadée dans son cou. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre lorsqu’ils entendirent un hennissement mélodieux.

Le Nid

La licorne que Frodon avait aperçue dans le lac se tenait, majestueuse et gracieuse, devant eux. Sa crinière soigneuse étalait ses ondulations d’ébène sur sa robe pure et sombre d’animal féerique. Sam, bouche bée, ne bougeait pas.
Frodon, qui reprit enfin ses esprits, la regarda dans les yeux, et lui demanda, sans douter de la faculté de parole de l’animal :
-Vous nous avez sauvé la vie. J’ignorais les vertus thérapeutiques de cette rivière. Je vous remercie de tout cœur.
-Cette rivière est mienne ; et est protégée des sordukk, qui ne peuvent y pénétrer, ni même la traverser grâce au tronc. Je n’ai fait que mon devoir en vous aidant à sauver votre ami, qui vous est très précieux, je suppose.
La licorne parlait dans leurs têtes, rassurante. Sa voix n’était ni féminine, ni masculine, et les caressait d’une brise légère et harmonieuse.
-Mais comment pouvez-vous parler ? intervint Sam, qui n’avait jamais rencontré de Licorne.
-Nous ne pouvons être entendues, ou même vues, que par des êtres au cœur empli d’amour. Mon nom est Sadarelle. Si vous m’entendez, c’est simplement que vous aimez quelqu’un avec une intensité suffisante à vous rendre pur.
Sam observa l’animal, pensif. Frodon, qui s’était remis de ses émotions, interrogea Sadarelle :
-Oh belle créature, montrez-nous le chemin qui nous mènera en Mordor. Je ne sais plus par où aller.
-Passez d’abord la nuit, et partez à l’aube. Vous méritez bien quelque repos. Cette région des bois est sûre, et je connais un endroit confortable pour deux hobbits épuisés. De plus, votre ami est encore un peu souffrant. Vous serez bien là-bas. Et demain, suivez le soleil de l’aube.
La licorne courba ses jambes pour inviter les hobbits à la monter. Sam s’appuya sur Frodon, qui le hissa sur l’animal. Une fois en route, Sadarelle leur dit :
-Je sais que vous vous demandez si je ne suis pas un piège de Saroumane, surtout Sam, je le sens. N’ayez crainte, je ne vous veux aucun mal. Et ne me parlez guère de votre mission, je la connais, et j’admire votre courage.
Frodon voulut prononcer une parole polie de remerciement et surtout de circonstance, mais Sam glissa, endormi, et il dut le rattraper.
Le voyage se passa dans le silence. Ils traversèrent une partie douce et calme des bois, où chaque brin d’herbe, chaque fleur respirait la paix. Frodon se sentait apaisé auprès de la licorne. Il baignait dans une hébétude flottante qui le berçait, et quant à Sam, il dormait profondément.
Ils parvinrent à un immense peuplier noir, dont les branches se déployaient jusqu’au sol, formant un escalier tortueux vers un rameau plus large que les autres, où se trouvait un grand nid duveteux. Frodon, qui fatiguait aussi, fut soulagé quand la licorne les aida à monter ( Sam s’était enfin réveillé mais semblait un peu pâteux ).
Le nid était d’apparence moelleuse et confortable. Le creux, qui servait sans doute de lit, était recouvert de plumes de toutes sortes, soyeuses et accueillantes. Une branche courbée formait un petit toit au-dessus, et donnait à l’ensemble un air de berceau.
-On va dormir comme des bébés là-dedans, dit Sam, souriant et visiblement conquis par le ‘nid’.
Frodon, qui était lui aussi charmé par la couche, se laissa glisser dedans. Il aurait pu se croire dans du coton. Sam le rejoignit, et la licorne leur souhaita une bonne nuit, et s’éloigna alors qu’ils dormaient déjà tous deux.
Environ une heure après, Frodon se réveilla. Il avait froid. Sa cape lui paraissait bien fine, tout à coup. Il regarda Sam, et réfléchi à ce que la licorne avait dit sur leurs cœurs. Pour voir une licorne, il faudrait donc aimer quelqu’un. Il était de notoriété publique que Sam était amoureux de Rosie. Mais quelque chose clochait. Il se rapprocha de Sam, pour avoir plus chaud.
Tout à fait réveillé à présent, Frodon tournait et retournait les paroles de Sadarelle dans sa tête. Alors que la frustration commençait à le gagner, il comprit. Lui-même avait vu la licorne.
« Je n’aime personne de cet amour-là », se dit-il, intrigué. Il se tourna vers Sam et, mû par un désir aussi soudain que violent de savoir, secoua celui-ci.
Sam grogna, puis marmonna un ronchonnement inintelligible, et dit quelque chose qui, aussi fidèlement que possible, ressemblait à : « Keuskiaâââ, môoonsieur Frodun ? » entre deux bâillements fastidieux.
-De quel genre d’amour la licorne a-t-elle parlé, selon toi ?, lui demanda Frodon, qu’un vague soupçon commençait à inquiéter.
-Ben, de l’amour quoi, répondit Sam, dont l’esprit était encore un peu embrumé par le sommeil. Comme quand on est amoureux.
-Ainsi que Rosie et toi, par exemple, dit Frodon, dont le ton était singulièrement amer.
-Oh, non, dit Sam, pas avec Rosie. C’est une amourette de jeunesse, une passade. Je l’aime bien, mais ce n’est pas passionné. L’amour ça se vit, intensément, c’est fusionnel, l’union des âmes et des corps, en harmonie, et pas des gnangnateries au clair de lune qui se terminent sous la couette, sans lendemain. L’amour c’est le désir mutuel, mais aussi le respect, et c’est pour ça que si j’étais amoureux de vrai amour, ce serait de quelqu’un qui me comprend, qui serait franc avec moi, et qui me ferait frissonner de désir quand je le vois. Chaque jour est un renouveau, lorsque qu’on aime, et j’admire ce noble sentiment plus que tout.
Frodon, saisi d’admiration devant Sam, dans la bouche duquel pareille tirade était chose rare et surprenante, oublia où il était et pourquoi, ne pensant qu’aux propos de Sam et à l’image brillante qu’ils suscitaient en lui. Malgré cela, il se sentit triste, triste de n’avoir jamais ressenti un tel sentiment, et aigri soudain par l’indifférence amoureuse des autres à son égard (personne ne l’avait jamais vraiment aimé, sa vie affective se limitant à ses connaissances, ses amis, et quelques aventures d’un soir dont il ne gardait qu’un vague souvenir ), il saisit son anneau et le tripota machinalement.
-Mais moi, dit Frodon, personne ne m’a jamais aimé de la sorte.
-Qu’en savez-vous ? lui répondit Sam avec véhémence et espoir.
Frodon regarda son ami, mais ne se rendit compte de rien. Ni de l’air humble de Sam, ni de son sourire chaleureux, ni de son regard passionné et explicite. Non. Seul l’anneau le préoccupait : comment bien le saisir, le faire tourner, le caresser du bout du doigt, sentir sa lisse froideur contre sa paume.
-Et je n’aime personne. La licorne a dû se tromper. Dit-il, les yeux rivés sur la bague maudite.
Sam, voyant cela et entendant ce qu’il avait dit, se sentit blessé profondément en son cœur, et, trahi par ses sentiments et aveuglé par le désespoir, dit :
-Oh mais si, vous aimez, vous aimez votre satané anneau, vous l’aimez de tout votre cœur, qui est aussi froid que le métal de cet anneau.
Frodon, énervé par cette interruption, lui répondit :
-Oh, espèce d’imbécile, reste dans ta médiocrité au lieu d’insulter mon trésor. Pauvre précieux. Et toi, tu ne seras jamais qu’un pauvre gars qui trotte derrière moi, sans intérêt.
Sam, dont la gorge s’était nouée, murmura, dégoûté :
-Ca y est, il vous tient. Vous êtes devenu le jouet de cet abominable objet.
-Je t’interdis de dire du mal de mon joyau, de mon précieux !! Hurla Frodon, fou de rage, qui envoya à Sam un violent coup de coude dans le flanc. Ce dernier, encore souffrant de sa blessure à peine refermée, cria de douleur, puis, plus affolé que vindicatif, sauta sur Frodon pour tenter de lui arracher l’anneau. Frodon le repoussa violemment avant de se jeter sur lui, les mains enserrées autour de sa gorge.
-Tu voulais me le voler, hein, sale gros hobbit! Mais bientôt tu ne pourras même plus le voir, dit Frodon, resserrant sa prise sur le cou de Sam.
Des larmes roulèrent le long des joues de Sam, qui, brûlant de souffrance, étouffait. Il plongea son regard dans celui de Frodon, en y mettant tout l’amour qu’il éprouvait pour lui et tout l’espoir que lui permettait son cœur meurtri. Frodon, d’abord insensible, se rendit compte de la supplication de Sam et de l’affection que ce dernier avait pour lui ( qui dépassait largement le stade de l’amitié et du dévouement ), et relâcha sa prise, honteux et confus, comme un enfant qui est dépassé par ce qui l’entoure.
Sam toussa, et lui prit délicatement les mains, qu’il caressa doucement. Frodon fut troublé (agréablement) mais surtout se sentit absurde et manipulé. Il s’écroula sur Sam, qu’il chevauchait toujours, et sanglota.
Frodon avait l’impression d’être au bord d’un précipice. Le vent le poussait dedans, il avait la force de le franchir, mais encore fallait-il qu’il y arrive-et qu’il le veuille. Sam se tenait de l’autre côté du gouffre, lui tendait une main, certes pas d’une puissance inouïe, mais qui par son courage et son amour pourrait l’aider dans sa quête de damné. Lui tendrait-il la main à son tour ?
Après avoir calmé ses pleurs, il se redressa un peu, alla se lover contre l’épaule de Sam, qui lui caressait les cheveux, et lui dit :
-Je suis un misérable Sam, tu me sauves la vie, comme tu l’as déjà maintes fois fait, et voilà comme je te remercie. Sa voix trembla légèrement sur les derniers mots, et il serra Sam dans ses bras pour ne pas fléchir. Celui-ci lui rendit son étreinte.
-Nous sommes quittes, vous m’avez sauvé la vie également tout à l’heure. Et vous savez que je donnerais ma vie pour vous, comme mon cœur qui vous appartiens déjà.
Frodon rougit, se sentit idiot de ne rien dire, mais, au moment où il allait ouvrir la bouche, Sam lui posa un doigt dessus en souriant, préférant profiter en silence de la richesse de l’instant.
Ils restèrent ainsi couchés l’un sur l’autre pendant un bon moment, apaisés. Frodon sentait en lui une évolution, un nouvelle sensation naître au fond de son cœur, un sentiment présent depuis toujours mais qui avait choisi cet instant pour se développer au grand jour. L’amour ? Il ne le savait pas encore. Mais un étau comprimait son cœur, et il prenait conscience de chacun des battements de celui-ci. La proximité, la chaleur de Sam, le poids de sa tête penchée sur la sienne le rendaient tout drôle, infiniment heureux et excité à la fois.
Sam, quant à lui, avait attendu si longtemps de pouvoir enfin faire apparaître ses sentiments. Il était donc soulagé ( l’accueil de la « nouvelle » aurait pu être pire ), mais en même temps il se remémorait toutes les fois où, désemparé, il se désolait de l’attitude de son ami qui ne faisait pas beaucoup cas de lui. Pourtant, jamais il ne s’était découragé ( le temps lui montrerait s’il avait bien fait ), et la pensée qu’un jour cet amour, qu’il devait parfois porter comme un fardeau, un lourd secret gênant ses mouvements, car il ne pouvait se confier à personne, se concrétiserait lui donnait le courage d’espérer. Quelquefois, c’était dur ( il se souvint d’un jour particulièrement pénible : il marchait dans la forêt, quand il s’était arrêté pour contempler le paysage. Une pierre avait retenu son attention : « ce caillou me fit penser à Frodon » se rappela-t-il non sans un sourire ; il avait pleuré bêtement devant cette pierre ). Il rit finalement franchement à ce souvenir tragi-comique. Frodon lui demanda ce qu’il avait.
-Oh, c’est idiot, vous ne pourriez pas comprendre.
-Tout va bien ?, s’inquiéta Frodon, que cette soudaine hilarité rendait perplexe.
-Bien sûr, ne vous inquiétez pas.
Frodon se mordit la lèvre, ouvrit la bouche, se remordit la lèvre. Il avait quelque chose à dire.
Enfin, il se décida à parler :
-Euh, je suis désolé pour ce que je t’ai dit tout à l’heure. Je ne le pensais pas. D’abord, tu n’es pas gros. Ensuite, euh, tu n’es pas qu’un gars qui trotte derrière moi. Tu es presque…ma moitié, en quelque sorte. Mon compagnon dans les aventures de l’existence ( Frodon se sentait d’humeur lyrique ), et puis, tu sais, je t’aime plus que tu ne le penses, euh, et je me sens bien avec toi, et euh, oui, euh donc….
Sam, content, trouva le renversement de situation burlesque : d’habitude, Frodon formulait de jolies phrases et trouvait toujours les bons mots pour s’exprimer alors que lui s’en tenait à des oui, non, ah bon, ah oui, d’un genre un peu godiche. Tandis que là, se tenait devant lui un Frodon tortillant des doigts et bafouillant un mot sur deux.
Mais il ne désirait pas le gêner davantage, et, inspirant doucement comme une chanteuse de blues, se pencha à quelque centimètres du visage de son ami et lui dit, chuchotant presque :
-Ne te sens pas obligé de dire des choses que tu ne ressens pas ou que tu ne peux exprimer. Le simple fait de voir ta poitrine se soulever et retomber, pleine de vie, de sentir ta chaleur me réchauffer le cœur et tes mots caresser mon âme me suffit pour être vivant et heureux. Alors ne te soucie pas de moi, je vais bien tant qu’il en va de même pour toi. Voilà. Et tu sais pourquoi ? Parce que je t’aime.
Sam, pensant se recoucher calmement, s’étendit sur les plumes. Mais c’était sans compter Frodon qui, avec une spontanéité et une sincérité surprenantes, le prit dans ses bras et l’embrassa.
Il sembla à Frodon que c’était comme une terre promise, un juste retour des choses, d’une logique et d’un naturel évidents que de joindre ses lèvres aux siennes. Il ne peut en être autrement d’un échange si doux et si fougueux, d’un geste aussi passionné qu’il est sincère. Frodon sentait sous les lèvres de son ami une ivresse plus profonde, quelque chose de plus intense, un désir plus fort. Lui-aussi d’ailleurs commençait à se sentir échauffé par ces caresses de plus en plus audacieuses. Mais le moment n’était pas venu pour aller jusqu’où leur ardeur les pousserait.
Sam pensait la même chose, et dut faire un effort immense de maîtrise pour calmer sa ferveur-il goûtait enfin à ce fruit tant convoité, circonstance douce et merveilleuse dont il fallait pourtant un peu retarder l’apothéose, si suite il y avait. La nuit et ses ténèbres ont tendance à amoindrir l’importance des actes et leurs conséquences, quelle serait donc la réaction de Frodon le lendemain matin ? Il n’était pas sûr qu’elle soit agréable, aussi belle fût la nuit. Non, il valait mieux ralentir, au risque de n’avoir que ces baisers. C’était ça, ou risquer de perdre jusqu’à son amitié en voulant satisfaire ses envies trop vite ( Frodon aurait sûrement du mal à accepter cette situation, il valait mieux ne pas le brusquer ). Et il l’aimait trop pour ne plus pouvoir lui parler avec sincérité ou instaurer une gêne entre eux, seulement parce qu’il aurait voulu profiter de ce climat intimiste.
Résolu mais à regret, Sam mit sa tête sur le torse de son « amant » d’une nuit ( ou plus ? ) et ferma les yeux.

