Voici un autre Thilbo découpé en plusieurs autres parties. Pour cette première, je me suis appuyée sur le film. Un grand merci à La Halfeline, ma bêta-readeuse, pour ses corrections et ses conseils. ^^
Bonne lecture.Pas à pas.
Partie I : « Je suis un Baggins... De Bag-End »
Bilbo se cramponnait à l’arbre. Il sentait ses bras faiblir et si par malheur il lâchait prise, ce ne serait pas un sol bien fertile qui l’attendrait, mais la bouche béante d’un gouffre sans fond. L’instant d’après, il oublia sa fâcheuse posture et reporta son regard sur Thorïn.
Ce dernier avançait sur le tronc renversé, le visage pâle mais le pas assuré. Les flammes semblaient éclairer son chemin. Bilbo ouvrit de grands yeux ahuris : Thorïn venait de tirer son épée et la pointait droit devant lui, c’est-à-dire, vers Azog. La gorge du Hobbit se serra. Il avait l’impression qu’un étau de fer cherchait à l’étouffer tout en l’empêchant de crier. Le nain accéléra l’allure. Il ne cillait pas. Son courage et sa prétention s’étaient-ils liés afin de le rendre imprudent ?
Le premier coup porté le désarma. Comme la toute première fois, il ne pouvait compter que sur son écu de chêne pour se défendre. L’orque pâle revint à la charge et abattit son arme sur le nain, qui s’écroula sous le choc. Thorïn tentait vainement de récupérer son épée non loin de lui.
Le warg s’élança.
Un éclat de rire.
Un corps qui tombe.
Lorsque Bilbo rouvrit les yeux, il manqua de lâcher sa branche. Thorïn gisait sur un rocher, à quelques pas du démon blanc qui, victorieux, s’adressait à ses alliés dans son langage grossier. Le Hobbit ne comprenait nullement ce qu’ils disaient mais il était assez fin pour deviner les atrocités que pourrait planifier un orque. Les pupilles des ennemis reflétaient la lumière chatoyante des flammes, faisant danser une sorte de folie meurtrière au fin fond de leurs iris. Oui, ils allaient en finir. Cependant, une force soudaine circula dans les veines de Bilbo, animant tous ses sens, détendant ses pauvres muscles. C’était bien trop simple !
Mourir sans gloire n’était pas digne d’un Roi ! Thorïn ne le méritait pas ! C’était debout qu’il devait succomber et non en rampant comme de la vermine ! Le Baggins se hissa lentement et dut s’y reprendre à deux fois pour réussir à se stabiliser. Finalement, il avança en équilibre sur la branche, dégaina son épée scintillante et, dans un dernier élan de rage, se rua vers ses ennemis.
Un autre Bilbo était en lui, peut-être ce côté Took qui ressortait ? Ou bien autre chose de plus complexe encore ? Il courut donc, malgré la petitesse de ses jambes puis se jeta sur le warg blanc. Il n’avait pas assez de force pour le faire tomber, tout juste pour l’éloigner de Thorïn. Il se remit vite sur pieds et s’interposa entre lui et ses adversaires.
Son cœur battait extrêmement fort. Derrière lui était étendu le corps d’un Roi, certes, mais pas seulement…
Bilbo croisa le regard haineux de l’orque. Il le vit sourire et une sueur froide dévala son dos, le long de son échine.
Bilbo ferma les yeux, donna quelques coups d’épée au hasard et ne se fia qu’à son instinct. Ce choix le perdit puisque, la seconde suivante, Azog l’avait expédié à une dizaine de mètres et il était retombé tel une poupée de chiffon. Le Hobbit sentait le monde tourner autour de lui mais, voyant qu’Azog revenait vers Thorïn, il oublia sa propre santé et chargea une nouvelle fois.
Un cri strident résonna le long des falaises avant qu’un aigle majestueux n’apparût brusquement, suivi par d’autres.
Il glatit à nouveau et Bilbo tressaillit.
Les orques étaient devenus livides, si cela était encore possible. L’aigle qui paraissait être le chef s’empara de quelques-uns et les jeta sans cérémonie dans le vide. Ce fut comme un signal et les autres aigles firent de même. Ils balançaient les orques avant de partir chercher les nains apeurés. Mais ceux-ci ne se souciaient guère de leur moyen de transport, ils n’avaient d’yeux que pour Thorïn, agonisant dans les serres d’un aigle.