Au petit matin, ils se réveillèrent main dans la main.

Les Falaises de Roch-Lâmon

Ce matin-là, les deux hobbits parlèrent peu. Comme l’avait prédit Sam, Frodon s’était montré taciturne. Tandis qu’ils faisaient leurs sacs-ils avaient trouvé des provisions déposées dans le nid, dont des pains lembas, enrobées dans de petits paquets qui leur firent office de sacs, et des couvertures - à l’aube, Sam lui avait simplement demandé s’il avait passé une bonne nuit, et Frodon s’était retourné pour lui répondre. En le voyant Sam, il s’était troublé puis renfrogné, et avait répondu qu’il n’avait pas assez dormi à son goût, avant de replonger dans son sac. Sam s’était senti blessé, même s’il s’était préparé à une telle attitude. Frodon était sans doute perturbé – ce genre de « problème » prenait certainement Frodon au dépourvu, Sam le connaissait bien, et il n’avait jamais été confronté, selon ses dires, à telle situation. Il se sentait donc frustré de ne pas savoir comment si prendre, et surtout jaloux de Sam, qui prenait cela avec naturel.
Sam soupira. Il observa Frodon, qui regardait droit devant lui, le regard perdu dans le vague. Il réfléchissait à la discussion qu’il avait eue hier avec Sam, et à ce qui s’en était suivi. Il savait qu’en refusant d’en parler avec Sam, et en faisant mine de nier l’affaire, il donnait sans doute à celui-ci une douloureuse incertitude, peut-être même des remords, mais il était encore surpris de ce qui lui était arrivé, et, si hier soir il s’était endormi paisiblement, aujourd’hui tout le poids de ses responsabilités semblait lui être tombé dessus et peser aussi lourd que l’anneau à son cou. Même s’il comprenait que leur voyage et ses circonstances malheureuses avaient été propices à leur rapprochement et surtout à leur franchise mutuelle – enfin, du moins en ce qui concernait Sam - , il trouvait que le moment était mal choisi. En tout cas, il avait besoin de temps.

Un caressant soleil de fin d’après-midi baignait leur pas de sa douce lumière quand ils parvinrent au commencement d’une partie escarpée de leur voyage : les falaises de Roch-Lâmon. L’endroit, haut et dangereux, était une suite de pics rocheux acérés, véritables dents de monstre sorties de terre pour dévorer le ciel. La distance entre les roches, déchiquetées par l’usure du temps et des intempéries, était parfois considérable, et la profondeur étourdissante, aussi fallait-il passer ces falaises en descendant précautionneusement chaque côté pour le remonter ensuite sur le rocher suivant. Cette escalade en dents de scie ne paraissait pas être de tout repos et, agrémentée de vent et d’une flore inquiétante ( de petits arbustes, grisâtres mais vigoureux, étalaient leurs feuilles aux épines rouges et longues au sommet des pics ), risquait de fatiguer les hobbits et surtout de les ralentir. Malheureusement, il n’y avait pas d’autre chemin praticable : à l’est se trouvaient bien les plaines du Daliénor, mais la perspective de passer quelques jours et nuits dans un gigantesque « purgatoire »ne les avait guère enchantés - ce lieu servait en fait de prison à des orques que l’on avait attrapés et voulu utiliser comme main d’œuvre au lieu de les tuer. Après des années de services rendus, on les libérait. ( ce qui ne les empêchait pas de renouveler leurs attaques, mais l’endroit était dirigé par une sorte d’illuminé qui avait peut-être mal tourné depuis le début de cette histoire, aussi valait-il mieux éviter tout passage par ses plaines ).
Sam entama son ascension. Les cailloux étaient escarpés et rentraient leurs appendices acérés dans ses pieds, pourtant endurcis, de hobbit.
- Faites attention, dit-il à Frodon, ( il ne s’était pas senti invité à le tutoyer à nouveau ), c’est assez douloureux. Posez bien le pied à plat sur le côté et ça ira mieux.
-Je sais ce que j’ai à faire, merci, répondit Frodon, prenant un air pincé sans savoir pourquoi. Ce disant, il commença à grimper. Son pied, mal assuré, et ses mouvements, gênés par ce qu’il avait répondu à Sam, le firent glisser le long de la pierre et il s’étala. Sam, humble, lui tendit la main sans rien dire ni sans aucun air vainqueur. Frodon, irrité par sa chute, repoussa sa main, voulut se relever seul et retomba, entraîné par le poids de son sac. Sam éclata de rire.
-Ne faites pas l’antipathique comme ça, monsieur Frodon, ça ne vous va pas, lui dit-il.
Frodon, tout prêt d’abord à répliquer quelque raillerie, se rendit compte de sa bêtise et de sa puérilité et tendit la main à Sam en disant :
-Excuse-moi, et accepte ma main qui t’appelle à l’aide. N’y va pas trop vite, je pourrais tomber. Mais laisse-moi juste me relever et poursuivre ma route, chaque moment viendra à temps.
Sam comprit le sens, double, des paroles, et releva Frodon. Il était soulagé mais aurait aimé pouvoir lui parler. Attendre était profitable à l’un, qui avait bien besoin d’une remise en question, mais terrible pour l’autre, frustré et désabusé. Ils continuèrent néanmoins leur montée sans se parler.

Je les vois. Ils grimpent. Ils s’aident mais ne se parlent pas. Le maître est troublé, ses gestes sont indécis. Mais l’autre, le gros hobbit, il observe tout ce qu’il fait, il veille au grain.
Oh, précieux, nous allons te retrouver. Il ne faut pas laisser le gros corrompre le cœur et l’esprit du hobbit. Non, précieux, il ne faut pas.
Mais le maître va souffrir, si nous faisons cela. Il va être triste.
Nous ne nous préoccupons pas de cela. Nous nous occupons du précieux. Suivons-les.

Le ciel s’était dangereusement assombri. De gros nuages gris s’amoncelaient en un gigantesque bouquet velouté. Sam et Frodon hâtèrent le pas, désireux de ne pas traverser tous ces rochers sous une pluie battante, ou pris dans un orage. Frodon avait aperçu, lorsqu’ils étaient au sommet d’un de ces pics aux contours violents, une cavité dans la roche qui pourrait leur servir d’abri. Ils l’avaient presque atteint, comme la nuit semblait sur le point de tomber ainsi que le ciel de se vider, et ils décidèrent qu’ils s’y arrêteraient pour dormir, si quelque créature innommable n’y avait refuge.
La tête de Sam le faisait souffrir, et il avait l’impression que des milliers d’insectes aux multiples pattes griffues lui parcouraient le cerveau, glissant et raclant leurs corps visqueux sous son crâne. De plus, il se sentait oppressé ( ces rochers l’angoissaient assez, et la perspective d’une froide pluie ne le réconfortait pas ) et son cœur paraissait étouffer, meurtri par la froideur de Frodon. Il soupira.
Frodon, même si aux yeux de Sam il se montrait indifférent, était soumis à une certaine agitation mentale. Des questions jaillissaient de son esprit, parfois si vite qu’il pouvait à peine les percevoir, parfois si récurrentes qu’elles ne lui laissaient aucun répit. Il éprouvait des sentiments qu’il voulait refouler, mais n’y parvenait pas, et se sentait très mal à l’aise. Plusieurs fois il voulut en parler à Sam, mais il ne se sentit pas prêt à une telle discussion. Il fit tout de même un effort pour sourire à son ami.
-J’espère que la pluie ne nous tombera pas dessus. Tu m’as l’air souffrant, et je ne voudrais pas que tu tombes malade, dit-il à Sam.
-Oh, ça va, je me porte bien, mentit Sam, réchauffé par le sourire de Frodon, qui fut pour lui comme un rayon de lumière dans les ténèbres poisseuses de son esprit. Il lui sourit en retour.
Frodon ressentit une vague de chaleur douce lui parcourir le corps ( plus le cœur qu’ailleurs, ne vous méprenez pas ). Peut-être n’était-il pas à l’aise, mais au moins était-il soulagé : la gêne ne s’était pas installée entre eux. Pourquoi aurait-ce été le cas, au fond ? Frodon aimait Sam autant que celui-ci le voulait. Mais ça, Frodon ne se l’avouait pas encore.
Un coup de tonnerre éclata. Frodon frissonna. L’orage était presque sur eux.
Le soleil – qu’ils n’avaient d’ailleurs pas beaucoup vu – s’était couché lorsqu’ils arrivèrent à la petite grotte. Sam poussa un soupir de soulagement long et bruyant, trop heureux de pouvoir enfin reposer ses pieds douloureux, maltraités par l’âpreté et le relief accidenté des pierres. La caverne, sorte de creux dans le rocher, semblait inhabitée. Ils l’explorèrent vite ( elle n’était pas fort grande ) et, rassurés sur sa totale vacuité, se laissèrent tomber sur le sol froid et lisse ( ce qui était pour leurs pieds un apaisement certain ) avec leurs maigres paquets.
- Vous avez faim ? demande Sam après un moment. Je crois qu’il me reste plus de lembas qu’à vous. Il tendit trois pains lembas à Frodon, qui les prit d’un air sceptique.
-Comment cela est-il possible ? On en avait la même quantité au départ.
-Ben, euh, j’avais pas très faim, hier, et ce matin, euh, non plus. Alors je me suis dit : « Sam, il faut faire des provisions. Mais tu es bien nourri. Oh oui. Monsieur Frodon a besoin de prendre des forces, lui. Garde tes lembas pour….
-Sam !
-…lui donner, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver, et on n’a jamais trop à manger, comme disait l’ancien, et…
-Sam ! Ecoute-moi !
-…marcher ça donne faim et Monsieur Frodon… »
Le monsieur Frodon en question jeta son sac à la tête de Sam, qui se tut sous le choc.
-N’essaie pas de m’avoir avec tes phrases longues et laborieuses pour me faire oublier le fait en lui-même, dit Frodon. Tu ne m’auras pas. Sam ! Je veux bien que tu me protèges ( et surtout je n’ai pas le choix ) mais de là à te priver de nourriture pour que j’en aie plus ! Toi, pas faim ? Sam, tu es un hobbit, et non des moindres, et il ne figure pas dans nos traits de caractère la possibilité de ne pas avoir faim ! Je ne peux accepter.
-Prenez-les, car de toute façon je ne les mangerai pas.
L’air de Sam était sérieux et sans réplique. Frodon mangea un demi pain, et rangea le reste de mauvaise grâce. Il était contrarié. Sam avec ses sacrifices se donnait le beau rôle.
-Sois un peu raisonnable, dit-il à celui-ci. Tu ne gagnes rien de moi en faisant ce que tu fais. Et j’en ai marre de passer pour l’insensible.
-Ça, c’est pas difficile, pour sûr, dit Sam, vexé.
-Tu ne vas pas m’en vouloir encore pour cette histoire de euh,…enfin bon, tu sais que j’ai besoin de temps. Si tu es si impatient, je n’y peux rien.
-Impatient ? Depuis combien de temps déjà je m’évertue à vous expliquer ce que je ressens ! Et puis c’est pas moi qui ai tant pris les devants, finalement !
Cette remarque eut le don de faire se rendre compte à Frodon de ce qui était réellement entre eux. Son teint passa du rouge au blanc, puis au vert, pour s’arrêter sur le violet dubitatif et incrédule. Il ne pouvait, lui, être amoureux ! Et encore moins de Sam Gamegie ! Non, ce genre de choses, ce n’était pas pour lui, d’ailleurs ce n’était pour personne.
-Mais Sam, je ne suis pas comme ça, moi ! J’ai agi sous l’impulsion du moment, c’est tout. Mais moi, amoureux, de toi encore bien, ça frôle l’absurdité ! Ce ne serait pas normal, pas...réglementaire.
-Mais on s’en fout ! L’amour ne s’occupe pas de telles considérations. Il est universel et naturel, et tout ce qu’il inspire l’est aussi.
-Je n’ai jamais connu de gens qui se libéraient des qu’en dira-t-on avec tant de facilité, et qui ne se souciaient pas de ce qu’on penserait d’eux.
-Partout ! Tous nos amis s’en fichent, dit Sam, moitié riant, moitié énervé.
-Tu crois ça ! Dans la Comté, je n’ai jamais vu de hobbit afficher pleinement ses sentiments, surtout s’ils sont de la sorte. Et dans notre communauté..
-Parlons-en, de la communauté. Vous n’avez rien vu ? Et Merry et Pippin qui passaient leur temps ensemble, à se regarder, à en trébucher, et à profiter du moindre recoin sombre pour se livrer à je ne sais quoi de pas « réglementaire », comme vous dites.
Frodon repassa alors du violet au vert pour atteindre le jaune. Ses yeux, ronds et humides, ressemblaient à des oignons confits et sa bouche aurait pu accueillir un Boeing si les avions avaient existé en ce temps-là.
-Merry et Pippin ! Mais je n’avais jamais….Mais tu fabules ! Ou vas-tu chercher cela ?
-Je fabules ? Mais c’est flagrant ! Complètement flagrant, monsieur Frodon ! répondit Sam, que l’hilarité faisait presque hoqueter. Et vous ne voyez rien ! Il doit rendre aveugle, cet anneau ! A Fondcombe Gimli n’osait plus se balader à l’intérieur de peur de tomber sur eux en situation gênante ! Sur ce, Sam éclata de rire.
Mais Frodon ne voulait pas rire du tout. Il était bouleversé. Des amis qu’ils croyaient connaître aussi bien que Cul-de-sac ! Tout le monde devait être au courant sauf lui. Peut-être Sam le faisait-il marcher, se dit-il au début ; mais avec le recul, et la réflexion, il s’avoua qu’il ne pouvait en être autrement dans la proximité extrême où se trouvaient les deux hobbits. Il bafouilla :
-Ce n’est pas possible…Ils sont amis depuis toujours, et….les hobbits n’ont pas ce genre d’envie.
- N’essayez pas de vous raccrocher à des bribes de croyance idiote. Merry et Pippin, faites-moi confiance, ils ne perdent pas leur temps.
Frodon était dépassé. Sam avait retrouvé une bonne humeur depuis longtemps perdue.
-Ah, l’amour c’est beau tout de même. Parfois, il traverse les âges, les peuples, et nous réunit tous sous son aile : hobbits, elfes, nains, hommes,…
-Oui, dit Frodon, perdu dans ce qui lui semblait être un rêve brumeux, dans lequel il assistait impuissant à une histoire dingue et insensée qui ne serait pas la sienne. Oui, c’est vrai, poursuivit Frodon. Regarde Aragorn qui paraît épris d’Arwen. Pourtant, entre un elfe et un homme…
-Arwen ! Mais non, il s’en fout de cette poufiasse. Par contre, c’est bien avec un elfe qu’il est lié…Legolas et lui se connaissaient avant le Conseil d’Elrond. Ils se connaissaient bien. Et encore aujourd’hui, vu les petits regards qu’ils se jettent çà et là…
Frodon était au comble de la surprise. On lui aurait annoncé que les uruk-hai étaient affectueux et que Gollum était un croisement entre un champignon et une libellule qu’il n’aurait pas été surpris outre mesure. Il avait troqué son air ébahi contre une mine dégoûtée vaguement sensuelle – qu’il prenait d’ordinaire à l’approche des nazgûl. En un effort visible et surtout fatigant, il ouvrit la bouche et articula :
-Sam, tu divagues. Legolas est un garçon sérieux. Je ne vois pas comment…
-Et moi je ne vois pas ce que cela empêche ! Boromir, par exemple, tournait autour de Legolas, que ça ne dérangeait pas – il voulait faire mousser Aragorn – et Aragorn, justement, il était pas content, monsieur Frodon, pas du tout. Car Legolas, il y allait pas avec le dos de la cuiller, pour Boromir ! Ils en faisaient des choses !
-Tu ne vas me dire que Gimli aussi s’y mettait avec Gandalf, tant que t’y es ? demanda Frodon, complètement largué.