C’était effroyable. La poussière volait en tous sens, les aigles et les orques hurlaient. Bilbo ne voyait plus rien. Il toussait et crachotait. C’est alors qu’il aperçut un aigle se rapprocher de lui à la vitesse de l’éclair.
-Non…, geignit-il en reculant. Non ! NON !
L’oiseau se saisit de lui et le jeta à son tour. Le Hobbit crut un instant que c’en était fini de lui quand il sentit la douceur des plumes sous ses mains. Il soupira, soulagé. Toutefois, sa quiétude fut de courte durée. Bilbo releva la tête.
Les nains appelaient leur Seigneur sans réponse en retour. C’était impossible… Il ne pouvait pas… Il avait un trône à reprendre ! Une boule amère s’était immiscée dans sa gorge. Il s’en voulait de ne pas avoir réagi plus tôt… Les aigles se posèrent délicatement sur un pic rocheux, abandonnant là leurs passagers, puis repartirent vers l’Ouest. Les nains s’étaient hâtés autour de Thorïn. Voir Gandalf aussi inquiet n’arrangeait rien au mal-être de Bilbo, resté en retrait. Il se sentait coupable. Il scrutait l’horizon sans même le voir. Des larmes glacées retenues prisonnières brouillaient sa vue. Il cligna plusieurs fois des yeux afin de les chasser.
-Seigneur Thorïn ! S’exclama un nain.
Bilbo sursauta. Une mêlée de cheveux hirsutes peinait à se relever. Le Hobbit souriait béatement, en même temps que grimpait en lui une vague de chaleur pour le moins agréable. Les yeux couleur du ciel de Thorïn s’étaient posés sur lui et un mélange de sentiments s’agitait en dedans. Bilbo ne put toutefois dire de quoi il s’agissait avec exactitude.
-Votre réaction a peut-être été courageuse, Monsieur Bilbo Baggins. Mais totalement démesurée !
Les mots sifflèrent et claquèrent comme un fouet, jetant de ce fait un silence tendu sur les treize autres compagnons. Bilbo sentit à nouveau l'étau l'étouffer et il dût se concentrer pour ne pas se laisser aller.
-Vous auriez pu y laisser la vie !
Les mains de Bilbo devinrent moites et tremblantes. Il serra les poings aussi fort qu’il le put.
-Après tout… N’avais-je pas dit que vous seriez un fardeau ? Les yeux du Hobbit s’écarquillèrent imperceptiblement. C’était donc ça. Le problème n’avait jamais vraiment été soulevé avec Thorïn lui-même. Bilbo surprit Gandalf en train de froncer les sourcils.
-Que vous ne pourriez pas survivre dans la nature ?
Cette fois, il baissa le regard, vaincu. Il n’était qu’un Hobbit de la Comté. Il le savait, il l’avait toujours su. Les Hobbits aiment leur petite vie tranquille et tout le monde le vit très bien. On ne change pas une équipe qui gagne. Bilbo devait l’accepter, se faire à l’idée qu’il n’était pas un nain, pas fait pour l’aventure.
-Que vous n’aviez pas votre place parmi nous ?
Les larmes fraîches s’amusaient à lui cacher la vue. En d’autres circonstances, il n’aurait pas réagi de la même manière. Non, si son interlocuteur avait été un autre, il aurait pris son sac et serait parti avec déjà des histoires à raconter. Cependant, ces mots, ces phrases cinglantes sortaient de la bouche de Thorïn, Roi sous la Montagne. Et Bilbo en était gravement affecté… Comment avait-il pu penser qu’une quelconque amitié aurait pu exister entre lui et le Seigneur Nain ? Il s’apprêtait à répondre qu’il le savait mais une voix l’interrompit. Elle était pleine de respect et d’émotion :
-Je ne me suis jamais autant trompé de toute ma vie.
En deux pas, Thorïn avait glissé ses bras autour de Bilbo et l’embarquait dans une étreinte puissante. Celui-ci mit du temps avant de réagir. Tout avait été vite… Beaucoup trop vite… Pourtant, il se rendit compte qu’il était bien, là où il était. Dans cette sécurité chaude et robuste.
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Je ne promets rien pour la prochaine partie. Peut-être la semaine prochaine, peut-être dans trois. Je ne peux pas vous dire. :X
Merci d'avoir pris le temps de lire !
Emma.