-Vous n’êtes pas loin, répondit Sam. Vous vous souvenez des longues promenades que Gimli faisait avec Legolas ? On trouvait ça louche. Eh bien….
Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Les pièces d’un puzzle depuis longtemps commencé s’assemblaient trop vite pour Frodon, lui fournissant les réponses à des questions qu’il ne s’était même pas posé ouvertement, trop vite pour qu’il pût assimiler les informations et réaliser ce qu’elles impliquaient. Tout son petit monde, pourtant déjà chamboulé, lui apparaissait sous un jour nouveau, comme révélé, comme si il n’avait jamais connu la vérité, comme un gosse qui découvre la vie adulte. Il se leva, fébrile et maladroit.
-Je dois prendre l’air, dit-il. Je me sens mal. C’est trop en une fois, Sam. Je vais me noyer la tête, sinon je vais craquer.
Il sortit donc, sous la pluie battante. Sam vit sa silhouette s’éloigner, et il lui sembla alors voir un très vieil homme, courbé par le poids des ans et leurs coups durs, fatigué par l’existence et ses besoins souvent trop lourds pour ses épaules. Il partit le rejoindre.
-Monsieur Frodon, ce n’est pas sérieux. Vous allez être trempé, et puis malade.
Frodon se retourna lentement. Il avait l’air d’un chien battu. Sam sentit son cœur se gonfler de remord : il accablait un Frodon déjà tourmenté par sa quête et malmené par tous ses compagnons. Malgré tout, il l’aimait trop pour lui faire du mal – il aurait arraché son cœur de sa poitrine, palpitant et distillant son liquide vital, pour le lui donner, si Frodon en avait voulu, quitte à cracher ses boyaux et à mourir ensuite à ses pieds.
Frodon continua à avancer, à reculons, vers le bord de la falaise.
-J’en ai marre Sam, tout va de travers, dit-il. Je voudrais tant voler par-dessus toutes ces montagnes et ces arbres, me fondre dans les nuages et fermer les yeux en paix, sans me demander quelle nouvelle aube sanglante, quel nouveau malheur m’attendront quand je les rouvrirai. En paix.
Sam vit le pied de Frodon glisser sur une pierre. Comme au ralenti, un terrible ralenti, Frodon se renversa en arrière et tomba. Il regarda Sam, d’un regard las et désespéré, et ferma les yeux. Sam bondit en avant et attrapa la main de Frodon au moment où celui-ci chutait. Son corps racla contre la roche. Sam se mit à plat ventre et saisit l’autre main de son maître. Ils restèrent ainsi, accrochés l’un à l’autre comme deux homards, yeux dans les yeux. jusqu’à ce que des tiraillements dans leurs bras les inquiétassent. Sam releva Frodon.
Une fois à l’abri, Sam sortit sa fine couverture et entoura Frodon. Ils se blottirent l’un contre l’autre, grelottant dans leurs vêtements mouillés qui plaquaient leur peau. Finalement, ils reculèrent au fond de la grotte et allumèrent un petit feu. Les vêtements séchèrent alors très vite. Sam regarda Frodon. Les flammes dansaient sur son visage, sculptaient dans la chair des figures sombres et brillantes, démons fous ou anges lisses. Ses cheveux bruns touchaient presque ses épaules, et contrastaient avec la pâleur fraîche et laiteuse de sa mine. Ses grands yeux d’un bleu lumineux ouvraient deux fenêtres sur un ciel d’été après l’orage, quand les nuages découvrent la couleur avec une intensité accrue par la récente pluie. Frodon avait en fait de très grands yeux. Parfois, ils semblaient sur le point de tomber et quand il était petit, ses camarades l’appelaient « tête de grenouille » ( mais peut-être étaient-ils jaloux ? ). Sam, en ce qui le concernait, était toujours fasciné par l’éclat d’aigue-marine de ces yeux, qui pouvaient l’hypnotiser et lui faire oublier tout le décor environnant. Il se pencha en avant, et la lueur du brasier donna à ses traits un air inquiétant.
-Mon beau Frodon, je suis désolé d’avoir fait subir toutes ces révélations à ton cœur assombri déjà par tant de malheurs. Puisses-tu un jour pardonner mon audace que d’avoir voulu prétendre à une affection que je ne méritais pas. Oublie ce que je t’ai dit, et reprends espoir, je serai toujours avec toi, même si je ne peux rien faire d’autre.
-Il n’y a rien à pardonner. Je ne suis qu’un pauvre coincé qui se croit encore en sécurité dans ses idées de toujours. J’ai besoin de toi, Sam, et je devrais essayer de te mériter toi un peu mieux que ça.
Il vint s’asseoir tout près de Sam et se mit à chanter :
Tard le soir quand Aldénir veille, la plus brillante des étoiles
Et que la nuit a étendu son manteau et ses veloutés voiles
Une barque sur le lac lentement glisse
Trouble les eaux belles et lisses
Le lune doucement éclaire les compagnons
Qui s’étreignent avec mélancolie dans cette embarcation
Deux êtres éperdus s’aiment
Mais le sort et ses tristes soldats en a décidé pour eux
Tant d’amour devenu haine
Ils errent, incompris, depuis ces tristes jours
Où la guerre, la colère ont brisé leur amour
Mais on dit que le soir une barque flotte
Et leurs silhouettes floues traversent la nuit
Et la barque lentement glisse
Trouble les eaux belles et lisses.
Sam connaissait cette triste chanson. Une belle chanson elfique, sur deux amants maudits, que chantait autrefois Bilbon au coin du feu. Cette image évoqua en lui une nostalgie incontrôlable, et une furieuse mélancolie, un sentiment d’injustice. Il sentit en son cœur une mer s’agiter. Il avait mal, mal d’un amour trop grand pour lui, trop violent pour son corps paisible. Une rage de vivre lui monta doucement dans les membres, réchauffant sa peau et réveillant son esprit. Il voulait crier, se débattre, et emporter Frodon serré contre lui dans les ténèbres de la nuit. Il devait l’emmener, il l’aimait ! Frodon devait être à lui, en lui, être lui.
Il saisit le bras de son ami, et le ramena vivement contre lui. Celui-ci se laissa faire. Il se sentait étrangement bien, comme si tous les dangers n’étaient que broutilles, quand ils étaient ensemble. Le monde pouvait éclater, l’anneau le brûler, Sauron venir à lui et le menacer, qu’il n’en aurait que faire. Pourquoi s’en faire ? Tout semblait si doux, si fort, dans cette grotte froide et sale.
Sam commençait à perdre la tête. Cette rage contenue était la frustration qu’il avait amassée depuis tant de temps, et canalisé dans tout ce qu’il pouvait : les plantes, la cuisine, le jardinage, la vigilance, la protection de son maître. Mais il était si fatigué de résister et de lutter contre la colère qui grandissait en lui. Trop fatigué, beaucoup trop.
Il tira sur la chemise de Frodon, tira comme un enfant se raccroche à la jupe de sa mère, parfois avec tant de force qu’il la fait tomber. Il déchira la manche, mais ne s’en rendit pas compte. Tout ce qui comptait était de faire sortir son amour, de le hurler, de le jeter à la figure de son générateur, et pouvoir ainsi le revendiquer comme tel, en toute honnêteté. Il prit l’autre bras de Frodon, qui paraissait groggy, et le secoua. Il fallait qu’il l’écoute, qu’il respecte ce qu’il avait à dire. Il voulut se calmer un peu, mais il n’en était pas capable ; il était dépassé par sa propre violence, comme une digue submergée par une vague.
- Frodon, Frodon, tu dois m’écouter ! Tu ne peux pas me comprendre, tu ne peux pas, cria Sam, dont la voix « partait » un peu.
-Sam, ne me condamne pas si vite. Laisse-moi respirer, laisse-moi réfléchir !
Sam pleurait, et lacérait la chemise de Frodon, en grognant et en secouant la tête comme pour dire « non », comme quand on se sent impuissant et dépassé dans une situation où on ne peut rien faire, où le destin passe inexorablement sa main vigoureuse sur la page de notre existence, sachant qu’il ne peut faire changer les gens d’avis selon notre gré.
-Tu sais ce que je ressens ? Non, tu ne sais pas, tu ne veux pas savoir. Mais moi je veux que tu saches, que tu voies, que tu sentes, que tu entendes, que tu touches le feu qui m’attise, car c’est à cause de toi que je me consume un peu plus chaque jour.
Sam, dans un geste fougueux, déchira ce qu’il restait de la malheureuse chemise de son maître, qui pendait à présent pauvrement en lambeaux sur ses épaules. La force de Sam l’avait secoué, impressionné, et surtout éveillé à une réalité dont la dureté le révoltait : ils étaient coincés dans ces satanées montagnes et allaient tout droit à leur mort pendant que d’autres passaient du bon temps. Cette pensée l’indigna, et il éprouva lui aussi un violent besoin de déchirer, de broyer. Il commença lui-aussi à déchiqueter la chemise de Sam.
-C’est incroyable ! Toute ma bête petite vie j’ai imaginé être quelqu’un, et j’ai voulu partir pour la gloire, comme Bilbon. Et où suis-je à présent ? Le jouet de personnes dont les intérêts me dépassent, je suis au centre d’une partie trop importante, où les enjeux me dominent sans que je les comprenne, dont je ne vois pas l’intérêt, et dont le résultat sera de toute façon mauvais pour quelqu’un, s’il en est bon pour d’autres. Oui, la victoire ne peut se faire qu’aux dépens de quelqu’un, et ce quelqu’un c’est moi !
Frodon s’effondra dans les bras de Sam, qui était sanguinolent. Frodon lui avait non seulement déchiré la blouse, mais aussi écorché les bras et le torse, et quand Frodon tomba contre lui, il ne put réprimer un cri de douleur. Il retomba de sa folie pour se rendre compte qu’il avait très mal et qu’il devait soigner sa blessure. Frodon était bizarrement serein, comme la mer après la tempête. Finalement, il se redressa, et ils se regardèrent : deux fous en lambeaux de vêtement, l’un griffé, l’autre blême. Ils éclatèrent d’un rire nerveux.
-Je vois où cela nous mène, monsieur Frodon. L’anneau nous travaille tous les deux, je crois bien, et on finira là en-bas si nous ne faisons pas attention.
Sam se pencha en avant et alla déposer un baiser dans le cou de Frodon.

Danse avec les gniours
Ils ont l’air fou. Ils se sont battus, je crois.
Bonne nouvelle, précieux, bonne nouvelle. Tu as commencé à te venger. Bientôt nous t’aurons retrouvé.
Maintenant ils se serrent dans les bras l’un de l’autre. C’est encore plus bizarre. Le Maître caresse l’autre, il tamponne, nous ne savons pas ce qu’il fait. Il est devenu fou.
Fous, les sales voleurs le sont ! Ils nous ont volé le précieux. Sales, fourbes hobbits. Fous, ils sont.
Mais il déchire encore sa chemise ! Nous ne comprenons pas le maître. Le gros hobbit a l’air étrange, il est content. Ils sont sales. Sales comme le pauvre bon Smeagol. Allons-nous nous montrer ?
Il ne faut pas ! Gollum, Gollum ! Les hobbits sont faux, nous ne les aimons pas. Guettons-les, le moment viendra, mon précieux.

Frodon, qui se sentait très fatigué, tenait les mains de Sam d’un air pensif. Il était triste, mais pas incommodé, comme si son chagrin, d’abord violent, s’était mué en une douce amertume presque acceptée, presque bénéfique, dans tous les cas apaisante. Il était perdu, ne savait que faire. Il aimait Sam, mais il ne pouvait se résoudre à accepter ce sentiment comme « amoureux », lui qui n’avait jamais éprouvé les joies et les peines de l’Amour. Pourtant, ces petites hésitations, ces battements de cœur soudains, ces sautes d’humeur et sa rêverie ne le trompaient pas. Mais il avait l’impression qu’il trahirait sa mission, s’il laissait ses sentiments se concrétiser. Il trahirait ceux qui la lui avait confiée, s’il se laissait aller de la sorte. Et l’anneau. Oui, l’anneau… il appartenait à l’anneau de décider après tout. Et Sam lui appartenait à lui, porteur de l’anneau. L’amour que Sam concevait pour Frodon donnait à celui-ci des droits sur Sam, car le bonheur de ce dernier dépendait bel et bien de Frodon, non ?
Il prit alors conscience du pouvoir qu’il exerçait sur Sam. Frodon pouvait à sa guise le rendre heureux ou malheureux. En fait il pouvait faire ce qu’il voulait de lui ! Frodon sourit, mais son sourire aurait glacé Sam jusqu’à la moelle s’il l’avait vu.
En tout cas il fallait à présent qu’il soignât son ami, qu’il avait griffé dans son énervement.
Doucement, il retira les morceaux de chemise qui s’accrochaient encore lamentablement au torse de Sam. Il ne regrettait pas vraiment son acte, alors qu’à cause de lui Sam avait souffert. Il se sentit mesquin, mais il ne pouvait le nier : c’était dans la logique des choses si son ami souffrait. « Ne dit-on pas que l’amour fait souffrir ? » se dit-il en guise de réconfort.
Il prit un bout de sa propre chemise, encore humide, et commença à tamponner. Il frottait la peau précautionneusement, presque avec tendresse, si bien que bientôt tout fut nettoyé. Finalement, ce n’était pas grand’ chose et le sang ne coulait pas des griffures, superficielles. Il continua néanmoins à caresser, mû par une sorte de volonté inconsciente, comme s’il effaçait par là son acte. D’un autre côté, ce n’était guère déplaisant, et cela lui évoquait des images et des sensations lointaines mais agréables, et qui avaient un charme nouveau, non sans être tout à fait inconnues. Qu’était-ce ? Il ne pouvait le dire, mais il sentit qu’une certaine évolution s’était produite, et que le jeu qu’il s’apprêtait à jouer était dangereux.
-S’il vous plaît, vous voulez bien arrêter ? C’est de la torture, là, dit Sam, dont les yeux se voilaient d’un éclat sombre et implorant, comme un animal traqué qui sent le chasseur retenir son doigt sur la gâchette de son fusil, savourant sa victoire et soumettant sa proie à un bien cruel faux espoir.
Frodon retint lui aussi son geste, mais pas son regard. Sam soupira longuement et ferma les yeux. « S’il vous plaît », répéta-t-il.
-De la torture, maintenant ? Je te soigne, j’essaie de me racheter à tes yeux, et tu me blesses ? répondit Frodon. Je peux encore te toucher, non ? Tu me demandes de comprendre ce que tu ressens, eh bien j’essaie. Je sais ce que tu veux, et tu ne désires plus passer pour la victime. Alors je prend cela avec naturel. Je ne suis pas concerné par tes états d’âmes, mais je peux t’aider. Alors ; profites-en. Ça te fait plaisir ?
-Plaisir, c’est sûr. Mais pas à votre goût. Et quand vous en aurez assez, vous me laisserez me tourmenter tout seul dans mon coin. Vous me rendez fou, là, rendez-vous compte ! Ça éveille en moi des désirs que je ne devrais pas ressentir, car je ne pourrais les contenter.
Frodon éclata de rire. Sam s’agita. Frodon tira sur sa chemise et l’enleva ( ce ne fut pas compliqué, il n’en restait pas grand’ chose ). Sam lui jeta un regard d’une perplexité presque comique. Frodon rit à nouveau et s’approcha de Sam, qui recula, méfiant.
-Ah, tu sais plus te contrôler, hein ? On va voir si tu dis vrai…dit Frodon, se rapprochant encore.
-Vous êtes totalement fou, ma parole ! Je vous dis que si vous continuez, dans cinq minutes je ne réponds plus de mes actes ! répondit Sam qui, malgré son bon sens, se laissait petit à petit amadouer par son ami ( Frodon, aussi bizarre et inquiétant fût-il, n’était pas sans charme, et son air menaçant le rendait terriblement sexy – selon l’appréciation de Sam ).
Frodon se vautra sur lui, et lui offrit un large sourire. Il plongea son regard dans le sien. Sam oublia soudain la pluie, le feu, Sauron, la grotte. Tout autour de lui planait une brume ténébreuse, et au centre l’observaient deux yeux, qui lui parurent aussi profonds que ces puits et ces mines noirs qu’ils avaient rencontrés dans la Moria.
Tout à coup, un petit objet froid vint briser son rêve. Il cogna sa poitrine nue et racla sa peau. Un frisson le parcourut, mais pas un de ces frissons qui échauffent. Loin de là. C’était l’anneau.
Sam reprit ses esprits et repoussa un peu Frodon. Il prit l’anneau entre ses doigts et le souleva à hauteur des yeux de son maître. Celui-ci sursauta, le prit dans ses doigts et finalement rit. Il rit d’un rire sain, frais, sincère, qui se brisait comme un verre de cristal et éparpillait ses éclats un peu partout dans la caverne. Sam se sentit grandement soulagé. Frodon était « normal »
-Te rends-tu compte de ce que cet incroyable objet me fait faire ? Encore heureux que je me suis arrêté à temps, Dieu sait ce que j’aurais pu faire…dit Frodon, souriant.
Sam lui rendit son sourire, mais quelque chose en lui, un feu qui courait sous sa peau depuis longtemps allumé s’était attisé, et il regrettait ( un peu grassement, il dut l’admettre ) que « ce que Frodon aurait pu faire » ne fût justement pas arrivé. Une image passa dans son esprit, une image très grivoise, mais il la chassa rapidement – il avait déjà assez sué aujourd’hui.
Ils se sentaient tout deux épuisés, et décidèrent de dormir. Leurs esprits s’étaient fort bien échauffés durant la soirée, et ils méritaient un repos tant physique que mental. Sam trouva une autre chemise ( il espérait que leurs crises de nerfs eussent été aussi brèves qu’exceptionnelles, car c’était sa seule chemise à présent ) et se coucha, après avoir éteint le feu. Frodon vint peu après se coucher auprès de lui. Il flottait sur son visage une expression mi-amusée, mi-contrariée lorsqu’il s’endormit ( il n’avait trouvé comme chemise qu’une blouse verte à pois jaunes ornée de petits volants – les hobbits affectionnaient vert et jaune, mais Frodon ne parvint pas à retrouver dans sa mémoire d’où lui provenait une telle kitscherie). Sam sombra à son tour dans le sommeil, mais sa dernière vision fut celle de deux yeux jaunes dans la nuit, vision qu’il attribua à la fatigue et aux émotions de la journée.

Nous sentons une odeur qui nous inquiète. Une mauvaise odeur. Une odeur d’animal. Les hobbits ne sont plus en sécurité. Oh, c’est dangereux.
Le précieux ne risque rien, et si plus de voleurs, l’anneau nous reviendra.
Mais le maître va s’occuper de Smeagol…si le maître meurt…
…Nous retrouverons notre trésor !

Frodon se réveilla brusquement. Des flammes éclairaient la nuit. Il se leva précipitamment et chercha Sam des yeux. Tout autour de lui, du feu. « Sam ! », cria-t-il, paniqué. Soudain il le vit. Il était couché près de la sortie de la grotte, sa petite épée en main. Frodon courut vers lui, mais les flammes le retenaient de le rejoindre. Il cria encore. Sam ne bougeait pas.
Il scruta l’obscurité rougie, regarda Sam. Ce dernier avait comme une ligne sombre en travers de la gorge. Frodon, d’abord perplexe, comprit alors pourquoi son ami ne lui répondait pas. « Non, je ne veux pas, pas lui, pas ici,… » cria-t-il. Soudain, alors qu’il tentait de trouver un moyen de traverser le rideau incendiaire, un fouet claqua derrière lui. Il se retourna lentement, et vit une des créatures qu’ils haïrait certainement jusqu’à la fin de ses jours : un Balrog. Il pensa à Gandalf, et désespéré, il cria :
-Retourne en enfer, sale monstre. Tu ne mérites même pas la mort… »
Il ne finit pas sa phrase. Le Balrog fit claquer son fouet et saisit sa gorge. Frodon sentit la maléfique corde empoisonnée lui rentrer dans la peau. Il étouffait ! Il voulut se dégager mais le Balrog tira encore et….
-Monsieur Frodon, écoutez-moi. Vous devez vous réveiller. Vous…
Frodon ouvrit les yeux. La vue de Sam apaisa sa peur mais ne desserra pas l’étau autour de son cou.
-Sam, je…je…j’étou...j’étouffe… ! Articula-t-il avec peine.
-Si vous desserriez vos mains autour de votre chaîne je pourrai vous aider, dit Sam.
-Mais la… cor…corde va me…me trancher la g…g…orge si je lâche ! Non, je…
Il fit tout de même un effort pour se relâcher. La pression diminua. Il se détendit complètement. Sam dénoua alors la corde qui avait fait un nœud autour de son cou. Il la retira et la lui rendit. Frodon respira de grandes bouffées d’air en se frottant la gorge, puis regarda ce qu’il tenait entre ses mains. Une chaîne. Qui portait un anneau. L’anneau.
-C’est dingue ! J’ai failli m’étrangler avec cette chaîne. L’anneau m’en veut.
-Vous en veut ?! Il aurait pu vous étrangler ! Encore heureux que je me sois réveillé…
-Par quoi as-tu été réveillé, au fond ? Demanda Frodon, en fronçant les sourcils et tenant toujours l’anneau entre ses doigts.
Sam regarda l’anneau. « Encore », se dit-il. « C’est de plus en plus fréquent. Un jour il va me tuer. Nous tuer. »
-J’ai entendu un bruit dehors. Je ne sais pas ce que c’est. Je me suis levé pour aller voir, mais je n’ai rien vu. En revenant, je vous ai vu vous tortiller. Vous avez crié mon nom. Je me suis approché. Vous marmonniez sur Gandalf, comme souvent la nuit. Et vos mains tiraient sur la chaîne, qui s’était enroulée. Plus vous tiriez, plus cela semblait serrer. J’ai essayé de vous aider mais vous serriez fort. Finalement vous vous êtes réveillé.
-Je parle de Gandalf, la nuit ? demanda pensivement Frodon tandis qu’il repassait sa chaîne.
-Oui. Mais plus calmement ces temps-ci, répondit Sam, c’est pour cela que je me suis inquiété. Et j’ai bien fait.
-J’en parle fort ? insista Frodon. Je veux dire, assez pour te réveiller ?
-Non, parfois vous criez un peu, mais d’habitude vous parlez normalement. Il y a des moments ou vous ne faites que chuchoter.
-Tu ne dors pas beaucoup, dit Frodon.
-Vous non plus. Je l’ai remarqué, répondit Sam.
Ils se turent. Un cri les fit sursauter, suivi d’un grattement régulier.
-C’est le même bruit que tout à l’heure, dit Sam, inquiet. Je vais voir.
-Reste ici. Frodon se leva et mit un doigt sur la bouche de Sam, qui ne répondit pas. Frodon sortit sa tête de la grotte et inspecta les alentours. Il lui sembla discerner des ombres parmi les roches. Des ombres mouvantes. Frodon sentit ses muscles se durcir, et sa volonté s’affirmer. Il porta la main à son épée, qu’il tira un peu hors de son fourreau. La lame ne s’éclairait d’aucun éclat bleu caractéristique. Ils n’avaient donc pas affaire à des orques.
Sam s’était rapproché de Frodon, et regardait par dessus son épaule. Il vit lui aussi les formes noires qui s’avançaient.
-Que fait-on, monsieur Frodon ? chuchota-t-il.
-On est coincés, de toute façon, répondit Frodon. Il nous faut nous préparer à l’attaque…ou la fuite, ajouta-t-il dans un souffle résigné.
Sam dégaina également, et attendit, le souffle lourd, derrière son ami. Frodon sentait la respiration profonde de Sam et eut peur pour lui. Il resserra sa prise sur son épée. « A Elbereth Gilthoniel », murmura-t-il comme une prière. Il s’apprêta à foncer.
Les créatures sombres surgirent alors des ténèbres. Frodon et Sam sortirent en criant de la grotte. Leurs assaillants étaient des gniours, les chiens fous de Mordor. Que faisaient-ils ici ? Avaient-ils été chassés, ou envoyés par Sauron ? Sans chercher de réponses à ces questions, Frodon et Sam frappèrent dans la masse. Les gniours étaient assez affaiblis mais nombreux. Il s’agissait de créatures apparentées à des chiens, mais que l’on avait voulu corrompre à la chair d’orque, il y a bien longtemps. Les chiens du Mordor, déjà féroces et à la mâchoire surdéveloppée, avaient été enfermés dans les catacombes de la fort

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MessagePosté: 14 Juil 2004 08:58 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!!!!!!!!!
:shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock: :shock:

Alors là... Alors LA!!!!

Mon Dieu, sache que j'ai l'habitude d'utiliser ce smiley avec plus que de la parcimonie mais là, je vais m'en fendre de cinq! :frodonsam: :frodonsam: :frodonsam: :frodonsam: :frodonsam:

Mon Dieu! Mais c'est qui cette copine? Faut ABSOLUMENT qu'elle vienne sur le forum!!!

Waaaah mais en lisant le début je me suis demandée si c'était la petite-fille de Tolkien!! Et même si la suite par un peu en live, on ne lui en veut même pas tellement c'est drôle parfois!
MDRRR sur Merry et Pippin. Je ne sais plus dans quelle fic que j'ai lu il y a quelques temps ils avaient aussi le rôle des petits obsédés de services qui profitaient du moindre coin sombre pour s'envoyer au ciel, lol!
Et ne parlons pas du "Samsalace"!!!! Alors déjà que, en passant, j'ai failli être bonne hier soir à cause de cette fic parce que je la lisais à la lampe de poche et que ma mère s'est pointée (heureusement, j'avais éteint en la voyant derrière la porte mais qd même, chuis pas passée loin!), là, j'ai vraiment dû faire des efforts pour me retenir d'éclater de rire!

Par contre, DIS-MOI QU'IL Y A UNE SUITE!!!!

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Le sachet de thé c'est la santé!


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MessagePosté: 14 Juil 2004 09:06 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

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Je vous mets la suite là mais on pouvait pas mettre plus de caractères^^
Y a bcp a lire hein?


Celui-ci avait expérimenté sur eux de nouvelles techniques de combat, particulièrement rudes, et ils étaient devenus plus grands et plus laids que des chiens normaux. Leur pelage était d’une couleur verdâtre, et leurs yeux bleus glacials voyaient moins bien qu’avant, depuis leurs années d’enfermement. Sam frappait à qui mieux mieux, mais se sentait déjà surmené. Frodon faiblissait sous le nombre, de plus en plus grand, de gniours. Finalement, ils battirent en retraite dans la grotte. Paniqués, ils bondirent et se ruèrent dans le fond de la grotte.
-Vite, dit Frodon, trouvons un passage. Il y a peut-être un trou ou une faille dans la roche…
ils étaient acculés. Les gniours se rapprochaient, tout en grognements et en bave. Sam et Frodon tâtonnaient les parois de la caverne avec fébrilité. Soudain, Frodon poussa un cri de joie :
-Par ici, Sam, il y a une fissure. Je pense que nous pourrons passer.
Il tira Sam vers lui et le poussa dans une fissure étroite et sombre. Sam voulut protester, entendant les gniours aboyer de leur voix puissante et effrayante, mais il fut bousculé par Frodon, et tomba de l’autre côté de la paroi, non sans s’érafler les flancs. Il se retourna promptement. Frodon était à moitié engagé dans le trou. Sam le prit par le bras et le tira. Mais soudain Frodon eut un soubresaut et cria. Il fut rejeté en arrière. Sam s’accrocha et le ramena à lui. Ils s’effondrèrent sur le sol humide de la grotte. Un gniour avait mordu Frodon, et du sang coulait de la blessure, située dans le haut de la jambe.
-Vous savez marcher ?, demanda Sam. Il entendait les dents des gniours claquer derrière la fissure. Ils étaient heureusement trop grands pour passer, mais Sam ne voulait pas s’éterniser.
-Je vais essayer.
Il se leva avec une grimace et trébucha. Sam le rattrapa.
-Appuyez-vous sur moi, dit-il. Frodon passa son bras autour de Sam, et ils s’en allèrent aussi vite que possible. Le tunnel était sombre. Ils marchèrent longtemps, presque en courant, avant de s’effondrer près de l’entrée d’une caverne plus grande. Sam était inquiet. Cela faisait un moment qu’il entendait un couinement plaintif courir le long des murs de la galerie. Il n’en parla pas à Frodon, pour ne pas l’inquiéter, mais resta tout de même sur ses gardes.
-Comment ça va ?, demanda-t-il à Frodon.
-Bof, j’ai mal, répondit-il. Cet horrible chien m’a mordu dans l’aine. C’est une chance que je me sois tourné, sinon je pouvais dire adieu à ce que j’ai entre les jambes.
Sam jeta un œil exorbité sur la blessure. Dans le creux de l’aine, une vilaine entaille luisait sombrement dans l’obscurité.
-Il va falloir soigner ça, et vite, dit Sam. Allons nous réfugier dans cette salle.
Ils pénétrèrent dans une vaste grotte, semblable aux mines, sordides et magnifiques à la fois, de la Moria. Au milieu de la caverne, une sorte de bassin recueillait l’eau d’un filet de source qui glissait doucement le long de la paroi.
-On pourra nettoyer la blessure, dit Frodon, que cette perspective n’enchantait guère.
Soudain, le petit jappement que Sam avait entendu se fit entendre distinctement. Il semblait venir de la grotte voisine.
-Je vais voir, dit Sam. Restez couché. Il partit, laissant Frodon se questionner sur la nature de la créature qui jappait. Il inspecta sa blessure. Elle ne paraissait pas trop profonde, mais avec des créatures du royaume de Sauron, l’empoisonnement n’était jamais loin. Il soupira.
Sam entra dans la grotte d’où provenaient le bruit. Il vit un corps poilu allongé sur le sol, et une autre créature penchée dessus. Il s’approcha lentement, mais cogna une petite pierre. La créature accroupie se redressa. Sam vit deux yeux luire. « Gollum », dit-il. Sale fouineur. « Qu’as-tu fait ? »
Sous l’effet de la surprise, Gollum sauta sur le mur à côté de Sam et s’enfuit trop vite pour que Sam puisse seulement le voir déguerpir. « Bah, se dit Sam, de toute façon je dois m’occuper de Frodon. Il reviendra tôt ou tard. Mais je me demande ce que… »
Il s’approcha du corps de l’animal étendu. C’était un gniour. Mort. Sam se penchait sur le cadavre quand il sentit des pattes le pousser par derrière. Il cria.

Le gros nous a vu. Il n’est donc pas mort. Maudit soit-il ! Le Maître n’est pas mort non plus, nous pensons. Et maintenant ils ont vu. Nous devons faire plus attention, à présent.
Sales hobbits ! Les gniours ne sont plus ce qu’ils étaient. Mais ce n’est rien comparé à ce qui les attend encore. Nous attendons notre heure, quand ils dormiront. Et là…
Mais le gros ne dort pas souvent. Il observe l’autre, la nuit. Il le regarde bizarrement. Nous n’aimons pas cela. Il a l’air d’un ange, le maître, et l’autre le regarde avec…avec…amour.
Aaah ! Quelle horreur ! Gollum, Gollum ! Un ange ?! Nous, nous aimons le précieux et rien d’autre. Un ange !!

Frodon entendit Sam parler, puis quelque chose s’enfuir. Il avait mal. Il ne pouvait plier sa jambe gauche. Il essaya de se redresser un peu contre le bord du bassin, mais la douleur le tint cloué contre le mur. Pas moyen de nettoyer sa blessure ( cette eau, aussi sale pouvait-elle être – en fait elle était pure, mais Frodon délirait un peu – valait toujours mieux que la bave putride et venimeuse de gniours ). Il entendit un cri. « Sam », pensa-t-il, craintif.
Sam se retourna. Un petit gniour, frétillant de la queue, lui lança un aboiement suppliant. Le gniour, comme Sam ne bougeait pas, alla lécher le grand gniour mort, puis se coucha au pied de Sam. Ce dernier voulut d’abord le tuer, mais ne put s’y résoudre, saisi de pitié devant le petit animal. Il le prit dans ses bras. Le gniour, tout content, lui lécha le visage. Sam, conquis, fit demi-tour et retourna chez Frodon. En le voyant arriver, Frodon s’agita.
-Sam, tu es fou ! On va se faire dévorer ! dit-il.
-Vous avez vu comme il est mignon, dit Sam, nonobstant la remarque de Frodon. Et il est tout jeune encore.
-Il ne le sera pas éternellement. D’où sort-il ?
-Sa mère – je crois – a été tuée. Il est inoffensif. Et devinez qui est l’auteur de la mort de la mère du petit chien ?
-Toi ? Non, tu ne l’aurais pas tuée comme ça.
-Gollum, monsieur. Je l’ai vu. Mais il s’est enfui.
-Gollum ! Il nous suit encore, alors. Il réapparaîtra sûrement. Il faudra que nous soyons prudents.
-En attendant, laissez-moi vous hisser pour nettoyer votre plaie.
Sam déposa le gniour, qui s’assit dans un coin. Il souleva Frodon et l’installa sur le rebord du bassin. Une clarté, qui semblait venir de la roche même, éclairait l’eau et reflétait dans son onde calme son éclat pâle. « Je me demande d’où vient cette lueur », pensa Frodon. Il grimaça encore. Il avait de plus en plus mal. Sam inspecta la blessure.
-Il y a des bouts de tissus dans la plaie. Il va falloir enlever votre pantalon.
Frodon devint rouge. Il n’était pas spécialement prude ( les hobbits se baignaient souvent en communauté ) mais depuis toutes ces histoires, il se sentait gêné devant son ami.
-Je peux m’en occuper, dit-il. Il fit mine de se plier pour atteindre la blessure, mais il ne le put, chaque mouvement tiraillait sa peau d’une manière atroce. Il retomba, vaincu. « Quel endroit débile pour se blesser ! Cela n’arrive qu’à moi. » songea-t-il.
Sam entreprit de lui ôter son pantalon. Ce n’était pas simple. L’étoffe était prise dans la blessure, et il fallait tirer tout doucement. Il réussit à enlever la jambe droite du pantalon sans trop de difficulté, mais ne put retirer la gauche qu’avec une infinie précaution. D’ailleurs, il tremblait un peu et ses gestes restaient hésitants. Et pour cause : la morsure s’étendait dans l’aine, en haut de la cuisse, et s’ouvrait donc également le long d’un endroit où Sam n’avait pas ( malheureusement ) l’habitude de chipoter. Il devait prendre appui sur les côtés afin de tirer le tissu, mais ne voulait pas s’appuyer sur la partie la plus intime de son maître.
Frodon souffrait de ce textile emmêlé dans sa plaie, et il vit que Sam était gêné. Il comprenait bien pourquoi.
-Vas-y, ne t’en fais pas. Je ne t’en voudrai pas. De toute façon il faudra qu’on l’enlève. Je serrai les dents, dit Frodon en rigolant à moitié.
-Oui, mais…en fait…euh….il y a un autre problème. C’est que…ça me donne chaud, on va dire. Vous saisissez ?
Frodon resta un moment perplexe, puis porta sa main à sa bouche pour s’empêcher de rire. Il avait compris, et il trouvait cela en somme assez drôle. Sam sourit, et, profitant de la détente de son ami pour se faufiler aux côtés de la plaie et tira d’un coup sec. Frodon cria de douleur puis traita Sam de tous les noms :
-Imbécile ! Sadique ! Obsédé ! Si tu veux tripoter quelqu’un, va voir Gollum! Espèce de… Samsalace!
Sam, en entendant ce sobriquet, fut pris d’un fou rire.
-Voilà un nom qui me va à ravir ! dit-il. ( son « tripotage » l’avait vraiment réchauffé, et il se contrôlait de moins en moins ).
Frodon sourit aussi. Il savait bien que Sam l’avait pris par surprise pour lui éviter des tergiversations qui aurait aggravé son cas ( petit, il ne se sentait jamais prêt, même pour enlever un bête sparadrap, aussi fallait-il toujours l’arracher quand il regardait ailleurs )
-Si tu me nettoyais un peu ça, demanda-t-il à Sam, qui regardait de l’autre côté.
Evidemment, le fait que Frodon ne portait plus rien sur lui n’arrangeait en rien Sam. Il se concentra sur la blessure. Malheureusement, son regard avait tendance à déraper quelque peu. Il se força à agir, et prit de l’eau entre ses mains. Il la jeta littéralement sur Frodon. L’eau coula un peu partout, mais pas assez sur la plaie.
-Dis, ça t’amuse ? demanda Frodon. Tu crois que ça ne me gêne pas, moi, d’être en exposition comme un bébé à langer ? Fais un petit effort. Pense à autre chose. A…la paix de Fondcombe, par exemple.
-La paix ? Pour sûr. Surtout avec Merry et Pippin qui s’envoient en l’air dans tous les coins. Quel pensée apaisante ! Répondit Sam.
-Oh là là ! J’ai bien fait d’être un peu endormi, moi, chez Elrond. Pense à de la nourriture. A des lembas.
-Des lembas maintenant ! Mais mon appétit va encore augmenter. Et vous serez le dessert, dit Sam, enhardi par la situation.
Il poursuivit néanmoins le « nettoyage » de la blessure. Il prenait un peu d’eau qu’il faisait lentement couler sur la plaie qui commençait à être propre. Mais il était souvent distrait et s’égarait un peu lorsqu’il s’agissait de tamponner. Quand il en arriva à l’essuyage, il s’agita.
-Oh, je ne peux pas faire cela, moi. Dit Sam. C’est…délicat. Si j’essuie tout doucement, je vais penser que je vous caresse, et je crois que cela ne m’aidera pas dans ma « maîtrise ». D’un autre côté, si je frotte énergiquement, vous allez avoir mal. Et je ne veux pas. En plus, avec mes mains, ça fera un peu…tripoteur. Vous n’avez pas encore un bout de chemise, des fois ? demanda Sam. Vous n’allez pas regretter une si belle chemise, ajouta-t-il avec un sourire narquois.
-Et puis quoi encore! Nettoie avec ta langue tant que t’y es! Répondit Frodon, l’air éberlué.
Sam le regarda, l’œil brillant, et un sourire de défi sur les lèvres.
-Noooon, Sam, je n’aime pas cet air-là, dit Frodon, que l’inquiétude rendait assez comique (ses yeux, prêts à jaillir comme des prunes hors d’une corbeille de fruits mûrs, pouvaient à présent rivaliser avec ceux de Gollum, tant ils ressemblaient à des billes de loto – oui, je sais, le loto n’existait pas non plus. )
Sam gardait une attitude assez gaillarde. Il fit mine de se pencher sur Frodon, mais celui-ci poussa un cri, presque effrayé. Sam se redressa et haussa les sourcils d’un air dubitatif.
-Vraiment pas? Mais ne criez pas alors, vous m’exciterez plus qu’aut’chose, continua Sam. De toute façon je suis déjà bien entamé, alors tant qu’à faire…
-Sam, s’il te plaît, garde tes phantasmes pour quand tu seras dans ton lit, et bande moi un peu…
-Pas compliqué, ça. j’ai pas attendu que vous me le demandiez. Ah, ça non.
-…cette blessure, et épargne-moi les détails croustillants de ta petite histoire du « Docteur Samsalace et le blessé dénudé », termina Frodon, qui trouvait le moment extrêmement peu propice aux fricotages ( l’eau lui piquait la chair et il était pressé de pouvoir se mouvoir – et surtout de pouvoir mettre son pantalon – à nouveau ).
Sam s’ébroua comme un cheval, et déchira un bout de couverture. Il le tendit entre ses mains un peu plus assurées, et demanda à Frodon :
-Je serre fort ? Cela risque d’être douloureux, mais après cela vous soulagera.
Frodon acquiesça. Il inspira profondément. « Vas-y », dit-il enfin à Sam avec un hochement de tête. Sam, craignant de ne plus en avoir le courage par la suite, saisit promptement la jambe de Frodon et banda la plaie. Il faisait ça très bien et assez vite, mais Frodon, submergé par une vive douleur – il lui semblait qu’un fer chauffé à blanc lui entamait la chair – ne le remarquait pas. Quand le bandage fut serré et attaché, Frodon soupira et se releva un peu. Il pouvait mieux bouger, le tissu empêchait la blessure de s’ouvrir au moindre mouvement.
-Merci, Sam. C’est parfait. Ça va déjà mieux. Tu as bien des talents cachés, en tout cas : guide, protecteur, guerrier, ménestrel, cuisinier, et maintenant soigneur !
Sam sourit comme un enfant. Puis, d’un air plus malicieux, il dit :
-Vous savez ce que ma mère faisait quand j’avais une blessure ?
-Non, répondit Frodon, dont la mère était morte lorsqu’il était enfant.
Sam se pencha si vite que Frodon n’eut le temps de réaliser ce que Sam faisait. Il déposa en fait un baiser sur le bandage, mais plus près d’autre chose que de la blessure en elle-même.
Frodon resta un peu surpris, puis rit.
-Sacré Sam! Un jour tu m’auras, et je ne pourrai pas me dérober, dit-il.
-Est-ce une invitation, maître ?
-Qui sait ? Mais je voudrais un peu me reposer. Ma nuit a été un peu trop agitée à mon goût, jusqu’à présent. Pourrais-tu m’aider à remettre mon pantalon ? J’ai du mal à plier la jambe.
Sam soupira. Il avait déjà dû se maîtriser plus que jamais, et le courage commençait à lui manquer. Il prit le pantalon de Frodon – qui, déchiré au niveau de l’aine, allait certainement encore inspirer à Sam des pensées peu raisonnables. Il saisit les jambes de Frodon et décida de lui mettre le pantalon les yeux fermés.
-Sam, c’est un peu couillon…commença Frodon, à nouveau agité.
Mais Sam continuait à remonter l’habit à l’aveuglette. Arrivé en haut, Frodon l’arrêta (juste au moment où il s’apprêtait à « tâter en vue de reconnaître le terrain » ).
-Je préfèrerais que tu ouvres les yeux, là, dit-il à Sam.
Celui-ci,
- Est-ce prudent de dormir ici, avec ce gniour ?
-Mais oui, répondit Sam. Il est adorable. Je vais vous installer.
Sam souleva son ami. Il l’appuya contre un rocher lisse, et prépara une sorte de couche pour eux deux. Une fois blottis l’un contre l’autre ( il faisait froid – bien que Sam eût chaud plus que de raison ), Frodon demanda à Sam, réprimant un bâillement :
-T’es calmé, au moins ? Je voudrais dormir, moi, alors ne va pas faire des cochonneries derrière mon dos. Déjà il me semble que tu n’avais pas menti tout à l’heure en disant que tu es bien entamé…
-Pour qui me prenez-vous ! dit Sam d’une voix qu’il voulait indignée.
-Pour ce que tu es.
-C’est à dire ?
-Un hobbit.
Sam éclata de rire, puis remua encore un peu pour trouver une installation confortable. Ils regarda enfin Frodon. Il dormait, et avait l’air d’un ange. Sam embrassa son propre doigt, qu’il posa sur les lèvres de Frodon. Il s’endormit.
Quelque part dans les ténèbres, une créature ronchonna. Des vagues grognements, qui ressemblaient à des « berk, quelle horreur ! » s’évanouirent dans la nuit.

Trois silhouettes dans la brume

Quand il se réveilla, Sam put constater que le gniour s’était blotti contre lui dans la nuit. Quand le petit chien vit que Sam était réveillé, il le lécha consciencieusement. Sam rigola. «Il faut lui trouver un nom », se dit-il. Le gniour, en pleine forme, trottinait ça et là, et battait de la queue. Il lança un aboiement assez impressionnant pour sa taille, et sauta sur Frodon. Frodon, surpris, sauta en l’air et cria. Sam éclata de rire.
-Tu trouves ça drôle d’être réveillé par cette horrible chose, dit Frodon, qui était toujours d’une humeur adorable de grand matin.
-Cette chose a besoin d’un nom, rétorqua Sam. Vous avez une idée ?
Frodon marmonna, puis se frotta la blessure ( de loin, on aurait pu croire qu’il faisait autre chose ). « Appelle-le Melvin, il sera bien nommé »( Melvin signifiait « Rat aux pattes crasseuses » en elfique )
-Mais non. Quel nom ignoble, monsieur Frodon. J’ignore ce qu’il signifie, mais il ne me plaît pas. Je trouve que Plou serait un beau nom.
-Quelle idée ! Mais c’est TON gniour, après tout, alors…
Dans la Comté, « plou » était une interjection populaire par laquelle on manifestait soit le ras-le-bol, soit la béatitude ( selon la prononciation ) mais qui servait surtout lorsque l’on ne savait quoi dire. Sam affectionnait évidemment ce mot, lui qui avait souvent du mal à exprimer sa pensée.
Sam farfouilla dans sa poche, sortit un bout de lembas et, s’approchant du chien, dit :
-Coucou le gniour ! Bon gniour. Tu veux un biscuit le gniour ? Viens, Plou, viens chez Sam prendre un bon biscuit pour un bon petit Plou !
Frodon se secouait, essayant de ne pas éclater de rire. Sam, appliqué, ne remarqua pas l’hilarité de son maître, et continuait d’une voix niaise, tandis que le « bon gniour » s’approchait.
-Oui, Plou, gentil plou, on est un bon gniour, plou. Qui c’est qui veut le biscuit ? C’est mon bon plou !
Sam se mit à quatre pattes, et Frodon s’esclaffa. Sam lui jeta un regard furibond.
-Chut, monsieur Frodon, je dois avoir l’air crédible.
Frodon rit à nouveau devant l’air solennel de Sam. « Ah, Sam, pensa-t-il, mon cœur serait bien sombre sans toi»
Le gniour finit par venir sniffer le morceau de lembas. Sam jubilait. Il ouvrait la bouche avec un air d’encouragement quand le gniour souffla sur le biscuit et s’en détourna. Frodon éclata de rire, sans retenue cette fois.
-On dirait que le « Bon Plou » ne fait pas le « bon gniour » et ne mange pas le « bon biscuit » chez son « bon maître », dit-il, avant de rire de plus belle.
Sam, énervé, mangea le lembas ( bien maigre consolation, selon lui ) et alla emballer leurs affaires en grommelant. Frodon, une fois calmé de sa gaieté, essaya de se redresser. Un éclair de douleur, bref mais féroce, lui traversa le corps. Il serra les dents et réussit à se relever. Il chancela, et trébucha, heureusement sans mal.
-Sam, tu ne veux pas m’aider ? Je ne tiens pas encore très bien debout. Tu pourras m’aider à marcher ? demanda-t-il à Sam.
-Hm. Sam est risible, et on se moque de lui. Maintenant il peut être utile, hein. La bonne poire dont on rigole bien quand même, quoi, répondit Sam, sans se retourner.
-Oh, fais pas ton ronchon. Tu me critiques quand je râle, alors je fais un effort. Fais-en de même, dit Frodon. Aide-moi à marcher, je ne sortirai jamais d’ici, sinon.
Sam se retourna et regarda Frodon, d’un air ironique.
-Ah, et alors ? C’est toujours moi qui fait tout, ici, surtout le pitre, n’est-ce pas ?
-Sam, mon petit Sam, mon Sam chéri…
-Essayez pas de m’avoir, hein. Vous allez marcher tout seul comme un grand, dit Sam, qui commençait à hésiter.
-Sam, fais-le pour moi. S’ il te plaît. Frodon ponctua sa demande d’une petite moue presque érotique et enfantine à la fois, et jeta à Sam son regard de « pauvre hobbit aux ( grands ) yeux humides ».


-Attention ! J’ai accroché ma cape !
Sam recula un peu. Frodon, qui s’appuyait sur l’épaule de son ami, décrocha le tissu de la pointe de rocher dans laquelle il s’était coincé.

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MessagePosté: 14 Juil 2004 09:13 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

Inscription: 12 Juil 2004 19:23
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euh il y a pas de suite encore. Elle l'a pas écrit mais je peux essayer de la faire écrire^^

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MessagePosté: 14 Juil 2004 11:54 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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Inscription: 08 Fév 2004 20:03
Messages: 2226
Localisation: Euh... Quelqu'un a une carte pour moi ?
WOOOOOOW !!!
:frodonsam: :frodonsam: :frodonsam: :frodonsam: :frodonsam: :frodonsam:

Alors là... Suis soufflée... :shock: Cette fic est sans aucun doute la meilleure Frodon/Sam que j'ai jamais lu. :D Le style est merveilleux, extrêmement proche de celui de Tolkien (Nasty qui s'est relancée dans la quadrilogie pour les vacances... ^^), l'histoire en elle-même, si elle finit par partir en live, est géniale !!
*ne sait plus quoi dire tellement elle est impressionnée*
Les descriptions sont superbes, les dialogues sont très bien écrits, tout à fait dans l'esprit de Tolkien, j'aime beaucoup que la fic parte en live à certains moments (j'étais complètement écroulée à la fin)...
Mais ça peut pas s'arrêter maintenant...
*voix d'hystérique*
JE VEUUUUUUUX LA SUIIIIIIIIITE !!!!
:suite: :suite: :suite: :suite:
*prête à traîner l'auteuse par les cheveux pour la faire écrire*

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"Hobbits who play together..."
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"... make sweet love together..."


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